Ému devant les caméras: Logan Mailloux réagit aux rumeurs

Ému devant les caméras: Logan Mailloux réagit aux rumeurs

Par David Garel le 2025-05-28

Il n’a pas nié. Il ne s’est pas caché. Il n’a pas prétendu ne pas voir passer les rumeurs. Logan Mailloux les a entendues. Toutes. 

Celles qui l’envoient à Anaheim. Celles qui le placent dans un package pour Trevor Zegras. Celles qui l’imaginent déjà à Pittsburgh dans un échange impliquant Sidney Crosby. Même celles qui évoquent en coulisses des discussions avec les Islanders dans des possibles "packages" pour Mathew Barzal ou Bo Horvat avant la nomination de Mathieu Darche.

Il a tout lu. Il a tout entendu. Et il ne l’a pas fui. Il a réagi.

Mais pas en claquant la porte. Pas en envoyant des messages voilés sur Instagram. Pas en fuyant les journalistes à Laval. 

Logan Mailloux a réagi comme un pro. Comme un gars qui veut prouver qu’il est prêt pour la LNH. Et surtout, comme un homme qui a compris que dans cette ligue, tu n’as pas le droit de flancher deux soirs de suite.

Tout a basculé ce vendredi soir à Laval. Devant une foule pleine d’espoir, le Rocket s’effondrait 5-1 contre Rochester. Et Mailloux? Il était au banc de pénalité pour deux des cinq buts. Sur la glace pour les trois autres.

C’était laid. Douloureux. Gênant. Et le genre de performance qui fait le tour des gradins, des médias, des groupes de discussion… et surtout, des bureaux de direction du Canadien.

C’est à ce moment précis que les rumeurs ont pris feu. Logan Mailloux est devenu un nom surligné en jaune fluo sur le marché des transactions. Un actif. Une pièce de monnaie dans une éventuelle transaction estivale. Et il le savait.

Il a assumé. Sans détour. Et surtout, il a joué un bien meilleur match dimanche pour éliminer Rochester.

Quatre jours plus tard, il s’est présenté devant les médias. Il aurait pu se cacher derrière des excuses. Il aurait pu invoquer une blessure (qu’il traîne bel et bien, soit dit en passant). Il aurait pu fuir la responsabilité.

Mais non.

« Je crois que c’est l’un des pires matchs que j’ai joués dans les deux dernières années. »

Devant les journalistes, on a senti Logan Mailloux profondément ému. Pas sur le bord des larmes, mais clairement touché.

Son regard regardant droit dans les lentilles des caméras, ses pauses avant de répondre, son ton plus tranchant qu’à l’habitude : tout indiquait qu’il portait le poids des critiques et des rumeurs. 

Il aurait pu se cacher, détourner, minimiser. Il a choisi de se mettre à nu.

« J’essaie de mieux gérer ce genre de situation que je ne l’aurais fait par le passé. J’essaie surtout de ne pas trop y penser. »

Mais à le voir, à l’écouter, il est évident que tout ça l’atteint. Les rumeurs, les critiques, la pression : il porte tout ça sur les épaules. Et c’est peut-être la première fois qu’il le montre aussi clairement.

C’est là qu’on a vu la différence. Le Mailloux de 2023 aurait peut-être boudé. Le Mailloux d’aujourd’hui assume. Il sait que ses erreurs alimentent les rumeurs. Il comprend que les attentes sont élevées, et que chaque chute augmente la tentation de le sortir du portrait.

Mais au lieu de paniquer, il est retourné à la base.

Mailloux s’est relevé. Dès le match décisif suivant, il a joué solide. Intense. Impliqué. Présent dans les deux sens de la patinoire. Un joueur transformé, déterminé à ne pas laisser une soirée d’horreur dicter le narratif de sa carrière.

Pascal Vincent ne l’a pas manqué :

« Il a eu une mauvaise performance. Tout ce qui pouvait mal aller a mal été. Mais il a répondu. Il s’est relevé. »

Et ça, dans une ligue qui sépare les touristes des pros, c’est ce qu’on attend d’un joueur qui veut percer. Pas la perfection. La constance dans l’effort. Et la capacité de se recentrer après une tempête.

Et pourtant, malgré tout ça… le doute persiste. C’est tout le paradoxe de Logan Mailloux.

Oui, c’est un actif de valeur. Oui, il a connu d’excellentes séries. Mais il peut aussi s’effondrer comme il l’a fait vendredi, et le match suivant, redevenir le meilleur défenseur sur la glace. C’est tout ou rien. Brillant ou brouillon. Dévastateur ou invisible.

Et son comportement hors-glace, ses erreurs passées, tout ça continue de peser et continue de hanter sa réputation au sein de l’organisation.

Sorties nocturnes répétées, retards à l’entraînement, attitude jugée nonchalante en dehors de la patinoire : les anecdotes se sont accumulées dans les gradins du Complexe CN et la Place Bell.

L’épisode du garde du corps personnel lors de soirées privées à Montréal a particulièrement choqué. Certains coéquipiers auraient même, selon les rumeurs, coupé ses lacets dans le vestiaire pour lui faire comprendre qu’il n’était pas au-dessus du groupe. 

Ces incident ont contribué à lui coller une étiquette de joueur difficile à encadrer, et ce, malgré son talent brut indéniable.

Mais aujourd'hui, force est d'admettre que son attitude s'est grandement améliorée.

Alors la vraie question, celle que Kent Hughes devra se poser cet été, la voici : Est-ce que Logan Mailloux fait vraiment partie du futur du Canadien de Montréal?

Ou est-il au sommet de sa valeur, juste assez brillant pour être échangé… avant qu’il ne redevienne imprévisible?

Il lit. Il voit. Il sait.

Il n’a jamais dit un mot sur les rumeurs. Mais ça se voit. Dans ses yeux. Dans son langage non verbal. Dans son sérieux à l’entraînement.

Il sait que son nom est utilisé comme monnaie dans les discussions à Anaheim. Il sait que Pittsburgh cherche un jeune droitier. Il sait que Montréal lorgne Trevor Zegras, qu’un deal avec le 16e pu le 17e choix est sur la table, et qu’il en ferait partie. Il sait tout.

Mais il ne dit rien. Il joue. Il encaisse. Il répond.

Et ça, peu importe ce qu’on pense de lui, ça force le respect.

On peut voir une maturité qui change tout

Il y a un an, Mailloux aurait probablement mal réagi à tout ce cirque médiatique. Il aurait peut-être paniqué. Il aurait cherché des coupables.

Aujourd’hui, il prend ce chaos… et il s’en nourrit.

« J’essaie de mieux gérer ce genre de situation que je ne l’aurais fait par le passé. J’essaie surtout de ne pas trop y penser. »

C’est sobre. C’est lucide. Et c’est exactement ce que tu veux entendre d’un jeune homme qui joue sa place dans l’organisation.

Il est prêt pour le défi… mais Montréal est-elle prête à lui laisser la chance?

Logan Mailloux est un joueur polarisant. Il divise. Il inquiète. Il fascine. Et il attire.

Son nom circule parce qu’il a de la valeur. Parce que des clubs aimeraient bien parier sur son potentiel. Mais ce qu’il montre actuellement, c’est qu’il n’est plus le même gamin à problèmes qu’à son arrivée à Laval.

Il est encore imparfait. Il reste inconstant. Mais il a compris le message.

Il ne cherche pas à faire taire les rumeurs. Il les entend, les encaisse, et il joue.

Et à la fin de la journée, c’est peut-être ça, la meilleure réponse qu’il pouvait offrir.