Depuis l’arrivée de Noah Dobson et sa signature à 8 ans / 9,5 M$, la hiérarchie salariale du CH s’est recalibrée.
Ce qui devait, dans l’esprit de Hughes, servir d’outil de persuasion (« regarde, un droitier élite, établi, 25 ans, c’est 9,5 M$ », s’est transformé en plafond en béton armé.
Message envoyé au clan Hutson : 9,5 M$ est le maximum… et encore.
Message reçu par Coffey : son client ne doit pas être « moins » que Dobson s’il signe long terme, car la ligue vient d’entrer dans l’ère des pourcentages de plafond, pas des moyennes (AAV) figées.
Problème : Hughes refuse la mentalité de Coffey. Dans sa tête, l’échelle ne se calcule pas uniquement sur la feuille de pointage.
Dobson, c’est un droitier rare. On parle de minutes lourdes, d'historique plus long, d'âge et profil dans son « prime ».
Hutson, c’est un phénomène offensif, oui, mais à 21 ans et une seule saison complète; il reste des paliers à gravir défensivement, et le club ne veut pas casser sa colonne vertébrale salariale à 10 M$ et plus dès maintenant.
Au final, le 9,5 M$ de Dobson n’est pas une marche à monter… c’est un plafond à ne pas percer.
À Montréal, la nouvelle règle non écrite est simple: Dobson fixe le plafond interne à 9,5 M$. Jeff Gorton veut protéger cette barre pour éviter qu’un joueur plus jeune, avec un échantillon plus court en séries, passe devant un droitier élite à son apogée.
De l’autre côté, Sean Coffey plaide le pourcentage de la masse et l’explosion du cap: sur un plafond projeté plus haut.
Voilà pourquoi on a droit à un bras de fer. Le CH tient à 8 ans (stabilité, coût annuel compressé). Le clan Hutson teste 4–5 ans (comme Matthews), puis “faire sauter la banque” plus tard, si on ne veut pas lui donner le même salaire que Dobson sur 8 ans.
Tant que personne ne bouge d’un demi-million, rien ne bouge du tout et la tension grimpe à vue d'oeil.
Côté agent, la stratégie est claire et assumée : penser en pourcentage de cap et en fenêtre de carrière. Le cap a bondi à 95,5 M$ et les projections l’envoient à plus de 104 M$ très vite, puis à 113 M$, puis encore plus haut avec les prochains droits TV et expansions.
Dans ce monde-là, 9,5 M$ sur 95,5 M$ aujourd’hui n’a rien à voir avec 9,5 M$ sur 104 ou 113 M$ demain. Coffey pousse donc le raisonnement « Brock Faber en % ».
Le salaire de 8,5 M$ associé au défenseur du Wild se traduit pour Hutson à 9,2 M$ comme bande raisonnable sur 8 ans, ou alors… un pont de 4–5 ans façon Auston Matthews pour recoller au marché à 25–26 ans quand le plafond aura encore gonflé.
Mais même à 9,2 M$, le clan Hutson ne veut rien savoir. Ils ont commencé les négociations à 10 M$ par année. Ils ont accepté de baisser à 9,5 M$, mais n'iront pas plus bas.
Et c’est précisément là où Hughes est inflexible. Le DG, avec Jeff Gorton comme boss-guide, veut 8 ans ou rien. Le CH sait qu’à compter du 15 septembre 2026, la convention collective plafonne à 7 ans pour les prolongations de joueurs « chez eux ». Raison de plus pour "cadenasser" un prodige aujourd’hui.
La logique du duoHughes-Gorton est simple : récompenser le talent sans briser la perception interne (Suzuki/Caufield/Slafkovsky ont accepté des « rabais de culture »), sans dépasser le salaire de Dobson et surtout laisser de l’oxygène pour Demidov et compagnie demain.
Autrement dit, Hughes refuse la « version 2025 » de la négo (courte durée, gros pourcentage de cap), et impose la « version CH » : 8 ans, moyenne sous la barre symbolique de 9,5 M$, idéalement autour de 9 M$.
En ce moment, on n’est pas en panique, mais on n’est nulle part près d’une entente. Si c’était facile, ce serait déjà réglé.
Les McDavid/Kaprizov/Eichel vont redéfinir les sommets alors qu'on parle de salaires annuels de 15-16-17 M$ par année.
Des attaquants comme Jason Robertson et Adrian Kempe visent à réécrire l'histoire de leur club avec des demandes entre 10 et 12 M$ par année.
Evan Bouchard a déjà tiré le marché des défenseurs vers le haut à 10,5 M$ par année. Coffey lit ces contrats comme autant de munitions. Hughes, lui, refuse de subir le marché au détriment de sa structure.
Un élément souvent sous-estimé pèse sur la table : la morale interne. Cole Caufield (confirmé par Pat Brisson) a volontairement signé sous Suzuki, et Slafkovsky a suivi la même logique.
Ces "choix maison et culturels" ont permis à Hughes d’aligner un noyau élite pour des « peanuts » relatifs à moyen terme. Mais ils créent aussi une attente : que les suivants jouent le même jeu.
Or Dobson a brisé la symétrie (normal, il arrive de l’extérieur) et Hutson n’a aucune obligation morale de s’enchaîner à 21 ans comme des attaquants qui, eux, ont choisi la sécurité avant l’explosion du cap.
C’est toute l’ambiguïté : on demande à Lane d’embrasser une hiérarchie… que l’organisation elle-même vient de briser avec l’acquisition de Dobson.
Une équipe, c’est un vestiaire avec des égos et des repères. Sans citer personne, le fond du message est connu : éviter qu’un plus jeune, encore en construction défensive, devienne d’un coup le mieux payé et que ça chiâle en coulisse. D’où la rigidité affichée par Hughes et Gorton.
Pourquoi Coffey perd patience en ce moment?
Parce que tout ce qui, ailleurs, fait gagner un dossier, frappe un mur ici :
Comparables ? On lui oppose profil/échantillon.
Pourcenatge du cap ? On lui oppose hiérarchie interne.
Pont court pour monétiser la montée du cap ? On lui oppose 8 ans ou rien.
Coffey, qui reste un négociateur tranchant, voit par ailleurs le calendrier jouer pour lui : chaque mois qui passe rapproche Hutson d’une deuxième saison, potentiellement encore plus productive, qui hausserait sa valeur objective et la pression populaire sur le club.
Mais Hughes a aussi son atout calendrier : la dernière année pour un contrat de 8 ans avant le plafond maximal à 7 ans.
Où pourrait se situer le point d’atterrissage (si chacun met de l'eau dans son vin)?
Durée : 8 ans. Il faut l’écrire en gros : Hughes ne veut rien savoir de faire une concession sur la durée.
Montant pour briser l’impasse: 9,2 M$ par année, le même pourcentage de la masse que Brock Faber, mais on ne dépasse pas le salaire de Noah Dobson.
Est-ce que Coffey dira oui aujourd’hui ? Probablement pas tant que l’horizon Kaprizov/McDavid/Eichel n’aura pas fixé les nouveaux étalons au sommet de la pyramide, tant que d’autres jeunes (Bedard/Cooley/Fantilli/Carlsson) n’auront pas, eux aussi, planté des drapeaux.
Dans la tête de l’agent, chaque signature ailleurs est une ligne de plus sur ses arguments.
On a déjà eu des moments où « ça ne parle plus ». Là, ça parle…
Les positions sont éloignées, pas hostiles. Le mot d’ordre côté CH est de dédramatiser en public (Hutson lui-même répète qu’il se concentre sur son jeu), tout en tenant la ligne en privé.
Côté agent, on multiplie les rappels de marché, on pousse l’idée d’un prix plancher (égal/au-dessus de Dobson) et on garde l’option du contrat pont bien visible.
Tout le monde sait aussi que l’absence de camp olympique USA a piqué l’orgueil du joueur. Mais ça ne change rien aux négos : l’organisation aime Hutson, mais refuse simplement d’ouvrir la porte à une explosion salariale.
Nous sommes « très loin » d’une entente aujourd’hui. Mais dès qu’un des deux bouge d’un cran, Hughes sur les dollars, Coffey sur la durée, l’accord existe.
Il porte même un nom : 8 ans, 9,2 M$.
Et une promesse : Hutson payé comme le visage de la relance… sans dynamiter la maison qu’il est censé mener.