Ça sent le retour en arrière à plein nez à Montréal.
Pas une projection réfléchie, pas un plan clair à long terme.
Un réflexe. Une réaction. Une organisation qui se retourne sur elle-même au premier imprévu.
Jake Evans se blesse. Panique immédiate.
Et la réponse? Samuel Blais.
Un nom qu’on avait déjà rayé.
Un joueur qu’on avait laissé filer au ballottage en octobre parce qu’il ne cadrait pas avec la structure de Martin St-Louis, parce que le rythme n’y était pas, parce que ça ne collait pas.
Et voilà qu’à Noël, le Canadien le rappelle comme solution d’urgence. Pas comme projet. Comme pansement.
Le plus ironique là-dedans, c’est que Samuel Blais n’a rien à se reprocher.
Absolument rien.
À Laval, le gars a fait ce qu’on attend d’un pro qui se fait tasser : il a répondu sur la glace.
Trois buts, six passes en neuf matchs. Un point par match. De l’énergie. De l’impact. De la constance. On ne peut rien lui enlever.
Mais la question n’est pas là.
La question, c’est pourquoi le Canadien se retrouve encore à réparer ses propres erreurs au lieu d’avancer.
Parce que ce rappel-là ne vit pas seul. Il s’inscrit dans une séquence. Phillip Danault qu’on ramène après l’avoir laissé partir au sommet de sa valeur.
Dans cette suite de décisions qui donnent l’impression d’un retour constant en arrière, le cas de Christian Dvorak mérite d’être rappelé correctement, parce qu’il n’a rien à voir avec une erreur subie ou un mauvais concours de circonstances.
Dvorak n’a pas été perdu par accident, ni au ballottage, ni faute de place.
Le Canadien a choisi de le laisser partir sur le marché des joueurs autonomes. Volontairement. En pleine connaissance de cause.
Résultat : Dvorak signe à Philadelphie, à un prix tout à fait raisonnable, dans un rôle clair, pendant que Montréal se retrouve quelques mois plus tard à payer un choix de deuxième ronde pour rapatrier Phillip Danault, plus vieux, plus avancé dans sa courbe, pour combler exactement le même type de lacune au centre, côté gaucher.
Même problème. Même fonction. Mais corrigée à reculons, avec un coût d’acquisition supplémentaire.
C’est là que le malaise s’installe. Pas parce que Danault revient ... le joueur peut encore rendre des services ... mais parce que l’organisation se retrouve à réparer aujourd’hui ce qu’elle avait sous la main hier, sans raison structurelle valable.
On n’a pas perdu Dvorak. On l’a laissé partir. Et quelques mois plus tard, on reconnaît implicitement que le trou qu’il occupait… existe toujours.
Toujours la même logique : on recule pour colmater.
À un moment donné, ça devient un pattern.
Une organisation qui regarde constamment dans le rétroviseur au lieu de regarder la route devant.
Qui tente de corriger le passé plutôt que d’assumer ses décisions et d’en bâtir de nouvelles.
Et non, ce n’est pas une attaque contre Blais.
Lui, il fait exactement ce qu’un joueur doit faire quand on lui donne ... encore ... une chance.
Parce qu’on ne parle plus d’une deuxième chance ici.
On parle d’une troisième. Peut-être d’une quatrième. Et c’est là que le malaise organisationnel apparaît.
Parce que personne ne sait même s’il va être inséré dans l’alignement.
Personne ne sait quel rôle on veut lui donner.
Personne ne sait si c’est temporaire ou si on tente encore de se convaincre que ça peut fonctionner.
Ce n’est pas une vision. C’est une réaction.
À Montréal, on adore dire Je me souviens. Mais à force de se souvenir, on finit par tourner en rond.
Le Canadien ne peut pas continuellement réparer des erreurs passées sans jamais assumer une direction claire.
À force de rappeler hier pour régler aujourd’hui, on finit par bloquer demain.
Samuel Blais mérite du respect pour ce qu’il fait à Laval.
Mais ce rappel-là parle beaucoup plus de la nervosité de l’organisation que de la progression du joueur.
Et ça, c’est exactement le problème.
Misère...
