Florian Xhekaj a lancé un avertissement à Kent Hughes et Jeff Gorton

Florian Xhekaj a lancé un avertissement à Kent Hughes et Jeff Gorton

Par André Soueidan le 2025-05-05

Tout a commencé avec une déclaration de Renaud Lavoie, balancée avec aplomb sur les ondes de TVA Sports : « Florian Xhekaj, selon moi, pourrait commencer la saison à Montréal. »

Cette phrase, apparemment anodine, a agi comme une étincelle dans une poudrière. Sur les réseaux sociaux, les réactions n’ont pas tardé. Certains ont applaudi la vision à long terme.

D’autres ont crié au scandale, reprochant au journaliste de mettre une pression inutile sur un jeune qui n’a même pas disputé un seul match dans la LNH.

Mais derrière cette déclaration, se cache un débat beaucoup plus large. Et c’est exactement ce qu’on va décortiquer ici. Non pas pour juger Renaud Lavoie, mais pour réfléchir aux conséquences réelles d’un tel scénario.

Florian Xhekaj mérite-t-il une audition dès octobre, ou cette idée relève-t-elle du fantasme médiatique typique de la saison morte?

Renaud Lavoie ne s’est pas arrêté là. Il a même affirmé que « Florian est en retard. Il aurait dû arriver en séries. Il n’y a pas de “on veut lui donner du temps”. Je l’amène le plus vite possible. » 

Des mots qui résonnent fort, surtout dans un contexte où le CH a été balayé physiquement par les Capitals de Washington.

Florian Xhekaj, c’est 24 buts, 11 passes, 35 points en 69 matchs avec le Rocket de Laval cette saison, et 175 minutes de pénalité.

Ce n’est pas un joueur qui se cherche une identité. Il l’a trouvée, et elle n’est pas douce. Il frappe, il provoque, il dérange. Exactement ce qui a manqué au Canadien en séries.

Et ce qui rend le tout encore plus intrigant, c’est la relation avec son frère. Arber Xhekaj a d’ailleurs livré une citation émotive au sujet de Florian lors de son bilan de fin de saison : « Jouer avec lui, ce serait un rêve. Une chose qu’on a imaginée des milliers de fois dans la rue, avec des bâtons de plastique. Le vivre pour vrai, dans la LNH, ce serait spécial. »

Deux frères, deux bagarreurs, deux guerriers. Le genre de duo qui peut non seulement faire lever une foule, mais changer la dynamique d’un vestiaire. Les Xhekaj ne sont pas des joueurs ordinaires.

Ce sont des anomalies dans une ligue aseptisée, des throwbacks à l’époque où la robustesse n’était pas un luxe, mais une nécessité.

Dans ce contexte, la déclaration de Jeff Gorton prend tout son sens. « Nous savons tous que c’est possible que nous soyons plus jeunes. Mais nous devons équilibrer la partie jeune avec l’expérience. C’est le problème de Kent cet été. J’attends à ce qu’il trouve les réponses. »

Gorton ne cache rien. Il pousse Kent Hughes à agir, à prendre des décisions.

Et dans l’univers parallèle où Florian Xhekaj fait partie de l’alignement 2025-2026 du Canadien, la robustesse ne serait plus un problème. L’équipe gagnerait en poids, en intensité, en intimidation.

Le parallèle avec les Panthers de la Floride est évident. Sam Bennett, Matthew Tkachuk, Radko Gudas : ce sont des joueurs qui imposent le respect.

Et le CH en a cruellement manqué. Même Nick Suzuki l’a reconnu à demi-mot : « On doit être plus durs à jouer contre. »

Alors pourquoi ne pas lancer les dés avec Florian?

Il ne s’agit pas d’un pari insensé. Il s’agit d’un message. Un message que Montréal est prêt à se salir les mains, à miser sur le sang et la sueur, pas seulement sur le talent.

Il faut aussi revenir au contexte stratégique. Kent Hughes n’a jamais fermé la porte à cette avenue. Il a même souligné que certains jeunes du Rocket pourraient mériter une audition. 

« On a plusieurs joueurs qui cognent à la porte. Ça fait partie de notre plan de développement. Mais il faut s’assurer qu’ils soient prêts mentalement et physiquement. »

Florian, lui, semble prêt des deux côtés. Il a la tête, il a le cœur, et il a surtout le feu.

Évidemment, il y aura des critiques. Des voix s’élèveront pour dire qu’il n’est pas assez rapide, pas assez discipliné, pas assez raffiné.

Mais ce ne sont pas des critiques qu’on adresse à des joueurs de quatrième trio. Et c’est exactement là où il pourrait exceller.

Le CH a besoin  d’un agitateur qui n’a pas peur de brasser la cage. Et dans cette optique, Florian Xhekaj est plus une solution qu’un problème.

Encore faut-il que la direction ait le courage de faire ce choix. De dire oui à l’émotion, oui à l’intensité, oui à ce qu’on appelle trop souvent la « vieille école ».

Et ce n’est pas pour rien que Renaud Lavoie a insisté : « Si tu laisses partir un gars comme Arber, tu vas le regretter. Et c’est la même chose pour Florian. »

Renaud a raison. Ce n’est pas seulement une question de talent. C’est une question de culture. Et les Canadiens, s’ils veulent rivaliser avec les clubs les plus complets de la LNH, doivent maintenant miser sur l’identité autant que sur le flair.

Florian Xhekaj n’est peut-être pas encore une étoile. Mais il est déjà une étincelle. Et dans une ligue où les matchs se gagnent parfois avec des gestes invisibles à la feuille de pointage, il pourrait rapidement devenir indispensable.

Kent Hughes, la balle est dans ton camp.

Arber attend. Florian attend.

Le Centre Bell, lui, est prêt à rugir à l’unisson pour deux frères qui ont grandi dans le béton, mais qui rêvent maintenant d’écrire l’histoire sur glace.