La rumeur prend des proportions délirantes.
À peine le feu Crosby éteint, maintenant que les Penguins sont en feu, voilà qu’un autre monument des Penguins de Pittsburgh se retrouve dans la ligne de mire du Canadien : Evgeni Malkin.
Selon Sportsnet, trois clubs canadiens (Montréal, Toronto et Winnipeg) surveillent de près la situation du vétéran russe, qui connaît un début de saison époustouflant à 39 ans.
Et dans ce dossier, Montréal n’est pas un nom lancé au hasard : c’est le seul marché qui fait vraiment sens pour le joueur, pour son entourage, et pour la dynamique actuelle du Canadien.
À Pittsburgh, le revirement de situation est total. L’équipe de Kyle Dubas devait s’effondrer. Elle devait rater les séries, viser le repêchage 2026, et tenter sa chance pour le prodige Gavin McKenna.
Au lieu de ça, les Penguins dominent. Après douze matchs, ils affichent une fiche de 8-2-2, meilleure de la LNH, et une différence de buts de +13. Evgeni Malkin est dans le top 5 des pointeurs de la ligue, à égalité au premier rang pour les passes (14), sur un rythme de 116 points. Il a l’air d’un joueur de 25 ans, pas de 39. Il respire la forme, la liberté, l’envie. Et ça, paradoxalement, ça dérange Dubas.
En interne, plusieurs sources confirment que Dubas n’est pas « heureux » du bon début de saison. Son plan initial était clair : préparer la reconstruction, accumuler des choix, et amorcer une transition en douceur vers l’après-Crosby/Malkin/Letang.
Or, plus les Penguins gagnent, plus il est coincé. Tant que l’équipe sera dans le peloton de tête, il ne pourra pas vendre.
Mais dès la première chute, que ce soit une série de cinq défaites, une blessure clé, un trou d’air, la machine à rumeurs reprendra. Et là, tout pourrait bouger très vite.
Car si Sidney Crosby demeure intouchable à Pittsburgh (pour l’instant), Evgeni Malkin, lui, n’a jamais semblé aussi ouvert à l’idée d’un départ.
Lors de son dernier point de presse, Malkin a surpris tout le monde.
« C’est difficile, a-t-il admis. Tu vois des histoires comme celle de Brad Marchand : il se fait échanger, il gagne la Coupe. C’est une belle histoire. Peut-être que ça arrivera. »
Une phrase qui ne veut rien dire sur le coup, mais qui en dit long : pour la première fois, il admet qu’un échange n’est pas impensable.
Et l’exemple Marchand, cité par Michael Amato (Sportsnet), a frappé l’imaginaire. Marchand a quitté Boston après 16 saisons pour rejoindre les Panthers de la Floride, et il a immédiatement gagné la Coupe Stanley, inscrivant 10 buts et 20 points en 23 matchs éliminatoires.
Il a ensuite obtenu une prolongation lucrative (6 ans pour 31,5 M$). Malkin y voit un modèle : une dernière course, un dernier printemps, une dernière Coupe Stanley... et un juteux contrat...
Toujours selon Sportsnet, si les Penguins tombent au classement, Malkin deviendra une cible majeure à la date limite. Et parmi les destinations évoquées, trois reviennent : Floride, Toronto… et Montréal.
La Floride, c’est la logique du cœur. Malkin y possède une résidence, connaît la région, et le trou béant laissé par la blessure de Barkov rendrait son arrivée idéale. Mais Montréal, c’est encore plus logique.
Depuis des mois, Kent Hughes cherche un deuxième centre. Tous les scénarios mènent à la même conclusion: le CH a besoin d’un vétéran capable de tenir l’axe derrière Nick Suzuki. Et si Crosby reste à Pittsburgh, Malkin devient soudainement la meilleure alternative du marché.
À Montréal, le lien est presque trop parfait : Ivan Demidov, la jeune vedette russe, n’a jamais caché que son idole absolue était Malkin.
« Je veux être comme lui », disait-il en entrevue. Imaginer Demidov aux côtés de son modèle au Centre Bell n’a rien d’une folie : c’est une opportunité marketing, symbolique, et sportive.
Malkin serait le mentor idéal pour accompagner le prodige dans sa première année dans la LNH, comme Sergei Gonchar l’avait fait pour Malkin lui-même à Pittsburgh.
Même Michel Therrien, ex-entraîneur des Pens, l’a reconnu :
« Quand Malkin est arrivé, Gonchar a tout changé pour lui. À Montréal, Demidov aurait besoin du même guide. »
Les chiffres ne mentent pas
Oui, Malkin vieillit. Mais il demeure productif.
83 points en 2022-2023
67 points en 2023-2024
50 points en 2024-2025
Cette saison, il est sur un rythme de 116 points. Évidemment, il va ralentir comme les autres années, mais il est encore tellement dominant.
Et, surtout, il possède un leadership rare : trois Coupes Stanley, un trophée Hart, un Conn Smythe, et une expérience de 180 points en 177 matchs éliminatoires.
Le vétéran sait qu’il n’a plus beaucoup de temps. Il l’a répété : « Si c’est ma dernière saison, je veux tout donner. Je suis encore affamé. »
Même si Kent Hughres répète qu’il ne veut pas précipiter le processus, il a lui-même reconnu à Edmonton qu’il « surpayerait au moment opportun » pour une acquisition majeure. Si ce moment arrive en février-mars, Malkin pourrait être cette cible.
Pour l’instant, tout va bien à Pittsburgh. Crosby vient de franchir le cap des 1 700 points, Malkin s’amuse comme un gamin, et l’équipe empile les victoires. Mais tout le monde sait que ce rythme est intenable : le pourcentage d’arrêts est trop élevé, le différentiel trop flatteur, et la profondeur trop mince.
Si les Penguins connaissent une glissade, Dubas n’hésitera pas à agir. C’est dans son ADN : il ne s’attache pas à l’émotion et rêve toujours à la loterie McKenna.
Et, selon plusieurs observateurs, le joueur accepterait un départ vers un marché comme Montréal ou la Floride. Pas Winnipeg, la pire ville d'Amérique du Nord.
Et Toronto, depuis le départ de Marner, est bien moins séduisante pour Malkin.
Imaginez le tableau : Malkin au centre, Demidov à droite.
Ce serait la ligne la plus spectaculaire de la LNH depuis longtemps, peu importe si Alex Newhook complète le trio.
Au fond, ce dossier dépasse la simple transaction. Il touche à l’héritage. Malkin, comme Crosby, incarne une ère qui s’éteint à Pittsburgh.
On l’a vu mille fois : les légendes finissent rarement là où elles ont commencé. Gretzky à Los Angeles-St-Louis-New York, Bourque au Colorado, Marchand en Floride. Pourquoi pas Malkin à Montréal ?
Les Penguins, eux, profitent du moment présent. Ils gagnent, ils sourient et ils repoussent l’échéance. Mais sous la surface, tout le monde sent le revirement de situation.
Quand il viendra, Kent Hughes sera prêt.
