Entrevue émouvante: Florian et Arber Xhekaj nous donnent les larmes aux yeux

Entrevue émouvante: Florian et Arber Xhekaj nous donnent les larmes aux yeux

Par David Garel le 2025-11-22

Le Centre Bell a déjà vécu des soirées bruyantes, émotives, enivrantes. Mais rarement une soirée où un joueur disputant son tout premier match dans la LNH a réussi à transformer l’aréna en explosion collective après une semaine de chaos, d’humiliation publique et de remise en question identitaire.

Florian Xhekaj, rappelé à la dernière minute pour ajouter de la robustesse après une série d’effondrements physiques coulant son frère Arber, n’a pas simplement joué un premier match : il a redonné une identité à une foule qui avait cessé d’y croire.

Premier combat sanglant et destruction du visage de son adversaire:

Premier point et larmes de sa mère:

Tous ses coéquipiers qui vont le féliciter après son combat:

Une entrée en scène brutale et authentique, comme si Montréal venait d’assister à la naissance d’un nouveau chapitre, pas seulement d’une carrière.

La scène la plus forte n’est même pas sur la glace. Elle est dans la section des proches, quand la caméra zoome sur la mère Xhekaj, debout, mains au visage, les yeux rougis, incapable de retenir l’émotion au moment où son fils est crédité d’une première aide dans la LNH sur le but de Josh Anderson.

On y voit une femme qui ne regarde pas un simple match de hockey, mais l’aboutissement d’une vie de sacrifices, de blessures, de doutes, et de rêves trop souvent remis à demain. Derrière les chiffres officiels, une passe, quelques mises en échec, une punition après un combat sauvage, il y a une famille entière qui respire enfin.

Et tout prend une dimension encore plus poignante lorsqu’on met cette soirée en perspective avec l’état psychologique de son frère aîné, Arber, il y a 48 heures à peine.

Devenu le punching bag des réseaux sociaux après sa disparition contre Tom Wilson, accusé de lâcheté, d’inaction, d’avoir « perdu son identité », Arber a traversé l’une des pires tempêtes publiques vécues par un joueur montréalais depuis plusieurs années.

Comment un défenseur adoré, symbole de fierté, pouvait-il être soudain traité de fraude, de peureux, de joueur fini? Il a dû supprimer des commentaires sur ses réseaux sociaux, encaisser des attaques personnelles, protéger des proches qu’on insultait gratuitement, tout en vivant son humiliation sur la glace et dans les médias.

Puis, soudain, ce soir, tout ça disparaît. Parce que voir son frère enfin sur la glace à ses côtés, c’est comme recoller une fissure invisible.

Quand Arber dit dans son entrevue d’après-match qu’il était « encore plus fébrile que Florian », que « jouer ensemble, c’est un rêve qu’ils ont construit en traversant l’enfer ensemble », il nous a donné les larmes aux yeux:

Et quand il dit que la passe de Florian est « la cerise sur le sundae », on comprend surtout qu’il retrouve un souffle émotionnel dont il avait désespérément besoin.

Florian, lui  parle comme quelqu’un qui arrive en guerre. Son entrevue nous a donné des frissons dans le dos:

« On m’a rappelé pour être physique, et je pense avoir fait un bon travail », résume-t-il. Ce n’est pas défensif, ni vantard. C’est une déclaration d’intention.

À son premier match, il ne cherche pas à survivre : il cherche à dominer. Il frappe, il plaque, il dérange, il bouscule, il impose un tempo physique qui change la dynamique du match. Et lorsqu’il jette les gants contre Dakota Mermis pour lui ensanglanter le visage en fin de troisième, alors que le match est hors de portée, c’est une scène d’intimidation pure.

Ce n’est pas un combat nécessaire sur le plan stratégique, mais un message envoyé à la ligue : Montréal ne sera plus piétiné sans réponse.

Le plus symbolique, c'est Arber qui le regarde du banc, excité, presque libéré:

Après une semaine où il était accusé de ne plus défendre ses coéquipiers, c’est son propre frère qui vient réactiver cette identité.

Ce n’est plus un joueur isolé au bout de la ligne bleue. Ce sont deux frères, deux carrières, deux trajectoires qui se renforcent mutuellement. Montréal n’a peut-être pas perdu son intimidateur. Il était juste incomplet. Maintenant, il y en a deux.

Il faut aussi mesurer ce qu’implique une telle performance pour son avenir professionnel. Florian Xhekaj n’a jamais eu l’air d’un joueur de la Ligue américaine coincé dans un rôle de profondeur. Il a eu l’air d’un joueur dont le style ne peut EXISTE qu’en LNH.

En haut, il devient précieux parce qu’il joue un rôle unique : il frappe, il dérange, il produit, il anime, il inspire. Ce soir, il a choisi la mécanceté.

D’ailleurs, la foule du Centre Bell ne s’y est pas trompée. Elle ne lui a pas offert des applaudissements polis. Elle l’a adopté. Immédiatement. Et dans une ville qui brûle ses idoles aussi vite qu’elle les élève, c’est un phénomène rare. Le public ne l’a pas applaudi parce qu’il est le frère d’Arber. Il l’a applaudi parce qu’il a redonné une raison de se tenir debout.

On aurait pu écrire simplement qu’il a obtenu une aide et qu’il s’est battu. Mais ce serait manquer l’essentiel : ce soir, Florian Xhekaj n’a pas signé un premier match. Il a signé un acte fondateur.

Il a rendu les partisans émotifs, pas seulement excités. Parce qu’il ne porte pas seulement un chandail. Il porte son frère. Il porte sa famille. Et il porte, quelque part, l’espoir d’un club qui avait perdu sa flamme.

Ce soir, Montréal n’a pas seulement gagné un match. Montréal a retrouvé un sentiment.

Et ça, ça n’a pas de statistiques.