Jacob Fowler envoie un message sans pitié à Samuel Montembeault.
Et le message vient de la bouche de José Théodore.
« Jacob Fowler n’a pas peur de lui. Point. »
C’est une gifle. Une claque en pleine face. Et elle ne vient pas d’un journaliste torontois ou d’un analyste sans visage sur les réseaux sociaux.
Non. Elle vient d'un ancien gagnant du trophée Hart. L’icône d’une époque pas si lointaine. Celui qui a déjà porté le chandail du Canadien avec une fierté qui transperçait le masque.
Et c’est justement à visage découvert qu’il vient de détruire l’aura fragile de Samuel Montembeault.
Invité du balado de Louis Morissette — son propre beau-frère — José Théodore n’a pas pris de détour. Pas de cachotteries. Il a lancé une véritable bombe.
Et elle explose encore.
« Jacob Fowler n’a pas peur de Samuel Montembeault », a-t-il affirmé, sans trembler.
« Ce n’est pas comme moi quand j’étais jeune et que Patrick Roy était là. Patrick Roy, c’est deux coupes Stanley, deux MVP. C’est intimidant. Tu marches dans le vestiaire, tu vois le gars, tu baisses les yeux. Même si t’es confiant, c’est difficile d’y croire quand t’es à côté d’un monument. »
Puis il poursuit. Et c’est là que la dévastation commence pour Montembeault.
« Mais là, Fowler, il regarde Montembeault… et il ne voit pas Patrick Roy. Il voit un gars normal. Un bon gardien, oui, mais pas un gardien qui te bloque l’ascension. Il n’est pas intimidé. Il se dit : “Je suis aussi bon, sinon meilleur.” »
Voilà le verdict. Froid. Cinglant. Et terriblement réel.
Et puis vient le moment où Théodore sort l’analogie la plus frappante de son intervention.
« C’est comme… je sais pas moi… t’es un acteur, t’as du talent, tu veux te faire une place. Mais si t’arrives sur le plateau pis que t’as Robert De Niro en face de toi, tu vas-tu vraiment dire : “Check-moi ben aller”? Non. Tu vas te dire : “Oh boy, je vais pas improviser devant ce gars-là.” »
C’est exactement ça que Théodore ressentait avec Patrick Roy. Une forme de paralysie. Et c’est exactement ce que Jacob Fowler ne ressent pas avec Samuel Montembeault.
Aucun vertige, aucun blocage. Il ne voit pas De Niro. Il voit un autre acteur, peut-être bon, peut-être même excellent… mais pas légendaire. Et c’est pour ça que Fowler ne recule pas. Il fonce.
Montembeault pensait peut-être avoir passé l’étape critique. Celle des doutes. Celle où il fallait toujours prouver qu’il avait sa place.
Il a « goalé » 62 matchs. Il a représenté le Canada. Il a volé des matchs au Tricolore. Il a même eu droit à une ovation du Centre Bell.
Mais tout ça… ne veut plus rien dire. Car une autre ère commence. Et le nom de cette ère, c’est Jacob Fowler.
Et Fowler n’a pas peur. Il n’a pas de complexe. Pas de révérence.
Comme le dit Théodore :
« Moi, à 19 ans, je devais affronter Jocelyn Thibault. Et déjà là, je me disais : il est bon, mais il n’a pas deux Coupes. Il n’a pas le même poids que Roy. C’est comme ça que tu prends la place. »
C’est ça qui rend cette situation aussi cruelle pour Montembeault. Ce n’est pas une question de performance. C’est une question de perception. Et José Théodore vient d’anéantir la sienne.
« Fowler voit Montembeault, et il ne voit pas une montagne. Il voit une colline. Et il se dit : je peux l’escalader. »
Bang.
C’est là que le cauchemar commence pour le Québécois.
Ce n’est plus Dobes qu’il doit surveiller dans son rétroviseur. C’est Fowler qui le regarde droit dans les yeux. Sans gêne. Sans peur.
Et l’ironie? C’est que Fowler a déjà pris les devants.
Il gagne tous ses matchs avec Laval. Il affiche un taux d’efficacité de .953 en séries. Il fait penser à Carey Price en 2007. Il est calme, posé, confiant. Et surtout : il a faim. Très faim.
Et José Théodore, lui, voit tout ça avec la lucidité de celui qui a déjà été le jeune affamé dans la pièce. Il le sait. Il le sent.
« Je ne dis pas ça contre Montembeault », glisse-t-il, comme pour amortir le coup.
« Mais c’est ça, la réalité. Quand t’as un jeune qui n’a pas peur, qui ne sent pas la pression d’un monument devant lui… il avance. »
Traduction? Montembeault est remplaçable. Il est un pont. Pas une forteresse. Et Jacob Fowler est déjà prêt à le traverser.
Il y a quelque chose de terriblement triste dans cette histoire.
Montembeault n’a jamais été un chouchou. Il s’est battu pour chaque minute de jeu. Pour chaque contrat. Pour chaque signe de reconnaissance.
Et alors qu’il pensait, enfin, avoir gravi la montagne… on lui enlève la cime. On lui dit que la vraie ascension commence… sans lui.
Théodore, lui, ne fait que nommer ce que plusieurs pensent tout bas.
Fowler n’a pas peur.
Et si le vestiaire, les dirigeants, les partisans, commencent à le croire… alors Samuel Montembeault n’aura plus qu’un rôle : celui d’un gardien de transition.
Le message est lancé. Et il ne vient pas d’un nobody.
Il vient de José Théodore. Le gars qui a vu, vécu, et conquis Montréal.
Et s’il dit que Jacob Fowler est prêt à tasser Montembeault, c’est qu’il voit la fin venir.
Une fin injuste. Mais inévitable.