Alors que les projecteurs sont braqués sur les deux plus grandes finales du sport professionnel nord-américain, un constat troublant émerge, et il fait mal : il y aura plus de joueurs québécois dans la finale de la NBA que dans celle de la Coupe Stanley.
Non, ce n’est pas une blague. Non, ce n’est pas une exagération. C’est notre réalité. Et c’est un uppercut directement sur le menton de Hockey Québec.
Benedict Mathurin avec les Pacers de l’Indiana. Luguentz Dort avec le Thunder d’Oklahoma City.
Deux noms, deux produits d’ici, deux finalistes NBA. Et dans la finale de la LNH?
Un seul représentant québécois : AJ Greer.
Et encore, il ne joue pas un rôle majeur. On parle ici d’une claque, pas d’une tape.
Pendant que le basketball québécois voit ses étoiles briller au firmament de la NBA, le hockey québécois, autrefois fierté nationale, peine à faire éclore un seul joueur d’impact au plus haut niveau, dans le moment le plus crucial de la saison.
Le contraste est brutal, presque gênant.
Et le pire? Ce n’est même pas un hasard. On l’a vu venir depuis des années.
Ce n’est pas une anomalie. C’est une tendance lourde.
Un glissement qui s’est fait dans l’indifférence générale des autorités du hockey québécois, trop occupées à s’auto-congratuler dans les congrès de la médiocrité.
Mais pourquoi ça fonctionne au basketball?
Parce que le modèle est clair, simple, efficace.
Le développement passe d’abord et avant tout par le réseau scolaire. Des écoles secondaires sport-études bien structurées, des Cégeps avec de vrais programmes de performance, et surtout, un encadrement professionnel dès le jeune âge.
On mise sur le développement de l’athlète, pas juste sur la performance à court terme.
Ajoutez à ça un sport qui coûte mille fois moins cher à pratiquer que le hockey. Une paire de souliers, un ballon, un gymnase. Merci bonsoir.
Pas besoin de dépenser des milliers de dollars par année pour espérer jouer au niveau élite. Le basket, c’est accessible. Le hockey, c’est devenu élitiste.
Et ce n’est pas juste une question de coût. C’est une question de structure.
Le modèle civil du hockey mineur est dépassé. Mal ficelé.
Trop souvent géré par des bénévoles dépassés par l’ampleur de la tâche. Résultat? Les jeunes talentueux se font tasser, les parents influents dictent les décisions, et les meilleurs se découragent.
Pendant ce temps, le modèle américain – avec ses prep schools, ses high schools performants, ses universités NCAA – écrase tout sur son passage.
Là-bas, le chemin vers le succès est balisé. Ici, c’est un labyrinthe.
Même la Ligue Midget AAA, jadis fierté québécoise, n’est plus le tremplin qu’elle était.
On se fait dépasser par la gauche, par la droite, et même par le centre.
Alors oui, il est temps de se poser les vraies questions. Et surtout, d’imposer de vraies solutions.
Le gouvernement doit s’impliquer. Pas avec des chèques vides de sens, mais avec une vraie vision.
Une réforme complète de la structure du développement. Des investissements dans les infrastructures scolaires. Des incitatifs fiscaux pour alléger le coût du hockey.
Et surtout, une responsabilisation des instances en place.
Mais pas question que ça tombe encore une fois sur le dos des contribuables.
On est déjà les plus taxés en Amérique du Nord. Ce qu’il faut, c’est rediriger les ressources déjà existantes, couper dans le gras bureaucratique, et mettre chaque dollar à la bonne place.
Et si Hockey Québec n’est pas capable de se regarder dans le miroir et d’admettre ses fautes, alors qu’on change de miroir. Ou carrément, de cadre.
Parce qu’au rythme où vont les choses, le prochain grand athlète québécois ne sera pas sur une patinoire.
Il sera sur un terrain de basket. Et ce jour-là, ce ne sera plus une claque. Ce sera une gifle. Un électrochoc. Un de trop.
Hockey Québec peut encore se relever. Mais le compte de dix est commencé. Et la cloche, elle, ne sonnera pas deux fois.
Et pourtant, le Québec a investi des millions dans ses arénas. Chaque petite ville a son centre sportif flambant neuf. Mais où sont les résultats?
À l’inverse, le basketball a grandi dans l’ombre, dans des gymnases scolaires avec des planchers usés et des paniers branlants.
Et pourtant, il forme des stars. Des leaders. Des icônes. Des gars qui gagnent, qui élèvent le nom du Québec jusqu’au sommet de la planète basket.
Pendant ce temps, Hockey Québec multiplie les excuses.
Le talent viendrait en vagues. Les cycles seraient normaux. La pandémie aurait tout ralenti. L’effet Price, le modèle Lafleur, l’inspiration des Glorieux… bla bla bla. On en a soupé.
Ce qu’on voit aujourd’hui, c’est que pendant que le hockey québécois se regarde le nombril, le basketball recrute, développe et propulse.
Pendant que les petits gars en patins se font crier après à 8 ans par des pères frustrés, les jeunes basketteurs montent les échelons avec des entraîneurs structurés, des parcours éducatifs et des programmes visionnaires.
Et là, on en paie le prix.
Pas juste sur la glace. Dans notre fierté collective.
Parce que voir Mathurin et Dort dominer les séries pendant que le CH peine à sortir un top-6 québécois, c’est un échec culturel.
C’est plus qu’un problème sportif. C’est un signal d’alarme.
Et ce n’est pas une première. Ça fait des années qu’on le dit :le hockey québécois est malade.
Et au lieu de se soigner, il a préféré nier ses symptômes.
Pas de réforme sérieuse. Pas de virage radical. Juste des ateliers de sensibilisation, des programmes de vitrines et des belles promesses creuses dans les médias.
Mais voilà : le basketball vient de lui passer le K.O.
Et la planète entière regarde.
Qu’est-ce qu’on attend pour agir?
Mais si le hockey québécois est en crise existentielle, le basketball, lui, prospère. Et il faut se poser la question : qu’est-ce qui a fonctionné chez eux?
D’abord, le développement au basketball appartient au réseau scolaire.
Pas aux associations civiles, pas à des directeurs techniques qui se prennent pour des gourous, mais à des profs, à des cégeps, à des universités.
Le modèle est simple : on forme des jeunes à l’école, on leur donne un encadrement humain, éducatif, progressif.
Et surtout : on ne fait pas payer les parents 10 000$ par année pour une illusion de grandeur.
Parce que oui, former un joueur de hockey au Québec, c’est devenu un investissement à six chiffres.
Tu veux que ton enfant ait une chance? Prépare-toi à payer.
Patinoires privées, camps d’été, tournois en Ontario, équipements, déplacements, billets, entraîneurs privés…
On parle de 12 000 à 20 000$ par année, facilement, sur 10-15 ans.
Et après? Peut-être un tryout junior. Peut-être une bourse. Peut-être une blessure. Peut-être rien pantoute.
Pendant ce temps, le basketball te demande une paire de souliers, une bouteille d’eau pis une salle de gym.
Et avec ça, les jeunes progressent. Les entraîneurs sont souvent des profs motivés, bien formés, avec une vision claire.
Les joueurs montent les échelons à travers un parcours scolaire clair : sport-études, RSEQ, collégial, universitaire, NCAA.
Pas besoin de vendre la maison pour espérer un avenir.
Le problème du hockey québécois, c’est qu’il est devenu une business avant d’être une passion.
Et quand tu transformes le développement des jeunes en machine à cash, tu exclus les familles les moins fortunées, tu réduis ta base de talents, et tu crées un élitisme artificiel.
Le basketball, lui, a gardé le sport près du monde ordinaire.
Et aujourd’hui, ce sont ces jeunes-là, souvent issus de milieux plus modestes, qui nous représentent fièrement sur la plus grande scène au monde.
Alors la vraie question, elle est là :
Est-ce que ça coûte trop cher de former un joueur de hockey au Québec?
Et si oui… est-ce que ça vaut encore la peine?
Il est temps d’imposer des solutions. Et pas juste de lancer des balles de mousse dans une patinoire vide.
Parce que si le hockey au Québec continue de s’effondrer comme un château de cartes, c’est aussi parce qu’il n’y a pas de plan global, pas de vision d’ensemble.
Et non, la solution n’est pas d’envoyer la facture aux contribuables.
On est déjà le peuple le plus taxé en Amérique du Nord.
Les familles québécoises n’ont plus un sou à donner pour engraisser un système élitiste qui n’offre même pas de résultats.
Alors qui doit payer? Qui doit agir?
Le réseau scolaire, d’abord. C’est là que ça commence.
Il faut rapatrier le développement vers les écoles, les cégeps, les universités.
Comme au basketball. Comme au football. Comme aux États-Unis.
Pourquoi les collèges américains produisent des vedettes à la chaîne?
Parce que le sport est intégré dans le parcours éducatif.
Les jeunes sont nourris, logés, encadrés. Ils suivent une routine, ont des coachs à temps plein, des structures stables, une pression académique équilibrée.
Pas besoin de 15 000$ en tournois privés. Pas besoin d’un père qui vend son char pour une paire de patins.
Au Québec, le hockey est encore prisonnier du modèle civil.
Des ligues à but lucratif, des entraîneurs bénévoles sans formation, des directions qui n’ont de comptes à rendre à personne.
Et Hockey Québec, dans tout ça, reste figé. Figé dans une époque où l’argent dictait la progression.
La solution? Fusionner les structures.
Créer de vraies écoles sport-études où le hockey est une option accessible, pas un privilège de riche.
Réduire les frais d’inscription grâce à des partenariats public-privé.
Obliger Hockey Québec à rendre des comptes.
Imposer un moratoire sur les programmes élitistes privés qui saignent les familles à blanc sans garantie de développement.
Il faut s’inspirer des modèles américains : les Prep Schools, les High Schools, la NCAA.
Là-bas, le développement n’est pas vendu au plus offrant. Il est encadré, structuré, planifié.
Le Québec a un réseau scolaire déjà solide, un RSEQ compétent, des écoles prêtes à embarquer.
Mais il faut que Hockey Québec lâche prise.
Il faut que les gouvernements prennent le relais, non pas avec des chèques en blanc, mais avec des politiques claires : réduire les coûts, standardiser l’encadrement, ouvrir les portes aux milieux moins favorisés.
Et si l’État met un sou là-dedans, qu’il exige un retour clair : plus d’accessibilité, plus de diversité, plus de résultats.
Parce qu’à l’heure actuelle, le hockey québécois, c’est un privilège d’enfant gâté.
Et tant que ce sera ça, on n’aura jamais de Mathurin ou de Dort sur la glace de la Coupe Stanley.
Le basketball a pris le lead. Le hockey, lui, patine dans la slush.
Pendant que Luguentz Dort et Bennedict Mathurin s’apprêtent à représenter le Québec sous les projecteurs de la NBA, nos meilleurs espoirs au hockey regardent la télé en mangeant du Kraft Dinner.
Et pendant que le Québec célèbre ses ambassadeurs du ballon orange, Hockey Québec compte les PowerPoints dans un bureau beige, incapable de répondre à la claque en pleine face.
Ce n’est plus une question de talent.
Ce n’est plus une question de passion.
C’est une question de structure. De courage. De volonté.
Le système est brisé. Il coûte trop cher, il exclut, il n’évolue pas.
Et à force de le nier, on se réveille un matin à applaudir nos jeunes… sur un parquet de la NBA, pas sur une glace de la LNH.
Le Québec est en train de perdre son sport national. Et il n’y a plus d’excuse.
AMEN