Fuite commerciale: Nick Suzuki envoyé aux Olympiques avec le Canada

Fuite commerciale: Nick Suzuki envoyé aux Olympiques avec le Canada

Par David Garel le 2025-12-29

À moins de 48 heures du dévoilement officiel de la formation canadienne pour les Jeux olympiques de Milan-Cortina, une chose devient impossible à ignorer : le dossier Nick Suzuki n’est plus une simple discussion sportive, c’est devenu un test d’équité pour Hockey Canada.

Parce que si on met de côté les narratifs, les jeux d’influence, les silences lourds et les préférences politiques, il reste une réalité, chiffrée, documentée, appuyée par des entraîneurs respectés et assumée par le principal intéressé lui-même.

Depuis le 1er janvier 2025, seulement deux joueurs canadiens ont récolté plus de points que Nick Suzuki : Connor McDavid et Nathan MacKinnon. Personne d’autre. On parle de deux superstars générationnelles.

Suzuki, lui, suit immédiatement derrière, avec 95 points en 83 matchs, une cadence directement comparable à celle de Sidney Crosby au même stade de sa carrière.

Si on élargit l’échantillon à l’ensemble de la dernière saison, incluant l’automne 2024, seuls Mitch Marner, Mark Scheifele et Cale Makar s’intercalent entre Suzuki et le duo McDavid-MacKinnon.

Ce n’est pas une liste flatteuse par accident. C’est l'élite. Et Suzuki en fait partie, mathématiquement.

En avantage numérique depuis le 1er janvier, seuls McDavid et Wyatt Johnston ont fait mieux que lui.

Au différentiel, Suzuki affiche un +30, un chiffre que très peu de centres canadiens peuvent revendiquer dans un rôle aussi exposé.

Ce n’est pas un joueur protégé par son environnement. C’est le capitaine d’une équipe qui sort de sa reconstruction et qui joue contre les meilleurs trios adverses, soir après soir.

Et ce plaidoyer ne vient pas seulement des chiffres.

Deux entraîneurs-chefs respectés de la LNH, Paul Maurice (Panthers) et Spencer Carbery (Capitals), n’ont laissé aucune place à l’ambiguïté.

« Il peut absolument jouer dans l’équipe olympique », tranche Maurice, sans détour.

« Sans aucun doute », renchérit Carbery, en soulignant son jeu dans les deux sens de la patinoire, sa constance, sa maturité, sa capacité à marquer de gros buts et à remplir toutes les missions possibles pour un centre moderne.

« Je crois qu’avec son jeu sur 200 pieds, Nick s’est placé dans une très bonne position au cours des dernières années. Je l’ai vu devenir un joueur de centre complet qui peut jouer dans toutes les situations et marquer de gros buts. Il est un pilier pour le Canadien. Il frappe à la porte d’Équipe Canada ; il est tout près. »

Même discours du côté de Montréal, où Martin St-Louis parle d’un joueur qui n’a pas fini d’évoluer, d’un attaquant devenu l’un des meilleurs two-way de la ligue, d’un « couteau suisse » capable de jouer au centre ou à l’aile, en avantage numérique comme en désavantage, sur la ligne des buts, au pivot ou sur le flanc. Un joueur, insiste-t-il, pour qui il n’y a pas grand-chose d’impossible.

« Il n’y a pas grand-chose qu’il ne peut pas faire. Son intelligence élevée lui permet de jouer n’importe quel rôle. »

Et pourtant.

Malgré tout cela, Suzuki vit ces jours-ci avec une pression qu’il n’essaie même plus de cacher. Il parle ouvertement d’anxiété, de cette impression constante qu’un bon match le rapproche et qu’un mauvais l’éloigne, de cette attente lourde qui pèse sur chacune de ses présences.

Il l’a dit franchement : être capitaine du Canadien et porter la feuille d’érablel, ce serait spécial. Il est prêt à accepter n’importe quel rôle. Même celui de 13e ou 14e attaquant. Il ne demande pas un trône. Il demande une chance équitable.

C’est là que l’histoire prend une tournure troublante.

Dans les dernières heures, Fanatics Canada, partenaire officiel de la LNH pour les produits licenciés, a mis en ligne de nouveaux articles liés aux Jeux olympiques de 2026. Certains sont à l’effigie de joueurs précis. McDavid y est. Crosby y est. Et Nick Suzuki y est aussi.

Certains joueurs déjà confirmés comme Cale Makar n’y figurent même pas.

Est-ce un hasard ? Peut-être.

Est-ce révélateur ? Impossible à affirmer.

Mais dans un écosystème où les partenaires commerciaux anticipent, testent et capitalisent sur les visages appelés à représenter le pays, voir Suzuki apparaître dans ce groupe restreint n’est pas anodin.

Fanatics ne mise pas sur des noms au hasard. Elle mise sur des profils vendables, crédibles, projetables dans l’imaginaire collectif.

Tout converge vers la même question, simple et brutale : si Nick Suzuki n’est pas assez bon pour Équipe Canada, alors qu’est-ce qu’on cherche exactement ?

Un centre plus productif ? Il n’y en a pratiquement pas.

Un joueur plus responsable ? Les entraîneurs adverses disent l’inverse.

Un profil plus polyvalent ? On peine à en trouver.

Un leader plus mature ? Il porte déjà le « C » dans le marché le plus exigeant de la ligue.

Dans moins de deux jours, les dirigeants remettront leur formation. Et quoi qu’ils décident, une chose est certaine : personne ne pourra honnêtement dire que Nick Suzuki n’a pas tout fait pour mériter sa place.

Si son nom n’est pas prononcé mercredi midi, ce ne sera pas un échec personnel. Ce sera un choix idéologique. Et il faudra l’assumer.

« J’espère en avoir assez fait. On verra »

Nos pensées sont avec lui.