Il y a des moments où l’histoire d’une franchise bascule, et tout porte à croire que le Canadien de Montréal arrive enfin à ce point tournant.
Quatrième année du plan Hughes‑Gorton, et voilà que le murmure se transforme en grondement : le CH pourrait bien surprendre tout le monde et s’inviter dans la course pour la première place de la division Atlantique.
Oui, vous avez bien lu. Après trois années à reconstruire, à encaisser les défaites avec patience, à empiler les choix et à développer une armée de jeunes loups, Montréal est peut‑être prêt à faire trembler Toronto, Boston et compagnie.
Depuis l’arrivée de Kent Hughes et Jeff Gorton, on a entendu parler de plan, de patience, de développement.
On a vu les jeunes défiler à Laval, on a vu les partisans applaudir des flashs prometteurs même dans la défaite. Mais cet été, quelque chose a changé.
Les moves ont été clairs : Montréal ne veut plus seulement participer, il veut enfin rivaliser.
L’acquisition de Noah Dobson, le renfort offensif avec Patrik Laine, l’intégration d’Ivan Demidov et le développement accéléré de Lane Hutson sont autant de signaux envoyés à toute la LNH : le CH est en pleine métamorphose et élève ses ambitions vers des sommets que peu imaginaient possibles il y a encore deux ans.
À tout cela s’ajoute la maturité grandissante de Juraj Slafkovsky, qui commence enfin à assumer son rôle de premier choix au total, fort de l’expérience accumulée face aux meilleurs joueurs de la ligue.
Et derrière, des espoirs comme David Reinbacher cognent déjà à la porte, prêts à renforcer cette nouvelle ère.
Bref, le futur est lumineux et la quatrième année du plan donne l’impression que la Sainte‑Flanelle est prête à redevenir une puissance.
Et attention, ce n’est plus exactement la même division qu’il y a un an.
Les Maple Leafs, qui ont terminé premiers avec 110 points, ont perdu un morceau énorme de leur identité offensive : Mitch Marner a quitté Toronto pour signer à Las Vegas avec les Golden Knights.
Une perte colossale pour une équipe qui reposait énormément sur son Big Three offensif.
Sans Marner pour alimenter Auston Matthews et William Nylander, ce n’est plus le même monstre offensif qu’on craignait chaque soir.
Toronto reste dangereux, mais la marge de manœuvre a rétréci, et soudainement, le sommet de la division semble plus accessible que jamais pour une équipe comme le Canadien qui monte en puissance.
Derrière, Boston a encore tenu le fort l’an dernier, mais la réalité est qu’ils n’ont plus le choix d’entrer dans une reconstruction depuis un an.
La vieille garde fatigue, et le club a glissé vers le bas du classement, incapable de rivaliser sur 82 matchs avec les équipes qui montent.
Tampa Bay, de son côté, traîne un noyau vieillissant : oui, personne ne veut parier contre Nikita Kucherov, mais à 32 ans, il approche la ligne où les saisons deviennent plus lourdes que jamais.
Victor Hedman a 35 ans et reste un pilier, mais qui gagne la Coupe Stanley avec un noyau de 32‑35 ans en 2025 ?
Le Lightning commence à sentir le poids des années.
Et la Floride, on va se le dire, joue selon sa propre logique.
Trois finales en trois ans, ils savent que la saison régulière n’est qu’une formalité pour se positionner. Ils gèrent leur énergie, ils savent qu’ils n’ont pas besoin de finir premiers pour être dangereux.
Résultat : le sommet de la division est plus ouvert que jamais.
Pendant ce temps, Montréal grimpait tranquillement, laissant Detroit, Ottawa et Buffalo se débattre dans la boue de la reconstruction.
Mais quand on regarde les trois dernières années, le CH a progressé à chaque saison, passant de la cave à une équipe qui flirte avec le wildcard.
La quatrième année, c’est celle où le plan doit porter fruit et où chaque soirée au Centre Bell doit ressembler à une déclaration d’intention.
Et si la plus grande surprise de la LNH cette saison, c’était Montréal qui se glisse en haut de sa division?
Ce n’est pas une utopie.
Dans cette jungle, un Canadien jeune, rapide, affamé et soutenu par une défensive solide pourrait parfaitement créer la surprise et s’inviter au sommet.
La recette de Hughes et Gorton repose sur trois piliers : la jeunesse, la profondeur et l’identité. Les jeunes comme Slafkovsky, Caufield, Suzuki, Hutson, et bientôt Demidov, sont prêts à faire passer le CH dans une autre dimension.
L’ajout de Patrik Laine, quand il est en santé et motivé, change complètement la dynamique du top‑6 et redonne au power play une arme fatale.
Noah Dobson solidifie une défensive qui manquait cruellement d’un vrai quart‑arrière depuis Markov.
Et derrière eux, la profondeur prend forme : Aatos Koivu, Oliver Kapanen et compagnie forment déjà la relève qui pousse aux portes et met de la pression sur les vétérans établis.
Mais la vraie arme secrète, c’est l’identité.
Depuis trois ans, Martin St‑Louis a martelé que le CH devait devenir une équipe qui joue vite, qui attaque en meute, qui transforme chaque présence en guerre de tranchées.
La quatrième année du plan, c’est celle où cette identité prend vie sur 82 matchs.
Les jeunes ne sont plus naïfs, les vétérans savent à quoi s’attendre, et l’organisation entière respire enfin l’ambition. Les pratiques sont plus intenses, la préparation physique a franchi un palier, et la cohésion entre les groupes de jeunes et de vétérans est palpable.
On le sait, à Montréal, tout est une question de perception et de momentum.
Les partisans ont été patients. Ils ont enduré les soirées froides de janvier où le CH se faisait corriger par des clubs mieux rodés.
Ils ont regardé les Leafs et le Lightning se pavaner, tout en se disant que le jour viendrait.
Eh bien, ce jour approche.
Les transactions de cet été ont envoyé un message clair : on ne parle plus de tanking, on parle de compétition et de fierté retrouvée.
Et dans une division où tout le monde s’attend à voir encore Toronto et la Floride dominer, rien ne serait plus délicieux que de voir le CH venir brouiller les cartes et faire vaciller des certitudes.
Bien sûr, la route ne sera pas facile.
Pour finir premier dans la division, il faudra transformer le Centre Bell en forteresse et aller voler des points à l’extérieur contre les gros clubs.
Il faudra que les jeunes franchissent un cap et que Patrik Laine joue comme un vrai joueur de 40 buts. Il faudra que Dobson et Hutson fassent tourner la rondelle en supériorité numérique comme si c’était leur terrain de jeu.
Il faudra que la profondeur défensive et les gardiens tiennent la route sur 82 matchs, qu’un joueur comme Samuel Montembeault devienne une valeur sûre et que la relève à Laval reste prête à soutenir le groupe.
Mais pour la première fois depuis des années, on peut dire que l’idée n’est pas folle et que l’objectif de frapper un grand coup est réaliste.
Kent Hughes et Jeff Gorton le savent : la LNH aime les belles histoires.
Et la plus belle, ce serait celle d’une équipe qu’on disait en reconstruction pour encore deux ans, qui se lève et qui renverse les géants de sa division.
Montréal a tout pour écrire ce scénario. Une ville en feu pour son hockey, un noyau jeune qui prend de la maturité, et une direction qui n’a jamais semblé aussi en contrôle.
La quatrième année du plan, c’est l’année où la promesse devient réalité, où chaque victoire est une preuve que la patience a payé et que la culture change pour de bon.
Dans quelques mois, on saura si la plus grande surprise de la LNH se déroule bien sous nos yeux. Si le CH commence fort, si les jeunes prennent leur envol et si les rivaux trébuchent, on parlera d’un séisme à Montréal.
Et ce séisme portera deux noms : Kent Hughes et Jeff Gorton, les architectes patients qui auront transformé trois années de souffrance en un triomphe inattendu.
La Sainte‑Flanelle n’a pas fini de faire trembler la ligue, et cette quatrième année pourrait marquer le début d’un règne où chaque saison fera vibrer le Centre Bell comme aux grandes heures de gloire.
AMEN