Friction au Centre Bell: une taupe fait fuiter l'information sur Lane Hutson

Friction au Centre Bell: une taupe fait fuiter l'information sur Lane Hutson

Par David Garel le 2025-10-06

Le hockey québécois est secoué par une onde de choc qui dépasse largement les frontières de l’Alberta.

En acceptant une prolongation de contrat de deux ans à 12,5 millions $ par saison, Connor McDavid vient de redéfinir les règles du jeu… et de jeter de l’huile sur le feu d’une situation déjà hautement inflammable à Montréal.

Car pendant que le meilleur joueur de la planète laisse volontairement de l’argent sur la table pour aider les Oilers à gagner, le dossier Lane Hutson vire à la guerre ouverte dans les coulisses du Centre Bell.

Il ne fallait pas plus l'annonce de la prolongation de McDavid, quelques heures après que Friedman ait réaffirmé que Hutson et le Canadien étaient dans une impasse, pour que le climat explose dans les bureaux du CH.

La signature de McDavid est un geste perçu par les dirigeants du CH comme un signal d’humilité, de sacrifice collectif… et un désaveu indirect au clan Hutson, qui reste sur ses positions malgré les efforts répétés de Kent Hughes et Jeff Gorton de le convaincre d'accepter moins d'argent que Noah Dobson 

« Il aurait pu aller chercher 17 ou 18 millions facilement avec la montée du plafond salarial. Il a dit non. Il veut gagner. Il veut aider son équipe. »

Voilà le genre de commentaire qui circule abondamment dans les coulisses de la LNH depuis que le contrat de McDavid a été officialisé.

Et c’est précisément ce type de déclaration qui place Lane Hutson dans une position de plus en plus intenable médiatiquement.

Car si McDavid accepte moins d’argent pour permettre à son DG d’aller chercher du renfort, pourquoi un jeune défenseur, aussi prometteur soit-il, refuserait-il un contrat de 8 ans à 9 millions $ par saison, comme celui offert par le Canadien selon Elliotte Friedman ?

La comparaison devient toxique. Le clan Hutson savait que la signature de Kirill Kaprizov à 17 millions $ par saison avait fait grimper les attentes. Mais ils ne s’attendaient pas à ce que McDavid vienne, quelques jours plus tard, faire le chemin inverse… et accepte un aussi gros rabais maison.

C'est n'est pas l'unique tension. Les gens commencent à se demander s'il n'y a pas une taupe dans les murs du Centre Bell ?

Ce n’est pas qu’un affrontement contractuel. C’est désormais une guerre de communications. Quelqu’un, dans l’entourage immédiat du Canadien ou du joueur, a choisi de faire fuiter des détails confidentiels à Elliotte Friedman. 

Une fuite stratégique, calculée, destinée à réorienter l’opinion publique. La question qui déchire les étages du Centre Bell en ce moment est simple : qui a parlé ?

Friedman est clair :

« Le CH et le camp Hutson ne sont pas d’accord sur la philosophie. Le Canadien est ouvert aux bonus, aux paiements différés, à la convention de retraite. Mais le joueur ne veut rien savoir de tout ça. Il veut son plein salaire, comptant. Et vite. »

La révélation est brutale. Et elle n’a pas plu du tout à l’entourage de Hutson, qui juge que cette sortie publique vise à faire passer le jeune joueur pour un égoïste, incapable d’agir dans l’intérêt de l’équipe.

Plusieurs sources à l’interne parlent d’un climat extrêmement tendu, de cris derrière les portes closes, et même d’un blocage complet dans les négociations.

Elliotte Friedman n’a pas seulement parlé de divergence philosophique ou de désaccord financier. Il a évoqué quelque chose de bien plus préoccupant : l’intensité émotionnelle des négociations.

« Il y a beaucoup d’émotions dans ce dossier, a-t-il affirmé. Je pense que les deux clans doivent prendre un pas de recul, se regrouper et revenir à la table plus tard. »

Pour l’informateur de Sportsnet, la négociation est allée trop loin, trop vite, et a pris une tournure personnelle. Il compare même la situation à celle de Kirill Kaprizov au Minnesota, où les discussions étaient devenues tellement envenimées que le DG Bill Guerin avait dû se retirer momentanément du processus pour apaiser les esprits.

La tension est donc réelle et peut-être même dangereuse pour l’avenir de la relation entre Lane Hutson et l’organisation montréalaise.

Lorsqu’un analyste aussi mesuré que Friedman utilise des mots aussi lourds que « regroupement » et « pause nécessaire », c’est qu’on est au bord de la rupture.

Jeff Gorton et Kent Hughes ne décolèrent pas.

« On tente de protéger l’équipe à long terme. On veut faire une offre honnête, compatible avec le plafond. Et eux veulent redessiner toute l’échelle salariale. »

Voilà ce qui circulerait dans les conversations privées du top management.

La tension a atteint un autre niveau car c’était la dernière journée où les paiements différés étaient permis dans la LNH. 

Le Canadien voulait utiliser ce levier. Le clan Hutson a dit non. Friedman confirme : « Ils n’étaient pas ouverts à cette structure. Ils ne veulent pas de paiements échelonnés. Ils veulent tout maintenant. »

Et depuis que cette option est tombée, il ne reste qu’un levier au CH : la convention de retraite. Un outil fiscal canadien qui permet à un joueur américain de conserver plus d’argent net, même avec un contrat moins élevé, à cause des retours différés dans un compte en fiducie.

Une stratégie que Hughes tente de vendre au clan Hutson, qui ne veut savoir.  

Depuis l’échec des négociations, aucun joueur du CH n’a été autorisé à commenter le dossier Hutson. Ni Martin St-Louis, ni Nick Suzuki, n’ont été autorisés à répondre aux questions.

Et évidemment, Lane Hutson n'a pas parlé aux journalistes aujourd'hui.

Ce silence total, imposé par la direction, est révélateur. Il cache une fracture profonde entre deux visions : celle du joueur, qui veut plus que Luke Hughes (New Jersey) et Jackson LaCombe (Anaheim), eux qui ont décroché 9 M$ par année, et celle de l’équipe, qui rappelle que Hutson ne sera même pas joueur autonome complet avant 2031.

Le message de Kent Hughes est clair :

« Tu veux de l’argent ? Gagne tes galons d’abord. »

Le message du clan Hutson : « Si vous me croyez si important, payez-moi en conséquence. »

Le choc provoqué par la signature de McDavid risque de reconfigurer complètement l’échiquier salarial de la LNH. Et paradoxalement, il pourrait donner des arguments aux deux camps.

Pour le Canadien, c’est une preuve que même les plus grandes vedettes acceptent des sacrifices. Pour le camp Hutson, c’est l’aveu que la hiérarchie salariale est en train de se dérégler, et qu’il faut signer vite avant que le plafond explose.

Mais en coulisses, une chose est certaine : la confiance entre les deux clans est brisée. Les négociations devront reprendre sur de nouvelles bases.

Car pour l’instant, selon plusieurs sources proches du dossier, il n’y a plus de canal de communication actif entre le Canadien et les agents de Hutson.