Disparition de Félix Séguin: TVA Sports prend sa décision

Disparition de Félix Séguin: TVA Sports prend sa décision

Par David Garel le 2025-10-27

Félix Séguin disparaît après les matchs. La question à un million de dollars: est-ce en lien avec la fatigue mentale d’un homme qu’on protège

Il y a des silences qui en disent plus que mille images. Et celui de Félix Séguin, après les matchs diffusés à TVA Sports, en dit long.

Depuis plusieurs semaines, les téléspectateurs attentifs l’ont remarqué : lorsque la sirène finale retentit, que Dave Morissette lance l’analyse d’après-match entouré d’Antoine Roussel et de Maxim Lapierre avec Patrick Lalime par vidéoconférence, le descripteur principal du réseau, lui, n’est plus là. Il disparaît.

Pas de remerciements à la caméra, pas de transition vers le studio, pas même un salut de fin. Félix Séguin, voix officielle des rencontres, s’efface soudainement, comme un acteur qu’on retire du plateau avant la tombée du rideau.

Au début, certains ont cru à un simple choix de production. Après tout, la formule classique à TVA Sports est bien définie : la description assurée par Félix Séguin, l’analyse technique par Patrick Lalime, et le débriefing en plateau mené par Morissette.

Mais au fil des soirs, la répétition du phénomène a commencé à troubler. Pourquoi Séguin n’apparaît-il plus à l’écran après la fin des matchs?

Pourquoi le laisse-t-on s’effacer alors qu’il a porté la voix du spectacle pendant plus de deux heures? La question revient sans cesse sur les réseaux sociaux, dans les forums, dans les groupes de discussion de partisans :

« Où est Félix Séguin après le match? »

Patrick Lalime, plus effacé durant la partie, devient la figure centrale du segment d’après-match. Il est souriant, disponible, à l’aise dans le débat.

Félix Séguin, lui, n’existe plus dans le cadre. On devine qu’il quitte la cabine, qu’il rentre à l’hôtel quand les matchs sont sur la route, ou qu’il s’éclipse discrètement vers sa voiture quand ils sont à Montréal.

Comme s’il fuyait la lumière au moment même où elle devrait encore briller sur lui. Et ce n’est pas anodin. Car cette absence répétée ne relève pas d’un hasard technique, ni d’un simple ajustement de format.

Derrière cette disparition télévisuelle, il y a une réalité plus lourde : la fatigue mentale d’un homme écorché par des années de critiques, de moqueries et de comparaisons cruelles.

Félix Séguin vit depuis longtemps sous la loupe d’un public impitoyable. Il a lui-même reconnu dans des entrevues, notamment à La Presse, à quel point chaque mot prononcé pouvait se retourner contre lui.

« Je suis conscient qu’on me juge à chaque mot », disait-il. « Il y a une partie du public qui ne me donnera jamais une chance. » Ces phrases, prononcées il y a quelques saisons, prennent aujourd’hui tout leur sens.

Depuis qu’il a succédé à Pierre Houde comme descripteur principal des Canadiens de Montréal sur TVA Sports, Séguin traîne une image de remplaçant impossible.

On lui reproche d’avoir voulu copier le ton de Houde, d’avoir manqué de naturel, d’avoir surjoué l’émotion. Chaque erreur de diction, chaque envolée lyrique un peu forcée devient virale sur X ou sur TikTok.

Ses jeux de mots maladroits ont déclenché une tempête de moqueries. L’épisode est resté dans les mémoires : des extraits montés en boucle, des blagues recyclées, des rires faciles. Pour lui, c’était un coup de plus dans une série déjà longue.

Épuisé, Félix Séguin a pris une décision radicale : couper le cordon avec les réseaux sociaux. Il a fermé ses comptes, cessé de lire les commentaires, supprimé toute interaction publique.

Dans l’entrevue qu’il avait accordée, il avait expliqué cette démarche avec franchise :

« Il y a des jours où je ne suis pas capable d’aller voir ce qui se dit sur les réseaux sociaux. Je sais que je suis très polarisant. Je ne fais pas ce métier-là pour être populaire. »

Mais même loin de la tempête numérique, la pression demeure. Car à la télévision, chaque seconde est un jugement. Chaque phrase est scrutée. Et cette tension constante, on la devine aujourd’hui dans ses absences.

À TVA Sports, plusieurs sources internes, sans jamais l’avouer publiquement, confirment que la direction souhaite désormais le protéger.

On veut éviter qu’il soit exposé à chaud, dans un environnement où les émotions débordent, où chaque mot peut devenir viral.

On le garde donc à distance du segment d’analyse d'après-match, pour lui éviter les situations où un simple lapsus ou une réaction mal interprétée relancerait le feu des réseaux. On le laisse faire ce qu’il fait le mieux : décrire le match. Et dès que la sirène retentit, on le met à l’abri.

Cette stratégie de retrait progressif ne date pas d’hier. Depuis la fin de la saison dernière, plusieurs téléspectateurs avaient remarqué que Séguin apparaissait de moins en moins dans les segments d’après-match.

Certains y voyaient un signe d’usure, d’autres une consigne de la production. Les deux ont raison. Car il est évident que Félix Séguin est épuisé, non pas physiquement, mais émotionnellement.

Faire ce métier à son niveau exige une endurance mentale exceptionnelle. Être la voix d’un sport national, dans une province où chaque geste est disséqué, est un fardeau difficile à porter.

Quand, soir après soir, des milliers de personnes commentent ton ton, ta respiration, ton intonation, ta passion jugée « trop forcée » ou « pas assez sincère », il arrive un moment où le mental flanche.

Et pour TVA Sports, qui a vu trop de ses animateurs brisés par la pression publique, la ligne rouge est claire : il faut préserver l’humain avant le spectacle.

Félix Séguin ne s’est jamais plaint publiquement. Il n’a jamais demandé la pitié du public. Il a simplement continué à faire son travail.

Et malgré tout, il est encore debout. Encore au micro. Encore capable de tenir une description claire, précise, énergique.

Mais son absence des segments d’après-match traduit un malaise plus grand. Elle pose une question troublante : que devient la passion quand elle se transforme en peur de parler?

Certains diront qu’il s’agit d’une transition naturelle, d’une gestion d’image. Mais à force de le cacher, TVA Sports finit peut-être par alimenter l’incompréhension.

Car la télévision, c’est aussi une question de proximité. Et en retirant Séguin du plateau, on accentue sa distance avec le public. Un public qui, paradoxalement, continue de parler de lui chaque soir.

Les moqueries, les attaques, les détournements humoristiques sont devenus une routine. Mais on oublie souvent que derrière ces images, il y a des humains.

Félix Séguin est un professionnel de métier, formé, expérimenté, qui aime profondément ce qu’il fait. Le voir s’effacer progressivement, c’est assister à la lente érosion d’une passion sous le poids de la peur.

À l’heure où TVA Sports entame sans doute sa dernière saison de diffusion de la LNH, cette histoire prend une dimension encore plus symbolique.

Elle montre qu’au-delà des chiffres d’écoute et des droits télévisuels, il y a des voix, des visages, des carrières marquées par la fragilité du regard public.

Félix Séguin, qu’on le critique ou qu’on le défende, incarne cette humanité-là. Celle d’un homme qui, après tant de coups, choisit de se protéger plutôt que de s’exposer.

On ne sait toujours pas si TVA Sports va arriver à grapiller quelques matchs du CH, alors que le réseau continue de négocier avec Sportsnet pour des miettes de la license francophone.

Parfois, on se dit que ce serait un mal pour un bien si TVA Sports n'obtient aucun match.

Peut-être que ce métier est tout simplement trop pesant mentalement pour Félix Séguin.