Ivan Demidov aurait pu faire comme tous les autres. Prendre l'avion, retourner chez lui en Russie, passer l'été à relaxer dans sa datcha, loin des regards, loin de la pression.
Mais non. Il a fait le choix de rester à Montréal. Pas pour les caméras. Pas pour les apparences. Pour vrai. Et c’est là que commence sa transformation la plus importante : celle d’un jeune prodige russe vers un vrai joueur du Canadien… version montréalaise.
À seulement 19 ans, Demidov est déjà en train de prouver qu'il n'est pas un espoir comme les autres.
Il a compris que pour réussir dans la LNH, surtout à Montréal, il ne suffit pas de mettre un chandail du CH. Il faut l'habiter. Il faut s’imprégner de la ville, de sa culture, de ses codes.
Et c’est exactement ce qu’il fait. Pas à moitié. Pas timidement. À fond.
On parle ici d’un jeune homme qui a tout changé dans sa vie en quelques semaines. Nouveau pays. Nouvelle langue. Nouvelle ligue. Nouvelle équipe. Nouvelle culture. Nouveau rôle.
Et pour couronner le tout : il débarque dans un marché où le hockey est une religion.
Le Centre Bell, les médias, les partisans qui te jugent à chaque présence sur la glace… Ça aurait pu l’écraser. Mais non. Il reste. Il persiste. Il s’adapte.
Il absorbe Montréal comme une éponge. Comme si son avenir en dépendait. Et peut-être que c’est le cas.
Demidov ne veut pas juste jouer à Montréal. Il veut y vivre. Il veut y appartenir. Il veut être reconnu non seulement comme un joueur du Canadien, mais comme un gars d’ici. Il apprend le français.
Il découvre la ville. Il goûte à notre bouffe, il ressent nos hivers (même en été), il commence à comprendre l’essence de ce qu’est être un Québécois : résilient, passionné, un brin têtu… mais toujours vrai.
Il commence à intégrer la mentalité montréalaise.
Et là où ça frappe encore plus fort, c’est que cette décision de rester ici pour l’été ne lui a pas été imposée. C’est lui qui l’a prise.
Il aurait pu faire ce que 95 % des jeunes Russes feraient : retourner au bercail, voir les amis, s’entraîner dans son environnement familier.
Mais non. Lui, il veut connaître Montréal. Il veut la sentir. Il veut s’enraciner. Il veut être prêt. Il veut que la glace du Centre Bell soit son vrai domicile, pas juste une étape.
Comme l’a souligné Ilya Kovalchuk à son sujet :
« Ça démontre une grande maturité. Lors de ma première année dans la LNH, je ne suis pas sûr que j’aurais pu rester à Atlanta tout l’été. Je suis retourné en Russie pour m’entraîner, et ça m’allait. Mais si Vanya sent que rester à Montréal va l’aider, alors c’est 100 % la bonne décision. »
Il sait que sa vraie audition commence cette année. Les quelques matchs qu’il a disputés à la fin de la saison dernière, c’était un avant-goût.
Un teaser. Maintenant, c’est le long métrage. Il ne veut pas juste être bon. Il veut marquer les esprits.
Et pour ça, il doit être prêt mentalement, physiquement… mais surtout culturellement.
Parce que le public montréalais ne pardonne pas l’approximation. On veut de la passion, de la flamme, et surtout, on veut sentir qu’un joueur veut vraiment jouer ici.
Le plus impressionnant, c’est qu’il ne joue pas un personnage. Il n’essaie pas de nous séduire. Il ne veut pas flatter le public montréalais.
Il veut sincèrement s’intégrer. Il veut faire partie du tissu social. Et ça, c’est rare. Même chez des vétérans. Combien d’anciens joueurs sont passés ici comme des touristes?
Demidov, lui, veut s’installer. Pas juste dans un condo. Dans le cœur des fans.
On sait maintenant qu’il a même commencé à travailler avec un professeur de français à domicile. Pas pour faire des entrevues tape-à-l’œil.
Juste pour comprendre ses coéquipiers. Pour dire bonjour à ses voisins. Pour commander un café en parlant d’accent.
Il veut être capable de rire quand on lui parle de Jean Perron ou de se défendre quand un partisan le critique sur le coin de la rue. C’est un effort authentique.
Et selon une autre déclaration de Kovalchuk, ce n’est pas juste son talent qui impressionne :
« C’est un gars très positif. Je l’ai rencontré récemment à Moscou. On a eu une bonne discussion. Tu vois tout de suite qu’il aime le hockey – ses yeux s’illuminent quand il en parle. »
Est-ce qu’il va finir par prendre sa place au sein des leaders du CH?
Peut-être. Mais pour l’instant, ce qu’on voit, c’est un jeune avec une tête sur les épaules, une attitude irréprochable, et une volonté de fer.
Et ça, c’est déjà une victoire. Et même si la première moitié de saison est difficile, personne ne pourra dire qu’il n’a pas fait les efforts pour y arriver. Il met tout en place pour réussir. Et ça, c’est tout ce qu’on peut demander.
On dit souvent que Montréal, c’est une ville difficile. Une ville qui peut avaler tout rond les jeunes espoirs. Mais c’est aussi une ville qui sait reconnaître ceux qui s’investissent pour vrai.
Ceux qui veulent devenir des nôtres. Ivan Demidov est en train de poser les premiers jalons d’un amour réciproque.
Et ça, c’est peut-être plus puissant qu’un but en échappée. Ce genre de connexion, ça ne s’achète pas. Ça se bâtit.
Et Demidov l’a compris avant même son premier vrai camp d’entraînement.
« Montréal aime les vedettes qui n’ont pas peur de se montrer. Certains joueurs sont gênés ou ont peur d’avoir l’air arrogants, mais pas ici. Il faut de la confiance. Et Ivan en a. » - Kovalchuck.
Il lui manque peut-être encore l’accent. Peut-être qu’il ne comprend pas encore les jokes de RBO.
Mais il a le cœur à la bonne place. Et c’est le genre de joueur qu’on n’oublie pas.
S’il continue comme ça, il pourrait bien devenir un favori de la foule, un vrai de vrai, un qui finit par crier « Ostie! » quand il rate une chance à deux contre un.
Immersion totale? On n’a encore rien vu.
Le kid est en mission. Et il n’est pas prêt de rentrer chez lui. Il est peut-être né à Moscou, mais dans son cœur de joueur, il est en train de devenir un petit gars de Montréal.
AMEN