La pression vient de changer de camp, brutalement, et elle s’est déposée directement sur les épaules de Phillip Danault.
Parce qu’avant sa blessure, Jake Evans était au cœur de l’un des trios les plus fiables et les plus efficaces dans du Canadien de Montréal.
Avec Alexandre Texier et Josh Anderson, Evans formait un trio qui faisait exactement ce qu’on demande à un groupe de soutien dans une équipe en progression : neutraliser, user l’adversaire par la vitesse, jouer sécuritaire, mais offensif en même temps, gagner du temps de zone, imposer un rythme.
Pas spectaculaire, mais terriblement utile. Un trio « majeur » dans la structure actuelle du CH.
Et c’est là que le contexte devient fascinant et presque cruel.
Les Kings de Los Angeles voulaient Jake Evans pour obtenir Phillip Danault. Ils ne voulaient pas le choix de 2e ronde du CH, malgré ce qu'affirme Ken Holland.
Il voulait Evans all-the-way. Un centre établi, fiable, signé à long terme, capable de jouer maintenant. Dans un autre univers, Evans et Danault auraient littéralement pu être échangés l’un contre l’autre. Deux centres au profil défensif, deux Québécois, deux joueurs respectés, deux amis. Une transaction miroir.
Puis Evans se blesse.
D’un coup, le scénario bascule. Evans sort de l’équation, involontairement. Il n’est plus une pièce mobile sur l’échiquier.
Et Danault, lui, arrive à Montréal non seulement avec l’étiquette du vétéran censé stabiliser le centre, mais avec une comparaison impossible à éviter : peut-il réellement remplacer ce qu’Evans apportait, et plus encore?
Parce que la réalité est simple : Evans n’était pas un problème à Montréal. Il était une solution. Une solution imparfaite offensivement, oui, mais une solution claire dans l’identité collective.
Danault arrive donc dans un contexte où il ne vient pas combler un trou vide : il vient occuper un espace qui fonctionnait déjà.
Et c’est là que la pression devient immense.
Danault traîne déjà le poids d’une saison sans but. Il revient dans un marché qui le connaît, qui l’a aimé, mais qui ne lui accordera aucun passe-droit.
Même si on publie des vidéos "cute-quétaine" juste avant le match:
Rebienvenue, Phil!#GoHabsGo pic.twitter.com/NtHaOOrkLi
— Canadiens Montréal (@CanadiensMTL) December 23, 2025
Il sait très bien que chaque présence sera comparée à ce que faisait Evans. Chaque mise en jeu perdue, chaque repli défensif raté, chaque séquence invisible sera scrutée. Et inversement, chaque bonne présence devra justifier pourquoi c’est lui, et non Evans, qui est maintenant au centre de cette structure.
Le plus fou dans tout ça? Les deux hommes sont proches. Ils se respectent. Ils se comprennent. Et pourtant, sans l’avoir voulu, l’un devient l’ombre de l’autre.
Evans, blessé, devient malgré lui le standard silencieux. Danault, en santé, devient celui qui doit prouver que le Canadien n’a rien perdu et peut-être même gagné. Quelle stress immense sur ses épaules.
Imaginez, déjà hier, il était la risée des réseaux sociaux car il n'arrivait pas à déjouer Samuel Montembeault pendant la pratique.
Les images ont circulé. Danault sur la glace. Danault en forme.
Phillip Danault met les bouchées doubles. Il semble en très bonne forme.@DLCoulisses #GoHabsGo #Danault #NHL pic.twitter.com/IXmwltRQpr
— Patrick Guillet (@PatGuillet) December 22, 2025
Danault qui mitraille le filet. Et au bout de la séquence? Samuel Montembeaultqui ferme la porte. Encore. Et encore.
📽🏒 Samuel Montembeault s'entraîne à Brossard ce matin avec Phillip Danault, l'entraîneur des gardiens du Rocket (Marco Marciano), mais avec son chandail du CH.
— DansLesCoulisses (@DLCoulisses) December 22, 2025
Montembeault et Danault semblent en parfaite santé... et les trois se parlent en français. pic.twitter.com/ywjk28AJET
Rapidement, les réseaux sociaux se sont emballés. Moqueries, sarcasmes, malaises.
« Il n’a pas marqué de l’année… même pas à l’entraînement, même contre le "pourri" à Montembeault. » C’était injuste, excessif, typiquement montréalais. Mais c’était là. Installé. Viral.
Et maintenant, imaginez le scénario de ce soir.
S’il manque une chance de marquer, on va dire qu’il est fini. S’il n’est pas visible offensivement, on va ressortir les clips de Brossard. S’il force un jeu, on va parler de nervosité. Et s’il « choke », comme disent déjà certains, la tempête va être instantanée.
C’est ça, la réalité montréalaise. Le retour au bercail ne vient jamais avec une période de grâce. Danault n’a pas été acquis pour être patient, ni pour apprendre le système. Il a été acquis pour stabiliser, rassurer, produire juste assez pour faire taire le bruit. Or, le bruit est déjà là, avant même la première mise au jeu.
Ce soir, ce n’est pas seulement un match pour Phillip Danault. C’est un test de nerfs, de timing.
Un test de crédibilité.
Parce qu’à Montréal, quand les images d’un entraînement deviennent un procès public, tu n’as plus le droit à l’erreur. Pas même pour une soirée.
Ce n’est plus une simple histoire de retour au bercail. Ce n’est plus une question de nostalgie ou de leadership. C’est une question de rendement immédiat. Danault n’a pas seulement à jouer son jeu : il doit être meilleur que ce que le Canadien avait déjà.
Et dans une ville comme Montréal, quand la comparaison est installée dès le jour un, il n’y a qu’une seule façon de faire taire le débat.
Sur la glace. Maintenant.
