Il y a des soirs où le hockey devient plus qu’un simple sport.
Des soirs où les décisions de quelques hommes en noir et blancs viennent ternir des efforts monstrueux. Des soirs où la frustration, pourtant si souvent contenue, explose enfin.
Lundi soir à Washington, ce fut l’un de ces soirs. Et Renaud Lavoie a fait ce que trop peu de journalistes osent faire aujourd’hui : il s’est levé.
Ce n’était pas une défaite ordinaire. Le Canadien, jeune, nerveux, mais acharné, avait offert une performance inspirée contre une formation des Capitals menée par un Ovechkin en mission.
Après avoir été dominés en première, les jeunes du CH se sont relevés. Montembeault a tenu le fort. Suzuki a mené par l’exemple. Hutson, Guhle, Struble... Tous ont donné leur cœur à cette soirée.
Mais au bout du compte, ce sont les arbitres qui ont tranché. Pas Ovechkin. Pas Strome. Les arbitres. Un dégagement refusé fantôme, appelé dans un moment aussi crucial que déterminant, est venu hanter le CH et créer une séquence décisive menant au but gagnant.
Pire encore. Il y aurait dû avoir une pénalité d'obstruction sur Matt Roy, alors qu'il assène un double-échec à Patrik Laine. Pas de pénalité, un dégagement refusé...et le but gagnant d'Alex Ovechkin. Quelle injustice!
« Je ne comprends pas comment en 2025 ces choses-là peuvent arriver. Ça, c’est noir ou blanc, il n’y a pas de zones grises. »
Renaud était en furie:
Les mots Lavoie sont tombés comme un coup de tonnerre. Pas dérision. Pas d’exagération. Juste une vérité brute, assumée.
Dans une époque où les journalistes sportifs marchent sur des oeufs, soucieux de ne pas froisser les institutions ou les « amis » de la LNH, il faut saluer le courage d’un Renaud Lavoie.
Il a pris parti. Il a dénoncé. Il a incarné cette voix qu’on attend tous dans notre salon quand l’injustice frappe.
Ça ne s’arrête pas là. L’humiliation s’est étendue au traitement réservé à l’équipe de TVA Sports sur place. Elizabeth Rancourt, Maxime Lapierre, Antoine Roussel était confinés dans un cubicule. Un placard. Une cage à clous.
Une image vaut parfois mille malaises. Une photo devenue virale depuis hier montre Maxime Lapierre, ex-joueur et analyste à TVA Sports, coincé dans un cubicule minuscule au Capital One Arena.
Sur le visage de Lapierre, aucun mot n’est nécessaire. Le regard dit tout : dégoût, frustration, résignation. C’est grâce à l’œil aiguisé du journaliste Maxime Truman, que le public a pu voir cette scène révoltante.
On ne traite pas un diffuseur officiel comme ça. Pas dans un sport qui prétend vouloir s’ouvrir à tous les marchés. Et surtout pas dans une ligue qui se prétend inclusive.
Alors que TVA est toujours, jusqu’à preuve du contraire, le diffuseur officiel francophone de la LNH. Pourquoi ? Pourquoi ce mépris ? Pourquoi ce traitement indigne ?
On ne peut pas ne pas se poser la question : est-ce parce qu’ils sont francophones ? Est-ce parce que le Canadien représente le Québec ?
Est-ce que la LNH, dans sa grande tour d’ivoire, continue de voir le Québec comme une province à part, à ignorer ?
On a déjà vu ce scénario. La finale de la Coupe Stanley en 2021, où TVA Sports n’avait pas eu accès aux mêmes zones que ses homologues américains.
La conférence de presse de Bettman où aucune question en français n’avait été prise. Le dédain n’est pas nouveau. Mais il est de plus en plus difficile à avaler.
Ce soir-là, au lieu de faire front commun, certains observateurs ont osé dire que Lavoie aurait dû être plus neutre. Plus sobre. Plus « professionnel ». Ces gens-là n’ont rien compris.
Le professionnalisme, ce n’est pas de se taire quand l’injustice frappe. Le professionnalisme, c’est de respecter l’intelligence de son auditoire.
Et le public, lui, a vu. Le public, lui, n’est pas naïf. Il a vu le dégagement refusé douteux. Il a vu le traitement infligé aux journalistes de TVA Sports. Il a vu l’indifférence froide des officiels.
Alors que le CH tentait de briser le mur d’Ovechkin, le sentiment d’un deux poids deux mesures flottait dans l’air. Et si cette petite erreur d’arbitrage avait été commise contre les Rangers ? Contre Toronto ? Est-ce qu’on aurait entendu un mot ? Est-ce que la LNH aurait corrigé le tir ? Peut-être.
Ce n’est pas une question de théorie du complot. C’est une question de respect. Le respect d’un club historique. D’une base partisane qui respire le hockey. D’un réseau de télévision qui, malgré ses déboires financiers, continue de couvrir le hockey avec passion.
TVA Sports traverse une crise majeure. On le sait. Les finances sont rouges sang. Le personnel est inquiet. Le renouvellement des droits de diffusion s’effondre. Et pourtant, dans ce contexte, les journalistes sont là. Ils se battent. Ils couvrent. Ils donnent leur 100 %.
Renaud Lavoie, hier soir, ne s’est pas contenté d’un « c’est malheureux ». Il a fait ce que bien peu auraient osé faire : dire haut et fort ce que tout le monde pensait tout bas.
Et c’est ça, un vrai journaliste. Quelqu’un qui ne craint pas déplaire. Quelqu’un qui sait que la neutralité n’est pas la même chose que l’aveuglement volontaire.
Il faut le dire : oui, la LNH a manqué de respect au CH. Oui, les arbitres ont raté un appel crucial. Oui, les journalistes de TVA Sports ont été traités comme des intrus.
Mais oui aussi, le Québec s’est tenu debout grâce à des voix comme celle de Renaud Lavoie.
Et c’est ce courage, cette vérité, cette flamme qu’il faut saluer.
Parce que tant que des voix comme la sienne résonneront, le hockey restera vivant au Québec. Et tant pis si ça dérange les puissants.
Le CH a peut-être perdu la première manche, mais dans cette guerre de respect et de vérité, le Québec vient de remporter une grande victoire.