Le Centre Bell a retenu son souffle pendant une fraction de seconde.
La mise en échec de Rasmus Ristolainen sur Juraj Slafkovsky, en pleine zone neutre, a claqué sec, brutale, spectaculaire. Slafkovsky a été projeté sur le derrière, le bruit a résonné, la foule a réagi d’un seul mouvement.
Même Ivan Demidov n’a pas hésité une demi-seconde avant d’aller défendre son coéquipier, assénant un double-échec à Ristolainen, qui s’est affaissé au sol comme s’il venait d’être foudroyé.
HUGE HIT BY RASMUS RISTOLAINEN ON SLAFKOVSKY AND THEN HE DRAWS A PENALTY. WELCOME BACK.#LetsGoFlyers pic.twitter.com/CrKdN1gPoO
— Flyers Clips (@Flyers_Clips) December 17, 2025
Le Canadien a écopé d’une pénalité, évidemment, mais ce n’est pas ce geste-là qui a fait jaser après le coup de sifflet.
Ce qui a glacé l’atmosphère, c’est ce qui s’est passé immédiatement après. La réaction de Juraj Slafkovsky. Pas envers l’adversaire. Pas envers les arbitres. Envers son propre coéquipier.
Slafkovsky s’est retourné vers Adam Engstrom, l’a fixé longuement, a verbalisé, a gesticulé.
Le message était clair, visible, impossible à manquer.
La passe était dangereuse. Une passe suicide.
Une passe qui l’a exposé au centre de la glace.
Et au lieu de ravaler ça, au lieu de passer à autre chose, Slafkovsky a choisi de blâmer publiquement un défenseur recrue, devant 21 000 personnes, devant les Flyers, devant les caméras.
C’est là que le problème commence.
Oui, la passe d’Engstrom était risquée.
Oui, dans un manuel de hockey conservateur, on peut dire qu’elle l’a placé dans une situation vulnérable.
Mais le hockey de la LNH, surtout pour un ailier de 6 pieds 3 pouces repêché premier au total, ce n’est pas un sport où tu tends ton bâton au centre de la glace sans être conscient de ce qui s’en vient.
Slafkovsky a lu la passe, il l’a acceptée, il s’est avancé. Il a fait un choix. Et ce choix-là comporte des conséquences.
Ce qui ne fait pas partie des conséquences normales, c’est d’humilier publiquement un coéquipier de 19 ans qui en est à peine à ses dix premiers matchs dans la Ligue nationale.
Adam Engstrom est une recrue.
Un jeune défenseur encore en période d’adaptation. Un joueur qui apprend le tempo, la vitesse, les angles, la pression.
Ce genre de linge sale, ça se règle dans le vestiaire, à l’entraînement.
Pas au centre de la glace, sous les projecteurs, après une mise en échec qui a déjà mis tout le monde sur les nerfs.
Slafkovsky n’est plus un gamin. Il est un premier choix au total.
Il est sous contrat à long terme. Il est supposé être un pilier, un exemple, un leader par son comportement. Pas une diva qui règle ses frustrations à chaud en pointant du doigt un coéquipier plus jeune que lui.
Et c’est là que le malaise s’installe.
Parce que ce geste-là, aussi bref soit-il, en dit long. Il parle de gestion des émotions. Il parle de maturité. Il parle de compréhension du vestiaire.
Dans la LNH, tu peux avoir raison sur le fond, mais si tu as tort sur la forme, tu viens de perdre ton point.
Le contraste est frappant quand on regarde la réaction de Demidov.
Lui aussi est jeune. Lui aussi est exposé. Lui aussi apprend la ligue. Mais son réflexe a été de défendre son coéquipier, point final. Pas de reproches. Pas de regard accusateur. Juste une réponse instinctive de groupe.
C’est exactement ce qu’on attend dans un vestiaire sain.
La séquence mérite d’être revue, et elle le sera, parce qu’elle soulève une vraie question sur l’évolution de Slafkovsky.
On ne parle pas ici de talent, ni de production, ni de progression sur la glace. On parle d’attitude. De responsabilité. De ce que ça signifie, porter le statut qu’il porte à Montréal.
Ristolainen drops Slafkovsky, and then Demidov goes after him. #GoHabsGo pic.twitter.com/deYDsOVJ24
— Marc Dumont (@MarcPDumont) December 17, 2025
Le Canadien est une équipe jeune, fragile par moments, encore en construction.
Ce genre de réaction publique ne fait qu’ajouter de la pression inutile sur un joueur qui essaie simplement de survivre dans la meilleure ligue au monde.
Adam Engstrom n’avait pas besoin de ça. Le vestiaire non plus.
Tu peux être frustré. Tu peux être en colère. Tu peux même avoir raison. Mais tu ne règles jamais ça de cette façon-là.
Pas quand tu es Juraj Slafkovsky. Pas à Montréal. Pas devant tout le monde.
Misère...
