C’est le genre de revirement que peu auraient vu venir. Une gifle monumentale pour les rumeurs de coulisse, un affront public bien senti à certains journalistes de Montréal, et surtout, une victoire personnelle pour un homme que tout le monde avait enterré trop vite.
Patrik Laine ne sera pas échangé.
C’est Frank Seravalli, l’un des insiders les plus crédibles du circuit, qui l’a confirmé sans détour dans un segment percutant rapporté par Bleacher Report.
Le CH a mis la hache dans les plans d’échange. Patrik Laine va commencer la saison à Montréal.
Et vous savez quoi? Il le mérite.
C’est aussi un désaveu cinglant pour Mathias Brunet, qui affirmait il n’y a pas si longtemps que Kent Hughes cherchait désespérément à « refiler Patrik Laine n’importe où, contre n’importe quoi ».
Le mot était violent, humiliant, révélateur de ce que beaucoup croyaient être la fin d’une aventure glaciale entre Laine et le Canadien.
On disait que Martin St-Louis ne voulait plus de lui. Que le vestiaire l’ignorait. Que son mariage avait été déserté par les vétérans. Que ses performances n’étaient plus à la hauteur. Que son corps parlait plus fort que son hockey.
On disait aussi que le plan était sans pitié : l’échanger pour faire de la place sur la masse salariale et ainsi réaliser un coup fumant: Crosby, McTavish, Robertson, Cirelli. Peu importait qui, tant que ce n’était plus lui.
Mais les temps ont changé. Et Laine a répondu… à sa façon.
Plutôt que de rouspéter, Laine a chaussé ses patins. Plutôt que de s’enfermer dans le ressentiment, il s’est pointé chaque jour à Brossard. Avant tout le monde. Même avant les cadres de l’équipe. Il s’entraîne, il s’implique, il sourit.
Mieux encore : il s’entraîne avec Ivan Demidov tous les jours. Le même Demidov avec qui il aurait dû jouer l’an dernier, dans un duo que tout le monde disait incompatible.
Et pourtant, ils patinent ensemble, répètent des jeux à deux, développent une chimie que personne n’avait osé espérer.
Pendant ce temps, Zachary Bolduc, qu’on annonçait à gauche du deuxième trio avec Demidov et Dach, n'a pratiquement pas été vu à Brossard.
Laine a pris la place. Point.
Les fleurs sont méritées.
Oui, Patrik Laine a traversé des tempêtes.
Oui, il a déçu l’an dernier.
Oui, il a été "benché". Ignoré. Méprisé même.
Mais le gars n’a pas fui. Il n’a pas lâché. Il n’a pas envoyé son agent faire la tournée des plaintes dans les médias. Il a regardé la tempête en face. Et il a continué d’avancer.
Il a vécu une tragédie personnelle avec la mort de son ami Johnny Gaudreau. Il a pris soin de sa santé mentale. Il s’est marié. Il a tenté de se reconstruire. Il a marqué 20 buts en 52 matchs, dont 15 en avantage numérique, dans des circonstances franchement épouvantables.
Et aujourd’hui, alors que tout le monde le disait fini… il est encore là.
Pas juste là : au cœur du groupe.
Le party de mariage de Nick Suzuki a été un moment révélateur. Qui dansait torse nu, verre à la main, au cœur du "dancefloor"? Patrik Laine. Qui riait aux éclats, entouré de Caufield, Struble, Xhekaj, Slafkovsky et compagnie. Patrik Laine.
La vidéo est devenue virale. Parce qu’elle envoyait un message clair : le vestiaire n’a pas rejeté Laine. Il a réintégré le cercle.
Et si les réseaux sociaux en ont fait une blague, les vrais savent : ce genre d’intégration ne se force pas. Elle se mérite. Elle se gagne.
Martin St-Louis devra maintenant jouer ses cartes autrement.
Frank Seravalli vient de mettre fin à la saga. Il n’y aura pas de transaction cet été. Laine commence l’année à Montréal. Le message est clair : il fait partie du plan.
Alors que Mathias Brunet affirmait avec certitude que le divorce était consommé, que St-Louis n’en pouvait plus, que le CH allait payer pour s’en débarrasser, voilà que la direction fait volte-face.
Et s’il y a une chose que Montréal n’a jamais bien gérée, c’est admettre qu’elle s’est trompée. Or, dans ce cas-ci, c’est Laine qui a tenu bon. Et c’est l’organisation qui a plié.
Tout reste à prouver… mais Laine a gagné la première bataille.
Bien sûr, rien n’est garanti. Il devra performer. Marquer. Défendre un peu plus. Être régulier. Être affamé. Mais ce qui est certain, c’est qu’il a gagné quelque chose d’inestimable : le droit d’être encore là.
Dans une ligue où les joueurs sont traités comme des actifs interchangeables, où les analystes font des prédictions comme on lance des dés, où la pression médiatique à Montréal peut détruire une carrière en trois manchettes… Patrik Laine a tenu bon.
Et maintenant, il est récompensé.
Il ne devait même pas être dans le portrait. Il devait partir en catimini, sous les moqueries. Et aujourd’hui, il est potentiellement le partenaire offensif d’Ivan Demidov. Il est dans les premiers trios aux entraînements. Il est dans les vidéos virales. Il est dans la conversation.
Et Mathias Brunet, lui? Silence radio. Aucun mea culpa. Aucun correctif. Seulement l’écho d’une prédiction ratée, une de plus.
Alors oui, donnons-lui ses fleurs. Patrik Laine est encore debout. Il a affronté la tempête montréalaise. Et aujourd’hui, c’est lui qui fait mentir tout le monde.
Aujourd'hui, tout le monde y a vu une belle histoire. Le retour en grâce d’un joueur brisé. La preuve qu’on peut renaître à Montréal.
Mais dans les coulisses, une autre vérité se murmure, plus amère, plus glaciale : le seul qui ne rit pas en ce moment, c’est Martin St-Louis.
Parce que lui, il le sait. Il le sent dans ses tripes. Il ne l’avouera jamais publiquement, mais pour lui, le fait que Laine n’ait pas été échangé, c’est un cauchemar.
Martin St-Louis voulait tourner la page. Définitivement. Il avait déjà sorti mentalement Laine de l’équation.
Mais voilà que Laine reste. Et pire encore : il s’accroche.
Et soudain, c’est à St-Louis de recoller les morceaux d’un casse-tête qu’il avait déjà jeté à la poubelle.
Parce qu’on le sait tous : si Martin le relègue sur un troisième trio, Laine va faire la gueule. Il l’a déjà fait. Il l’a prouvé.
Et à Montréal, un joueur de 8,7 millions qui traîne les pieds sur une 3e ligne, ça devient une distraction. Ça empoisonne le vestiaire. Ça alimente les chroniqueurs. Ça ruine les plans.
St-Louis est pris au piège.
Il devra soit faire semblant que tout va bien, que Laine est réintégré, et le remettre dans le top 6, qu’il le veuille ou non, soit le sortir complètement… et déclencher une nouvelle crise médiatique.
Et c’est là que ça devient cruel. Parce que Martin St-Louis, en bon soldat, en homme de principe, n’aura jamais la liberté de dire ce qu’il pense vraiment :
Qu’il ne voulait plus jamais coacher ce joueur-là.
Qu’il voulait repartir à zéro. Construire autour des gars qui veulent être ici. Qui partagent la mission. Qui plongent pour bloquer un tir en novembre contre Columbus. Pas ceux qui lèvent les yeux au ciel quand on parle d’effort.
Mais il n’aura pas ce luxe. Parce que Kent Hughes a gardé Laine. Parce que maintenant, il faut faire avec.
Alors que le CH s’apprête à entrer dans la saison la plus excitante de sa reconstruction, avec Demidov, Hutson, Slafkovsky, Dobson, Caufield, Suzuki et tout un noyau jeune et uni, voilà que revient l’éternel si.
Si Laine traîne les pieds.
Si Laine boude.
Si Laine désorganise tout.
Martin St-Louis devra composer avec ça. Avec ce mal qu’il pensait élimin. Avec ce dossier clos qui revient hanter ses plans.
Patrik Laine a peut-être gagné sa bataille contre les rumeurs.
Mais pour Martin St-Louis, la vraie guerre ne fait que commencer.