C’est le genre de « move » qui ferait sourire… si la situation n’était pas aussi pathétique.
Dimanche, les Penguins de Pittsburgh ont acquis Arturs Silovs, le gardien obscur des Canucks de Vancouver qui , en retour de Chase Stillman et d’un choix de quatrième ronde en 2027. Oui, un gardien des mineures, qui a brillé en séries… dans la LAH. Un pari, un espoir, un cache-misère.
Certains vont évidemment sauter à la défense d’Arturs Silovs, en répétant qu’il a été le joueur par excellence des séries éliminatoires dans la Ligue américaine, qu’il a remporté la Coupe Calder avec Abbotsford, qu’il a signé une brillante moyenne de 2,01 buts alloués avec un taux d’efficacité de ,931 sur 24 matchs.
Oui, c’est vrai. Il a aussi blanchi les Predators dans un match décisif en séries de la LNH l’année précédente. Il est athlétique, il a du flair, il bouge bien latéralement. On peut même dire que c’est un clutch performer, comme dirait le monde des stats avancées.
Mais ça, c’est le genre d’argument que Kyle Dubas va brandir pour justifier l’injustifiable. Parce que peu importe les beaux chiffres en séries dans la AHL, Silovs n’a rien prouvé dans la LNH sur une longue période.
On ne bâtit pas une équipe autour d’un gardien de 19 matchs de saison régulière en trois ans. Surtout pas quand on a déjà accordé 26,875 millions $ à Tristan Jarry, un gardien que tout le monde dans la ligue sait incapable de tenir un filet de manière constante.
Le vrai problème ici, ce n’est pas Silovs. Le vrai problème, c’est que Dubas fait semblant de reconstruire en prenant des paris douteux, tout en conservant les preuves de son propre échec : Jarry, Karlsson, Rakell, Rust. C’est l’absence totale de vision claire. Et c’est ça que Sidney Crosby ne tolère plus. Ce n’est pas un jeune gardien lituanien qui va lui faire oublier que son équipe fait du surplace en burn-out stratégique.
Mais pour Sidney Crosby, c’est la goutte de trop. Le capitaine des Penguins, orgueilleux au point d’exploser à la moindre rumeur sur son avenir, voit son propre directeur général enchaîner des décisions de bas étage, comme si l’équipe était dirigée par un amateur de pool de garage.
Car ne nous y trompons pas : cette acquisition n’a rien à voir avec le talent de Silovs. C’est un écran de fumée, une diversion désespérée de Kyle Dubas pour faire oublier l’énorme boulet qu’il a lui-même attaché à la cheville de cette organisation en 2023 : un contrat de 5 ans et 26,875 millions de dollars à Tristan Jarry.
Un gardien qui n’a rien prouvé, sinon qu’il n’est pas digne d’un rôle de numéro un dans la LNH.
À 5,375 M$ jusqu’en 2028, Jarry est une catastrophe comptable, une erreur stratégique, un gouffre à espoirs. Et maintenant, Dubas tente maladroitement de camoufler son erreur en pariant sur un gardien de 24 ans qui a à peine 19 matchs de saison régulière dans la LNH. On appelle ça bricoler avec du tape électrique sur un Titanic.
Dans l’entourage de Sidney Crosby, le ras-le-bol est total. Depuis le début de l’été, le capitaine des Penguins multiplie les signes d’impatience. Il n’a rien dit publiquement, fidèle à sa réputation, mais tout le monde comprend : il est à bout.
L’homme qui a consacré sa vie à cette franchise voit son DG transformer les Penguins en cirque de bas étage. Il ne comprend pas les décisions. Il ne sait même plus si l’équipe veut gagner ou reconstruire.
Kyle Dubas, de son côté, continue à jongler entre reconstruction molle et illusion de compétitivité. Il a encore Brian Rust (5,125 M$), Rickard Rakell (5 M$) et surtout Erik Karlsson (10 M$) sur les bras, sans aucune réelle avenue pour s’en départir.
Et ça, Crosby le sait.
Il le voit : Dubas attend simplement que Crosby lève la main et demande un échange. Il prépare le terrain. Il laisse la maison brûler tranquillement, sans appeler les pompiers.
C’est comme si Dubas voulait que Crosby parte, pour enfin avoir les coudées franches. Mais au lieu d’avoir le courage de faire face à son capitaine, il provoque son départ à petit feu, par des moves humiliants.
On est rendus à un point où Raphaël Harvey-Pinard a signé avec Pittsburgh. Oui, RHP, le Québécois qui n’avait plus sa place à Montréal, a été embauché par Dubas. Pourquoi? Pour flatter qui? Pour faire plaisir à qui? Pour quoi, exactement?
Crosby regarde ça et hallucine.
Après avoir vu des vétérans compétents quitter (Marcus Pettersson, Jake Guentzel, Reilly Smith), il assiste impuissant à une parade de gestes incohérents : des petits échanges sans valeur, des signatures de fond de formation, des paris sur des jeunes qui n’ont rien prouvé. Et aucun vrai mouvement de structure.
Crosby est un maniaque d’ordre. Il aime que les choses soient claires, hiérarchisées, planifiées. Ce qu’il voit? Du chaos.
L’an passé, Kyle Dubas démantèle la ligne bleue, fait des mouvements qui ressemblent à une reconstruction. Il laisse partir des piliers, accepte de reculer, vend l’avenir. Puis, tout à coup, il va chercher Silovs. Il garde Jarry. Il garde Karlsson. Il garde Rust. Il garde Rakell.
Mais que fait-il, au juste?
Ce n’est pas une reconstruction. Ce n’est pas une relance. C’est une stagnation volontaire, une paralysie intellectuelle.
Et dans tout ça, Crosby est pris en otage.
Si Sidney Crosby explose, et il en est à deux doigts, selon plusieurs sources, le Canadien de Montréal sera prêt.On le sait : Geoff Molson a donné le feu vert. Kent Hughes et Jeff Gorton ont le cap space, les espoirs, le plan. Et surtout : ils ont la patience de laisser Crosby venir à eux.
Mais il faudra qu’il vienne de lui-même.
Comme l’a rappelé Elliotte Friedman,
« Si vous voulez vraiment que Crosby parte, arrêtez d’en parler. » Car l’homme est un monument d’orgueil. Un être qui refuse d’être manœuvré. Il partira seulement si on le laisse décider.
Mais à Pittsburgh, plus Dubas multiplie les gestes d’amateur, plus Crosby a de raisons de claquer la porte.
Et ce jour-là, Montréal sera là. Sans pression. Sans insistance. Mais prêt.
Ce qui se passe à Pittsburgh est une honte.
Un DG déboussolé, qui tente de cacher ses erreurs sous le tapis. Un gardien de 26,875 M$ qui n’a pas sa place dans la LNH. Des vétérans qu’on ne peut pas échanger. Des joueurs marginaux qu’on signe pour meubler le vide. Et un capitaine qu’on pousse vers la sortie à force d’incompétence.
Sidney Crosby n’a jamais été aussi proche de perdre patience.
Et quand il craquera, parce qu’il craquera, le monde du hockey entier verra que Kyle Dubas n’était jamais à la hauteur de son capitaine.