Excitation à Montréal: Jonathan Toews se rapproche du Canadien

Excitation à Montréal: Jonathan Toews se rapproche du Canadien

Par David Garel le 2025-05-22

Le nom de Jonathan Toews circule de plus en plus à Montréal.

Ce n’est plus une rumeur vague, ni un fantasme d’amateur nostalgique. C’est un feu de plus en plus nourri, attisé par une déclaration qui a fait l’effet d’une bombe dans le monde du hockey: son entraîneur personnel, l’Ukrainien Boris Dorozhenko, a publiquement confirmé, en entrevue à TVA Sports, que Toews est revenu dans une forme optimale.

« Son coup de patin est parfait. Il a le coup de patin d’un gars qui a gagné trois Coupes Stanley. » a-t-il affirmé au journaliste, Nicolas Cloutier.

Cette phrase a enflammé Montréal. Et le timing est parfait.

Parce que le Canadien de Montréal cherche toujours ce centre fiable, régulier, solide, capable de combler le vide entre l’éclosion d’Ivan Demidov et l’arrivée tant attendue de Michael Hage.

Jonathan Toews, deuxième ou troisième centre francophone, mentor naturel, leader silencieux : il n’en fallait pas plus pour que Montréal s’enflamme.

Une résurrection improbable, mais réelle.

Ce retour était pourtant impensable il y a encore quelques mois. Jonathan Toews était considéré comme un retraité non officiel.

Invisible depuis le 13 avril 2023, où il avait marqué un dernier but symbolique contre les Flyers de Philadelphie. Mais en coulisses, l’homme vivait l’enfer.

Atteint du syndrome de réponse inflammatoire chronique, combiné à des symptômes de COVID longue, Toews était incapable de s’entraîner, de performer, même parfois de se lever du lit.

Il s’est éloigné. Du hockey. De la presse. De Chicago. Il s’est exilé au Costa Rica. Là-bas, il a surfé. Souffert. Respiré.

Puis en Inde, il a médité. Cherché. Trouvé un semblant de paix. Un apaisement. Pas une retraite, non. Mais une mise sur pause.

« Tout le monde pensait que j’étais à la retraite. Moi, je ne le savais pas encore. J’avais besoin de temps », confiera-t-il plus tard.

Puis un jour, il a ressentit ce feu en lui. Pas celui de l’angoisse. Celui de la compétition. Celui de l’envie.

Mais ce n’est pas tout. Le plus impressionnant, c’est ce que dit Boris Dorozhenko. Pour comprendre l’ampleur de cette déclaration, il faut comprendre qui est cet homme.

Professeur de mathématiques né à Kyiv, il a fui l’Ukraine pour le Mexique après la chute de l’URSS. Il y a bâti de toutes pièces le programme de hockey national.

Puis, en Arizona, il a pris sous son aile un certain... Auston Matthews. Le jeune prodige était alors âgé de 6 ou 7 ans. Dorozhenko a emmené son éducation physique à un niveau presque militaire.

Aujourd’hui, c’est Toews qui le contacte, alors que Dorozhenko est au Japon :

« Peux-tu jeter un coup d’œil à mon coup de patin? »

Toews s’est installé à Scottsdale, en Arizona, à deux pas de l’entraîneur. Et sur la glace, il s’entraîne. Pas une fois par semaine. Tous les jours. Glace. Gym. Glace. Gym. Dorozhenko l’observe. Et il confirme :

« Il patine comme un gars qui n’a jamais arrêté. C’est impressionnant. »

« Ces gars-là ont une mentalité différente. »

Pour l’instant, Boris Dorozhenko parle d’un travail « préliminaire » avec Jonathan Toews. Il explique que les premières séances servent à évaluer ce que Toews est encore capable de faire.

Il note que le joueur a conservé une mémoire musculaire impressionnante et qu’il n’a pratiquement rien perdu de ses fondamentaux.

Le plan, selon Dorozhenko, est de bâtir une série de séances très ciblées dans les prochaines semaines, centrées sur la fluidité, la stabilité et la précision du patinage. Il insiste : à ce niveau, on n’enseigne plus, on rappelle. On ajuste.

Il prévoit trois, quatre, peut-être cinq rencontres pour établir une routine personnalisée. Ce n’est pas un retour à zéro. C’est un retour à la forme. Et même si Toews ne joue pas encore de matchs, tout pointe vers un joueur en GameShape — ou à un cheveu de l’être. Autrement dit : il est dans la vitrine. Et Dorozhenko le sait très bien.

Et c’est là que Montréal entre en jeu. Parce que le timing est parfait. Christian Dvorak va partir, lui dont le nom circule de plus en plus à Chicago (aussi à St-Louis).

Toews, originaire du Manitoba, pourrait très bien combler son poste, le temps que Michael Hage devienne l’espoir qu’on espère. Mais Toews n’est pas une rustine. C’est une résurrection.

Il parle français. Sa mère est originaire de Sainte-Marie en Beauce. Il comprend l’ADN du CH. Il comprend la pression. Il la cherche, même. Il ne veut plus être le capitaine à qui on demande de sauver une franchise. Il veut être utile. Présent. Inspirant.

Et surtout : il ne coûterait presque rien. Un contrat d’un an. Peu garanti. Avec bonis de performance. Le genre de signature qui fait lever un vestiaire et qui excite une foule.

Il est un homme transformé, pas fini.

« Je ne suis pas satisfait de la façon dont ça s’est terminé à Chicago. »

Ces mots, Toews les a dit avec douleur. Il a souffert de voir sa fin se dérouler dans la confusion, la fatigue, la lente dégringolade. Il veut finir sur ses termes. À sa façon. Et le feu brûle encore.

« Je suis excité de voir jusqu’où je peux aller. »

Et ce n’est pas un discours de finissant. C’est celui d’un homme qui s’entraîne comme un gladiateur. Dorozhenko le dit : « On va bâtir un plan. Il est prêt. »

Les jambes reviennent. L’énergie est là. La joie aussi. Et les rumeurs de Winnipeg, bien qu’intenses, n’ont pas cette saveur qu’offre Montréal. À Winnipeg, il serait l’ancien héros local, lui qui est originaire du Manitoba. Il serait un symbole. À Montréal, il serait l’artisan d’une histoire digne d'Hollywood. 

Surtout que le CH a bien plus besoin d'un centre que les Jets qui ont Mark Scheifele, Gabriel Vilardi et Adam Lowry au milieu.

De plus, Toews connaît très bien Kirby Dach pour l'avoir pris sous son aile à Chicago. Il avait même affirmé publiquement que le jeune n'avait pas été bien traité par l'organisation et les médias. Il a toujours fait figure de grand frère pour Dach. Même si ce dernier est muté à l'aile, Toews pourrait relancer sa carrière, tant au niveau mental que sportif.

Martin St-Louis serait l’entraîneur idéal pour l'accompagner dans ce retour. D’abord parce qu’il comprend parfaitement les réalités d’un joueur vétéran qui revient dans un rôle différent.

St-Louis a lui-même été un joueur sous-estimé, rejeté, puis transformé par sa propre volonté. Il sait ce que ça prend pour performer quand le doute s’installe et que le corps ne répond plus comme avant. 

Avec son approche humaine, centrée sur le dialogue, la psychologie du joueur et l’autonomie sur la glace, il offrirait à Toews exactement ce dont il a besoin : un environnement sans pression excessive, mais structuré. Pas de rôle imposé, pas de statut à défendre. Juste du hockey. Et une occasion de finir en paix, avec dignité.

L'appel est lancé.

Jonathan Toews ne veut plus être le Toews du passé. Il veut être le Toews du présent. En paix. Puissant. Présent. Et Montréal peut lui offrir ce cadeau.

Dans un marché où le nom de Sidney Crosby se murmure avec rêverie, celui de Toews circule avec réalité. Disponible. Motivé.

Et aujourd’hui, grâce à Boris Dorozhenko, on sait qu’il est prêt.

Le reste ne tient qu’à un appel de Kent Hughes. Et au courage d’offrir une dernière scène à un véritable monument du hockey.

Jonathan Toews n’a jamais eu peur des projecteurs. Le Centre Bell l’attend. Et les partisans aussi.