Gary Bettman n’a pas manqué l'occasion d’humilier la ville de Québec

Gary Bettman n’a pas manqué l'occasion d’humilier la ville de Québec

Par André Soueidan le 2025-05-10
lnh gary bettman

La ville de Québec attend depuis près de 30 ans. Elle a bâti un amphithéâtre moderne. Elle a fait ses preuves comme marché passionné et rentable.

Elle a patienté dans le silence, avec dignité.

Et pourtant, Gary Bettman, une fois de plus, vient de la jeter en bas du podium, sans un regard, sans un mot, sans un remords.

Depuis leur départ en 1995, les Nordiques représentent un vide dans le cœur des amateurs de hockey à Québec.

La ville a changé, le marché a évolué, l’offre s’est adaptée. Avec la construction du Centre Vidéotron, Québec a envoyé un message clair à la LNH : "On est prêts. Envoyez-nous une équipe."

Mais le message ne semble jamais atteindre New York.

Vendredi, en marge du match entre les Leafs et les Panthers, Gary Bettman a laissé entendre que la ville d'Atlanta pourrait accueillir une équipe pour la troisième fois de son histoire.

Une déclaration qui ne serait qu’anecdotique si elle ne venait pas résonner comme une gifle de plus pour Québec.

Les Flames ont quitté Atlanta en 1980, les Thrashers en 2011.

Deux départs, deux échecs cuisants. Et pourtant, c’est encore cette ville-là que Gary Bettman décide de flatter dans le sens du portefeuille.

Pendant ce temps? Québec attend.

Québec remplit les gradins pour des matchs de présaison.

Québec rêve encore des Nordiques.

Et Bettman? Il ne manque pas une occasion de les ridiculiser. La dernière fois que le nom de Québec est sorti de sa bouche avec un semblant de respect, on était encore à la pièce jointe.

Pendant que l’homme d’affaires Vernon Krause achète des terrains, obtient des autorisations de zonage et promet un dossier complet pour une nouvelle équipe à Atlanta, Bettman répète les mêmes phrases tièdes : pas de groupe, pas de garantie, pas de vote tant qu’on n’a pas d’entente avec l’Association des joueurs.

Traduction : jamais. Parce que la vérité, c’est que Gary Bettman n’a jamais voulu de Québec dans son plan.

Trop petit. Trop nationaliste. Trop francophone. Trop différent. Trop fière, peut-être.

Il réécrit l’histoire de ses propres échecs. Quand on lui parle des deux fiascos à Atlanta, Bettman balaye le tout du revers de la main : « Ce n’est plus la même ville. Elle est plus forte, plus robuste, plus mûre. »

Une phrase qui, à elle seule, résume l’hypocrisie ambiante. Si la croissance économique d’un marché suffit à annuler deux abandons de franchise, comment expliquer que Québec, avec son aréna flambant neuf et ses bilans de présaison exemplaires, n’ait même pas droit à une discussion sérieuse?

Depuis des années, la ville de Québec tente de faire valoir son dossier.

Des groupes comme Quebecor ont même publiquement déclaré leur intérêt. Et pourtant, aucun signe de la LNH.

Aucun engagement. Aucun vote. Pourquoi? Bettman donne une réponse passe-partout : « Il faut un groupe solide, un plan complet, une stabilité syndicale. » Une façon polie de dire : allez jouer ailleurs.

La différence de traitement entre Atlanta et Québec est criante.

Un marché anglophone, au sud des États-Unis, reçoit le bénéfice du doute une troisième fois. Un marché francophone, fidèle, historique, n’a jamais reçu de seconde chance.

Québec est exclue non pas parce qu’elle est inapte, mais parce qu’elle dérange. Et pendant ce temps, Gary Bettman parle d'Atlanta comme d'une perle à redécouvrir. Le cynisme est total.

Ce n’est plus une coïncidence. C’est une stratégie.

Chaque apparition publique de Bettman est une nouvelle opportunité pour ignorer Québec, l’effacer de la carte, l’enterrer sous des réponses vagues et des sourires de plastique.

Bettman n'a pas oublié Québec. Il fait semblant de ne plus la voir. Et c'est encore pire.

Et c’est là que le coup de théâtre devient insoutenable. Parce qu’en 2011, ce n’est pas Québec qui a accueilli les Thrashers d’Atlanta après leur deuxième échec cuisant. C’est Winnipeg. Une ville qui, comme Québec, avait perdu son équipe dans les années 90. Une ville qui avait, elle aussi, pleuré le départ de ses héros. Mais une ville à qui la LNH a offert la rédemption.

Aujourd’hui, ces Thrashers sont devenus les Jets. Une franchise stable. Compétitive.

Soutenue par une base partisane passionnée et engagée. Bref, la preuve vivante que le retour d’une équipe dans une ville de hockey, ça fonctionne… quand on donne une vraie chance.

Et pendant que Winnipeg prospère avec l’ancien échec d’Atlanta, Québec regarde passer le train.

Encore. Bettman l’a dit : les échecs du passé ne veulent plus rien dire. Sauf quand il s’agit de Québec. Là, on cherche encore des excuses.

C’est ça, l’injustice. Pas dans ce qui est dit. Mais dans ce qui est fait.