Départ pour Montréal: Evgeni Malkin répond

Départ pour Montréal: Evgeni Malkin répond

Par David Garel le 2025-11-18

Il y a une semaine, c’était Sidney Crosby qui frappait la table, lassé d’entendre son nom circuler à Montréal, décidé à tuer la rumeur à sa source.

Aujourd’hui, c’est Evgeni Malkin qui prend le relais, presque malgré lui, mais avec un message qui résonne dans le même sens : le noyau des Penguins ne veut plus entendre parler de Montréal. Pas maintenant, pas cette année, pas pendant qu’ils tentent de rallumer une flamme qui semblait éteinte depuis trois saisons.

L’attaquant russe, 39 ans depuis le 31 juillet, a livré à RG Media une entrevue d'une franchise étonnante. Il y parle de son bonheur retrouvé, de son début de saison flamboyant, de son rapport à la vieillesse sportive, mais surtout… de son avenir.

Et dans ce long discours, où il évoque la Floride et le Colorado comme scénarios hypothétiques, un détail frappe comme un coup de poing : Malkin n’a jamais mentionné Montréal. Pas une fois.

Un silence lourd de sens dans le contexte actuel, alors que la rumeur comme quoi le CH était intéressé à ses services et voulait le séduire avec la possibilitè de jouer avec Ivan Demidov, vient de prendre un sale coup sur la tête.

« Les dernières années ont été difficiles. On a raté les séries, on n’a pas joué notre meilleur hockey, a dit Malkin. Avant cette saison, je me suis dit : si c’est la dernière, je dois juste en profiter. Arrêter de faire attention à la négativité ou aux histoires d’échange. Je viens à l’entraînement et j’essaie d’apprécier chaque jour. Si c’est la dernière saison, ça va. Si je joue bien et qu’on s’entend pour un an ou deux de plus, tant mieux. »

L'homme qui, pendant des années, attaquait la saison comme une bataille à gagner, semble aujourd’hui aborder son métier comme une parenthèse qu’il veut vivre pleinement.

Il est premier marqueur des Penguins avec 23 points en 19 matchs, porter encore une fois l’équipe sur son dos, et battre à deux reprises, en Suède, son propre record d’âge pour un but marqué à l’étranger lors de la série contre les Predators en Suède.

Son discours face à la vision québécoise qui l’imagine sur le marché des transactions est saisissant : Malkin s’en fout.

Il veut jouer. Il veut profiter. Mais surtout, il veut rester à Pittsburgh.

Pas une seconde il n’a laissé entendre qu’il cherchait une nouvelle destination.

Et lorsque RG Media le questionne sur la possibilité, pour un joueur vieillissant, de vivre un scénario à la Brad Marchand  (échangé, gagner la Coupe Stanley, signer avec sa nouvelle équipe championne), il répond de manière cinglante :

« Ce n’est pas tout le monde qui a droit à un conte de fées. J’aimerais finir ma carrière à Pittsburgh. Je ne me vois pas ailleurs. Pas en Floride, pas au Colorado, nulle part. »

La précision est notable : il nomme deux marchés attrayants, deux marchés gagnants, deux marchés sans pression qui sont intéressés à ses services... et pourtant pas Montréal.

Un message caché ?

Non. Une réalité assumée. Si Malkin part de Pittsburgh, ce ne sera pas à Montréal.

Pendant ce temps, la renaissance soudaine des Penguins a surpris tout le monde.

Dix victoires en 19 matchs, une troisième place dans la Métropolitaine, et surtout le meilleur jeu de puissance de la LNH à 34,1 %.

Dans une ligue où le jeune talent transforme l’identité des équipes, Pittsburgh semble être l’exception : des vétérans qui se battent pour repousser l’inévitable.

Malkin le sait.

Il est réaliste, mais il refuse de tomber dans la mélancolie.

« Parfois, tu te réveilles et tu as l’impression d’avoir 40 ans ou plus. Tout fait mal le matin. Mais tu te fais masser, tu suis les traitements, tu vas dans les bains froids, et tu repars. Le principal, c’est de prendre soin de soi. »

À 39 ans, il rivalise encore avec les meilleurs jeunes du circuit.

Il marque, il fabrique du jeu, il inspire les recrues qui n’étaient même pas nées lors de ses premiers coups d’éclat avec Crosby.

Et c’est dans cette atmosphère de passion renouvelée que sa prise de position prend tout son poids : Malkin ne veut pas être dérangé. Il ne veut pas entendre parler d’échange, encore moins d’une transaction vers un marché comme Montréal.

Tout n’est pas réglé chez les Penguins.

Le président Kyle Dubas l’a admis : aucune discussion de contrat avec Malkin n'aurait lieu avant les Olympiques, peut-être même pas avant la fin de la saison.

Mais Malkin, loin de s’en inquiéter, préfère vivre au jour le jour.

« C’est trop tôt pour en parler. La saison est longue, il reste beaucoup de matchs. Je comprends les inquiétudes : parfois, un joueur commence fort pendant 20 matchs, puis ça s’éteint. Le plus important, c’est d’être bon toute la saison. On verra ensuite. Peut-être en février. Peut-être après la saison. Je ne veux pas m’en faire avec ça. Je veux juste aimer le hockey. »

Encore une fois : un état d’esprit incompatible avec une transaction, surtout vers un marché bouillant, hyperanalysé et exigeant comme Montréal.

Malkin le dit, le répète pour une 2 fois dans l'entrevue :

« Je ne me vois pas dans un autre chandail. Pas en Floride, pas au Colorado, nulle part. »

Dans les faits, il évoque seulement deux destinations hypothétiques. On comprend donc que s'il change d'idée, ce sera entre les Panthers et l'Avalanche.

Mais jamais, dans aucune réponse, dans aucune phrase, dans aucun sous-entendu, il ne mentionne Montréal.

Même lorsque son ami Ovechkin, devenu le premier joueur de l’histoire à atteindre 900 buts, relance la discussion sur le fait que Malkin pourrait exploser avec Demidov :

“Je veux finir ici.”

Même si l'idole de Demidov... est Malkin...

Crosby l’a dit : terminé les rumeurs.

Malkin ajoute : terminé les rumeurs... vers Montréal...

Les deux légendes d’une génération refusent catégoriquement d’être associés à un départ vers Montréal, même dans l’imaginaire collectif.
Pendant que Pittsburgh flotte encore artificiellement dans le haut du classement, ils s’accrochent à ce qu’ils ont construit là-bas, pas à ce que Montréal pourrait leur offrir.

Et pour le Canadien, la conclusion est dure :

Crosby ne viendra pas.

Malkin ne viendra pas.

Les Penguins, malgré leurs rides et leurs limites, entendent mourir ensemble, là où tout a commencé.