Excès de vitesse sur l'autoroute: Cayden Primeau avoue tout

Excès de vitesse sur l'autoroute: Cayden Primeau avoue tout

Par David Garel le 2025-04-27

Vendredi soir, alors que le Centre Bell vibrait au rythme d’un match crucial contre les Capitals de Washington, une situation rocambolesque a failli plonger le Canadien de Montréal dans l’embarras absolu.

Tout commence avec Cayden Primeau, bien tranquille dans le salon de son coéquipier Lucas Condotta, à Laval. Comme tout partisan, Primeau regarde le match à la télé… jusqu’à ce qu’il remarque Samuel Montembeault quitter la patinoire à la pause publicitaire.

Quelques secondes plus tard, Jakub Dobeš saute sur la glace. Rien de rassurant. Puis, son téléphone sonne.

C’est le Canadien : “GO! GO! GO! Rends-toi au Centre Bell tout de suite!”

Ni une, ni deux, Primeau saute dans sa voiture et roule à toute vitesse vers Montréal. Lui-même l’a admis :

 “J’ai conduit plus vite que la limite permise”, confiant qu’il avait clairement dépassé la limite permise pour sauver la soirée du CH.

La scène est presque cinématographique : Primeau, visiblement encore malade, file sur l’autoroute, la tête remplie d’adrénaline. L’urgence, l’appel du devoir, l’espoir de redevenir le héros. Mais tout ça pour… rien.

Arrivé au Centre Bell à la hâte, prêt à enfiler l’équipement à la seconde, Primeau découvre, sous le choc, qu’il n’était même pas éligible à jouer, puisqu’il n’avait pas été rappelé officiellement avant le match. Une bourde administrative énorme signée Jeff Gorton, Kent Hughes et John Sedgwick.

Imaginez la scène : Primeau en pleine course contre la montre, seulement pour apprendre que si Dobeš s’était blessé… c’est Patrick Chèvrefils, un policier de 38 ans, qui aurait dû défendre les buts du Canadien en séries éliminatoires.

Oui, un policier. Pas un gardien professionnel. Un agent du SPVM, qui regardait le match chez lui, en jogging, avec son chat et une pizza complète dans le ventre.

Un gars sympathique, mais qui, de son propre aveu, aurait patiné « comme une grand-mère » sur la glace du Centre Bell, tellement il était nerveux.

Chèvrefils, qui a le logo du Canadien tatoué sur la cuisse, a raconté que son objectif principal en se dirigeant au Centre Bell était… de ne pas tomber en marchant vers le banc. L’absurdité atteignait des sommets.

Si Dobeš s’était blessé, l’équipe aurait envoyé en séries éliminatoires un policier étourdi par la nervosité et la pizza, pour affronter Alex Ovechkin et compagnie.

La catastrophe a été évitée de justesse. Mais le ridicule, lui, n’a pas été épargné.

Il est tout simplement inacceptable qu’une organisation professionnelle aussi prestigieuse que le Canadien de Montréal ait pu se retrouver dans une situation aussi précaire.

John Sedgwick, directeur général adjoint, porte une lourde part du blâme : c’est lui qui avait dit à Patrick Chèvrefils de ne pas se présenter pour les séries, car « il n’y aurait pas besoin d’un gardien d’urgence ».

La gestion du rappel de Primeau par Kent Hughes et Jeff Gorton laisse aussi sérieusement à désirer.

Comment peut-on oublier d’envoyer les documents nécessaires pour rendre éligible un gardien remplaçant lors d’un match de séries éliminatoires?

On parle ici d’une négligence administrative majeure, qui aurait pu ruiner la saison du CH si Dobeš avait subi une blessure.

Primeau, pour sa part, a vécu une véritable tempête. S’être dépêché au Centre Bell, malade, excité à l’idée de sauver l’équipe, pour apprendre qu’il n’avait même pas le droit de mettre les patins sur la glace… C’est cruel.

C’est un manque de respect pour l’athlète, mais aussi pour la préparation professionnelle minimale que mérite une organisation de la LNH.

Malgré tout, Primeau a démontré un immense professionnalisme.

Au lieu de se plaindre, il s’est préparé comme si tout allait basculer. Il s’est mis en état d’alerte, a enfilé l’équipement et s’est tenu prêt à sauter sur la patinoire au moindre signe.

Primeau a un coeur gros comme la terre. Lorsqu'il a vu le jeune Jacob Fowler réussir son baptême de feu avec le Rocket, c’est Primeau lui-même qui est allé chercher la rondelle du match pour lui offrir en souvenir. Une preuve de caractère, une preuve qu'il est le meilleur coéquipier possible.

Primeau a résumé son geste ainsi :

“Il avait un gros mot à dire dans cette victoire, alors je voulais juste qu’il ait ce souvenir précieux. Je lui ai dit que ce n’était que la première victoire d’une longue série.”

Un beau moment d’humilité dans une situation qui aurait pu le rendre amer.

Car Cayden Primeau aurait pu choisir d’être frustré. Il aurait pu faire la baboune à l’idée d’avoir été rétrogradé en décembre, après un début de saison difficile avec le Canadien. Mais il a fait exactement l’inverse.

« Je me suis présenté à Laval de façon très humble, juste emballé à l’idée de jouer plus souvent », a-t-il expliqué dimanche matin au Centre Bell.

Ce n’est pas facile d’être cédé à la Ligue américaine, surtout après avoir goûté à la LNH. Mais Primeau a vu une opportunité là où plusieurs n’auraient vu qu’une punition.

« Je voulais participer au plus grand nombre possible de matchs. Je voulais juste jouer, avoir du plaisir… », a-t-il ajouté.

 Et vendredi soir, son téléphone a sonné. Tout a changé en quelques secondes.

« Au retour de la pause publicitaire à la télé, j’ai vu Sam (Montembeault) qui partait dans le corridor pour le vestiaire, et j’ai vu Jakub Dobes arriver sur la glace », a-t-il raconté.

« Je n’avais rien remarqué d’anormal avec Sam… mais j’étais excité de recevoir cet appel. »

Excité au point de faire de l'excès de vitesse sur la 15. Si un policier lui avait donné une contravention, le Québec en entier se serait indigné

Dimanche soir, Primeur sera officiellement le réserviste de Jakub Dobes pour le quatrième match de la série contre Washington.

Espérons qu'il ne joue pas, car cela serait synonyme de mauvaise nouvelle pour Dobes. Mais cette fois, il sera sur la feuille de match, prêt à enfiler les jambières si le Canadien a besoin de lui.

Et quelque part, cette récompense a un goût particulier.

Parce qu’après une saison marquée par des hauts et des bas, après des doutes, après des moments d’incertitude, Cayden Primeau récolte aujourd’hui le fruit de son humilité, de sa persévérance et de sa capacité à rebondir.

L’avenir de Primeau dans l’organisation reste sombre. Tout le monde sait que son nom circule dans les rumeurs de transaction, notamment du côté des Flyers de Philadelphie.

Mais pour l’instant, il est là. Avec le Canadien. En séries. À la porte d’un rêve.

« Ce fut une situation différente pour moi, et je ne sais pas si j’ai composé avec tout ça de la bonne manière, ou de la manière qu’il aurait fallu », a-t-il avoué avec franchise.

Mais au bout du compte, c’est son courage et son humilité qui parlent pour lui.

Et ce soir, en enfilant son chandail du Canadien pour un match éliminatoire, Primeau pourra être fier du chemin parcouru. Peu importe ce que l’avenir lui réserve.