Gestion de crise dans le vestiaire: Martin St-Louis averti par Dany Dubé

Gestion de crise dans le vestiaire: Martin St-Louis averti par Dany Dubé

Par David Garel le 2025-04-10

C’est ce qu’on appelle une sortie calculée, chirurgicale, mais percutante.

Invité au micro de Mario Langlois sur les ondes du 98.5 FM, Dany Dubé n’a pas simplement livré une analyse technique sur l’arrivée imminente d’Ivan Demidov à Montréal. Il a lancé un véritable message de gestion de crise à Martin St-Louis et au Canadien de Montréal.

Un avertissement, même. Oui, l’arrivée de Demidov est un événement historique, mais le vestiaire est fragile, et les risques de jalousie sont bien réels.

« Ce que tu as bâti est fragile » – Dany Dubé

Dubé, en bon technicien, n’a pas voulu verser dans l’euphorie aveugle. Il a été clair : les Canadiens savent très bien ce qu’ils ont entre les mains avec Demidov, mais cela ne signifie pas qu’ils doivent tout chambarder.

« Les Canadiens savent très bien qu’ils ont un joueur entre les mains qui peut faire une différence comme Lane Hutson. »

Mais là où l’analyse devient cinglante, c’est quand il rappelle le coût émotionnel de la remontée actuelle du CH. Ce groupe s’est soudé dans l’adversité, à travers des sacrifices, de la sueur et des renoncements.

On ne peut pas simplement introduire un prodige russe sans mesurer les conséquences psychologiques dans le vestiaire.

« Pour les deux prochains matchs, tout au moins jusqu’à ce que l’équipe se classe officiellement en séries, je ne vois pas le besoin de briser ce qu’on a bâti au cours des deux derniers mois. »

« L’entraîneur a travaillé très, très fort pour bâtir quelque chose. Il y a des joueurs qui ont fait des sacrifices, qui ont accepté des rôles moins importants au sein de l’équipe.

À un moment donné, c’est fragile. Je pense que ça, les gens de hockey le comprennent très bien. »

Ce que Dany Dubé ne dit pas en toutes lettres, mais que l’on comprend entre les lignes, c’est que la jalousie est tapie dans l’ombre, prête à exploser si un joueur comme Demidov arrive et vole du temps de jeu ou éclipse des vétérans établis. Il faudra intégrer Demidov avec doigté.

Autre point fort de son intervention : Dubé trace une ligne rouge autour de deux trios qu’il estime intouchables. Le premier est celui de Nick Suzuki, Cole Caufield et Juraj Slafkovsky

. Le second, plus inattendu mais tout aussi précieux selon lui, est celui de Christian Dvorak avec Gallagher et Anderson.

« Il est hors de question de démembrer le trio de Nick Suzuki (avec Caufield et Slafkovsky) ou celui de Christian Dvorak (avec Gallagher et Anderson). »

Pourquoi? Parce que ces trios ont contribué activement à la résurrection du Canadien, et enlever un morceau de l’équation maintenant serait jouer avec le feu.

Selon Dubé, Demidov ne doit en aucun cas entrer par effraction dans une dynamique qui fonctionne.

Et c’est ici que Dany Dubé frappe fort. Pour lui, la seule combinaison logique, la seule qui respecte le travail du groupe et maximise le talent de Demidov, c’est de l’aligner avec Patrik Laine et Oliver Kapanen.

Pas parce que ce sont les meilleurs joueurs disponibles, mais parce qu’ils représentent la meilleure opportunité d’intégration douce, sans briser l’équilibre.

« Le meilleur fit, pour ne pas ébranler ce que tu as bâti, c’est de le placer avec un autre nouveau venu (Kapanen). Et Demidov est un bon fabricant de jeu. Je le fais jouer avec le 92… »

Cette déclaration a fait bondir plusieurs partisans qui espéraient un trio de rêve avec Suzuki ou Caufield, mais Dubé refuse l’émotion.

Il privilégie la logique. En alignant Demidov avec un autre nouveau venu (Kapanen) et un franc-tireur (Laine), on crée un trio inédit, qui ne menace aucune hiérarchie interne existante, tout en utilisant les forces de chacun.

Ce choix n’est pas sans controverse. Car Oliver Kapanen, malgré sa belle progression, est encore un inconnu aux yeux des partisans.

Lui offrir Demidov sur un plateau  pourrait faire jaser.

Mais c’est précisément là où Dany Dubé veut en venir : si Demidov doit jouer, autant le faire avec un joueur aussi nouveau que lui, pour minimiser les tensions. En d’autres mots, les deux seront jugés sur leur mérite, ensemble.

Et dans ce trio, Laine devient le stabilisateur. Un joueur qui en a vu d’autres, qui commence à assumer ses responsabilités, et qui peut libérer de l’espace à Demidov sans avoir l’égo fragile d’un jeune en quête de validation.

La déclaration de Dany Dubé est bien plus qu’un choix de trio. C’est un appel à la prudence, un avertissement à Martin St-Louis et à Kent Hughes : ce vestiaire est une œuvre fragile, forgée dans l’adversité, et le moindre faux pas pourrait coûter une saison.

Demidov est un joyau, mais il doit être taillé avec soin.

L’associer à Kapanen, un autre nouveau, permettrait de limiter les tensions. Ajouter Laine, c’est donner à ce trio une structure offensive sérieuse, sans menacer Suzuki, Slafkovsky, Dvorak ou Gallagher.

Et surtout, c’est éviter une fracture dans une chambre qui commence à croire en ses chances.

Dany Dubé, dans sa sagesse, rappelle une chose : les séries ne se gagnent pas avec des noms, mais avec des groupes.

Et pour gagner en groupe, il faut éviter les jalousies, les blessures d’orgueil, et les erreurs d’ego.

Ce n’est pas seulement une affaire de hockey.

C’est une partie d’échecs émotionnelle que Martin St-Louis devra jouer avec finesse.

Demidov arrive.

Mais c’est la façon dont il sera accueilli qui déterminera jusqu’où ira le Canadien.