Ce soir, Montréal va vibrer. Pas seulement pour un match de hockey. Mais pour une célébration d’identité, de jeunesse, de mémoire et de fierté.
Le Centre Bell ouvre ses portes à ce qui s’annonce comme l’une des cérémonies les plus marquantes des dernières années, alors que le Canadien dispute son match d’ouverture à domicile contre le Kraken de Seattle.
Et pour l’occasion, Geoff Molson ne reculera devant rien. Le propriétaire du CH est prêt à payer l’amende imposée par la LNH pour avoir repoussé la mise au jeu bien après l’heure prévue.
Pas question de gâcher une seconde d’émotion. La rondelle ne touchera la glace qu’à 19h19, et Molson, lui, assume jusqu’au dernier dollar.
Pourquoi 19h19? Parce que cette soirée sera d’abord et avant tout un hommage au passé, et un pont tendu vers l’avenir.
On célébrera la mémoire de Ken Dryden, légende du club décédée en septembre, dans une cérémonie qui s’annonce sobre, mais profondément émotive. Les projecteurs, les silences, les souvenirs, tout convergera vers cet instant où Montréal rend hommage à un géant.
Mais aussitôt l’émotion passée, le party va éclater. Et c’est là que le Canadien a décidé de faire les choses autrement.
Chaque joueur, sa chanson. Et la foule comme chef d’orchestre.
Pour la première fois, chaque joueur sera présenté au son d’une chanson qu’il a lui-même choisie. Une touche personnelle, à la fois intime et spectaculaire. Une manière de connecter l’individu à la foule. De transformer une annonce de nom en véritable moment d’adhésion populaire.
Certains ont choisi des classiques. D’autres, des surprises. Mais Zachary Bolduc, lui, a décidé d’y aller en français. Avec cœur.
« Je ne vous dirai pas c’est quoi, je vais vous laisser la surprise, mais c’est en français. C’est québécois. Je voulais que ce soit quelque chose qui parle au monde ici. »
Bolduc est ému. Ça se sent. Ce sera son premier match au Centre Bell avec la foule montréalaise derrière lui. Il s’attend à être acclamé, et il est prêt à s’en nourrir.
« Je vais avoir beaucoup de famille ce soir. Ça va être une belle journée. Il y aura de l’excitation, un peu de nervosité, mais je veux transformer ça en énergie positive. Au final, c’est un match de hockey. On joue sur une patinoire comme les autres. Faut juste marquer plus de buts que l’adversaire. »
Pas de fausse modestie. Juste un jeune homme bien préparé, concentré, et excité de faire partie d’un moment historique.
Zack Attack est dans son élément.
Depuis son arrivée de Saint-Louis, Bolduc a fait taire tous ses détracteurs. Deux buts déjà. Une attitude irréprochable. Un engagement physique qu’on ne lui connaissait pas. Et une capacité à se fondre dans le système de Martin St-Louis sans jamais ralentir le jeu.
« C’est sûr que le premier but, c’est un soulagement. Mais je ne veux pas que ce soit juste ça. J’essaie de bien jouer, de me concentrer sur les détails. Et honnêtement, mes coéquipiers me facilitent la vie. On est excités de jouer ici, devant nos fans. »
Ce soir, Bolduc deviendra officiellement un joueur du Canadien, dans le sens émotionnel du terme. Ce moment où la foule t’adopte, te reconnaît, t’acclame. Il est prêt.
L’autre nom que tout le monde attend de crier : Lane Hutson.
La veille du match, le CH a sorti le chéquier : 8 ans, 70,8 millions de dollars pour sécuriser le génie offensif du jeune défenseur.
Une signature qui change tout. Le stress du contrat s’évapore. Hutson peut respirer. Et Montréal peut l’aimer sans crainte.
Ce soir, quand son nom sera annoncé, l’ovation risque de secouer les fondations du Centre Bell. Et Molson sait que ça vaut chaque sou de l’amende imposée par la ligue.
Hutson, pour sa part, n’a pas connu un début de saison spectaculaire. Un seul point en trois matchs. Des ajustements défensifs encore fragiles.
Mais l’organisation sait ce qu’elle a entre les mains : un quart-arrière de 20 ans capable de changer un match avec une passe. Et un joueur qui peut porter le club plus loin que prévu si le déclic se produit.
Avec deux victoires en trois matchs sur la route, le Canadien rentre à Montréal dans un état d’esprit conquérant. On oublie la défaite crève-cœur à Toronto. Le groupe a montré de la résilience, du caractère, et un véritable engagement au plan de jeu.
Samuel Montembeault sera devant le filet. Joey Daccord, chez le Kraken, devrait lui faire face. Ce n’est pas un duel de vedettes. C’est un duel d’équipes. Et en ce moment, le CH joue en équipe.
« Je pense qu’on joue bien. Même contre Toronto, on était dans le match. Là, on rentre chez nous avec du momentum. Faut juste offrir notre meilleur match. »
Autre grand gagnant de la semaine : Cole Caufield.
Pas seulement pour son premier but. Mais pour son évolution. Caufield est partout. Physiquement engagé. Positionné intelligemment. Impliqué défensivement. Et quand l’espace s’ouvre, il punit. C’est exactement ce que Martin St-Louis réclame. Et Cole livre.
« Quand on pense à Caufield, on pense aux buts. Mais cette semaine, on a vu un joueur complet. C’est ça, l’étape suivante pour lui. Et il la franchit. »
Ce soir, la magie opérera. C’est une tradition à Montréal. Le premier match au Centre Bell, c’est plus qu’un match : c’est une déclaration d’intention.
Molson le sait. Il a validé chaque seconde de cette cérémonie. Il paiera l’amende sans jamais s’en plaindre. Parce qu’il veut offrir un spectacle. Faire vivre une émotion. Provoquer un moment.
Et tout est en place pour que ce soit inoubliable :
Un hommage à Ken Dryden.
Des présentations musicales personnalisées.
Une équipe jeune qui inspire.
Un nouveau contrat pour Hutson.
Un Bolduc en feu.
Une foule prête à exploser.
Une soirée, une ville, une émotion.
Ce soir, Montréal ne pensera pas à la Coupe Stanley. Ni aux classements. Ni aux projections. Ce soir, la ville va se rassembler pour vivre du hockey comme elle seule sait le faire.
Et même si le CH n’est pas encore une puissance de la LNH, il est devenu un club qu’on a envie de suivre, d’aimer, de croire. Un club qui parle à ses partisans, qui écoute ses jeunes, qui paie ses étoiles, et qui sait quand il est temps de sortir le grand jeu.
Geoff Molson a sorti le chéquier. Martin St-Louis a préparé son groupe. Zachary Bolduc a choisi sa chanson. La foule, elle, n’attend qu’une chose : tout donner.
Ce soir, Montréal va vibrer. Et tour le monde va oublier ce 19h19... et l'amende que le proprio va payer les yeux fermés...