Guerre d’ego inutile : Martin St-Louis s’en prend encore au 98,5

Guerre d’ego inutile : Martin St-Louis s’en prend encore au 98,5

Par André Soueidan le 2025-12-20

Rien de spectaculaire dans les mots.

Tout se passe dans le ton.

Dans le regard.

Dans ce qui est volontairement laissé en suspens.

Encore une fois, la conférence de presse de Martin St-Louis a glissé ailleurs que dans le hockey.

Pas à cause d’une déclaration controversée, mais à cause d’une réponse coupée net, livrée sans chaleur, sans nuance, sans égard pour ce qu’elle représente au-delà de la salle.

La question est pourtant simple.

Elle vient de Martin McGuire, au micro du 98,5 FM, la radio officielle du Canadien.

« Comment tu accueilles la motivation d’un gars qui veut se relancer? »

Une question humaine. Logique. Directement liée à l’arrivée de Phillip Danault et à ce que ce retour signifie dans un vestiaire déjà chargé en vécu.

Une question que des milliers de partisans se posent en même temps dans leur voiture, leur cuisine, leur salon.

La réponse?

« À bras ouverts. »

Trois mots. Point final. Regard froid. Aucun développement. Aucun contexte. Aucun effort pour expliquer ce que ça veut dire, concrètement, accueillir « à bras ouverts » un joueur qui revient après avoir été échangé, critiqué, et parfois idéalisé.

La réponse n’est pas fausse. Elle est vide. Et surtout, elle est livrée comme si la question dérangeait plus que le sujet lui-même.

C’est là que le malaise s’installe. Parce que ce n’est pas la première fois. Et parce que ce n’est jamais arrivé par hasard.

Depuis des semaines, la dynamique est la même.

Dès que la question vient de McGuire, le ton change.

Les réponses raccourcissent. Les silences s’allongent.

L’agacement devient irrefutable.

À l’inverse, aux journalistes suivants, St-Louis redevient posé, explicatif, parfois même pédagogique.

Le contraste est trop évident pour être ignoré.

Et ce n’est pas un détail anodin.

Refuser de développer une réponse à McGuire, ce n’est pas seulement fermer la porte à un journaliste.

C’est refuser de parler à tout un réseau.

À tout un bassin de partisans qui s’informent par ce canal-là.

À des gens qui n’ont aucun rôle dans cette tension et qui n’ont rien demandé d’autre que de comprendre ce qui se passe avec leur équipe.

Personne ne gagne dans cette guerre d’ego-là.

Pas le coach.

Pas le journaliste.

Surtout pas les partisans.

Le plus ironique, c’est que la question ne cherchait même pas à coincer St-Louis.

Elle offrait une occasion parfaite de parler de leadership, de maturité, de rédemption.

De montrer que le Canadien est capable d’intégrer un vétéran sans le réduire à un simple rôle défensif ou à un passé figé.

Au lieu de ça, la réponse sèche donne l’impression inverse : celle d’un entraîneur qui ne veut pas aller là, qui ferme la discussion avant même qu’elle commence.

Et dans ce cas précis, ça fait mal à tout le monde.

Au public, privé de réponses.

Au joueur, réduit à une étiquette.

À l’organisation, coincée dans une tension inutilement exposée.

C’est là que le « big picture » entre en jeu.

Le Canadien traverse une saison fragile, émotionnelle, scrutée à la loupe.

Chaque geste compte. Chaque ton aussi. La communication n’est pas un luxe à Montréal : c’est une responsabilité.

Et quand cette communication se brise à cause d’un conflit personnel, c’est toute la structure qui en paie le prix.

Chantal Machabée est là pour ça.

Pour rappeler que répondre à un journaliste, ce n’est pas nourrir son ego, c’est respecter le public.

Pour rappeler aussi que l’authenticité, aussi précieuse soit-elle, ne justifie pas tout. La transparence ne doit pas devenir sélective.

Oui, Martin St-Louis est direct.

Oui, il est franc.

C’est ce qui a bâti sa crédibilité.

Mais quand cette franchise se transforme en fermeture, quand elle devient une arme passive-agressive plutôt qu’un outil de dialogue, elle perd sa force.

Les partisans, eux, ne demandent pas une guerre.

Ils demandent des réponses. Ils veulent comprendre.

Et quand on leur coupe l’accès à ces réponses pour régler des comptes qui ne les concernent pas, c’est là que ça devient contre-productif.

Ce matin-là, ce n’est pas ce qui a été dit qui a marqué.

C’est ce qui a été refusé.

Parfois, la solution est pourtant simple : répondre à la question.

Pas à l’ego. Pas à l’individu. À la question.

Misère...