Incidents sur la glace: Juraj Slafkovsky s'excuse à Cole Caufield

Incidents sur la glace: Juraj Slafkovsky s'excuse à Cole Caufield

Par David Garel le 2025-10-08

Juraj Slafkovsky a finalement compris... qu'il devait s'excuser...

Lors de son entrevue exclusive avec The Athletic, accordée à l’écart du reste des journalistes, dans une salle privée du Complexe CN, le Slovaque a admis à demi-mot ce que tout le monde pensait déjà tout bas :

« Peut-être que l’année d’avant, j’étais trop confortable ou quelque chose comme ça… Je ne sais pas pourquoi, mais mon été 2025 a été plus dur et meilleur que celui d’avant. »

Il évoque sa rigueur, ses entraînements silencieux, sa volonté de faire ce que lui dit « Big Cat » (le coach du développement et des habiletés Adam Nicholas) sans poser de question.

Mais au fond, cette déclaration trahit surtout un profond mea culpa. Slafkovsky sait qu’en 2024, il s’est endormi sur son contrat, sur son statut de premier choix au total, sur une fin de saison en trompe-l’œil. Il n’était pas prêt. Il l’avoue. Et aujourd’hui, il tente de faire amende honorable. Mais à Montréal, les excuses ne suffisent plus.

Pourtant, Slafkovský enchaîne les excuses. L’attaquant de 20 ans semble vouloir effacer quelque chose, gommer une image qui lui colle à la peau depuis son arrivée à Montréal.

Même Cole Caufield, pourtant toujours souriant en public, a glissé une remarque lourde de sens :

« Quand il a la rondelle, il a confiance. Mais parfois, il la donne trop vite. Quand il la garde et pousse le gars, il est bien meilleur. »

Slafkovsky a peur de créer. Il n’impose pas sa présence. Il reste trop souvent en périphérie. Et ça, pour un joueur de 6 pieds 3, 225 livres, c’est impardonnable.

Caufield a enchaîné :

« Il commence à comprendre comment utiliser son corps. Il sait qu’il est gros, qu’il peut protéger la rondelle… Mais il doit jouer à travers les gens. »

Une phrase qui dit tout. Slafkovsky, payé comme un joueur d’impact, doit maintenant jouer comme un joueur d’impact. Plus d’excuses. Plus de théorie. De l’action.

Il a parlé aux médias pour dire qu’il regrettait certains comportements, certaines attitudes jugées arrogantes par les partisans. Il a admis qu’il avait "peut-être donné une impression de suffisance".

Mais il n’y a pas que la glace. Depuis sa signature de 8 ans à 7,6 M$ par saison, Juraj Slafkovsky est devenu un objet public.

Son couple avec Angélie Bourgeois-Pelletier, ex-serveuse et mannequin vedette du Flyjin, a été scruté dans tous les sens.

Si sa copine rentre à 4h du matin après son shift, comment peut-il être au top pour l’entraînement? » La réplique, tranchante :

« Les petits détails font toute la différence. »

« Mieux vaut une blonde stable que courir à gauche et à droite. »

Mais le mal était fait. Le débat, lancé. À Montréal, le regard du public ne pardonne pas. Les rumeurs deviennent vérité. Les fréquentations deviennent problème et il semble le comprendre, enfin.

"Je n’étais pas toujours à mon meilleur, sur ou en dehors de la glace. Je dois être meilleur. Pour mes coéquipiers. Pour les partisans. Pour moi-même."

Ce sont des mots lourds de sens, surtout dans un marché comme Montréal, où chaque geste est scruté à la loupe.

Sa relation tendue avec certains journalistes avait aussi été soulignée.

On parlait d’un jeune homme qui se croyait déjà arrivé, qui se présentait comme un premier choix global, mais qui n’avait rien prouvé.

Mais les récents propos de Slafkovský laissent croire qu’il a amorcé une introspection réelle.

"Je sais que je dois mériter chaque minute sur la glace. Rien n’est donné. Martin (St-Louis) me l’a répété cet été. Je dois faire mes preuves chaque jour."

Des paroles qu’on n’attendait plus. Car jusque-là, Slaf semblait protégé, inatteignable, comme si son statut de premier choix était un passe-droit.

L’organisation, de peur de revivre le fiasco Kotkaniemi, marchait sur des œufs. Mais les résultats n’étaient pas au rendez-vous. Et pour la première fois, Slafkovský semble le reconnaître.

"Je dois me taire et jouer."

Les critiques, elles, ne se sont pas tues. Anthony Martineau a laissé entendre à plusieurs reprises que certains jeunes dans l’organisation n’avaient pas encore compris l’éthique de travail nécessaire pour s’imposer à Montréal.

Et c’est exactement ce que le journaliste a dénoncé publiquement, dans une vidéo qui a enflammé les réseaux sociaux.

Il a été tout simplement cinglant : selon lui, Juraj Slafkovský a offert un des pires entraînements du camp, et ce, sans la moindre gêne.

Jumelé à Darick Louis‑Jean, un défenseur obscur de la East Coast Hockey League, Slafkovský s’est fait brasser à répétition. Il s’est fait démolir contre la bande, s’est fait casser son bâton… et il a souri.

Aucune réaction, aucune intensité. Même quand il perdait des batailles humiliantes contre un gars de la ECHL, il haussait les épaules, comme si ce n’était pas grave.

Martineau a été choqué de le voir « traîner les pieds » dans les exercices de patinage, pendant que des jeunes comme Lane Hutson et Nick Suzuki se donnaient à fond.

Mais ce n’est pas juste la performance qui a dérangé. C’est l’attitude. Le relâchement. Le manque de fierté. Slafkovský semblait croire qu’il pouvait flotter, sourire, perdre tous ses duels, et quand même traverser le camp sans critique.

Comme si son statut de premier choix le protégeait de tout. Mais à Montréal, personne n’est au-dessus du jugement public. Pas même lui.

L’image du géant de 6'4", arrogant et détaché, commençait à nuire au groupe. "C’est une équipe, pas un podium individuel", avait lancé un vétéran sous le couvert de l’anonymat au début du camp.

L’organisation, pour sa part, tente maintenant de mieux encadrer son jeune Slovaque Mais au final, seul le rendement sur la glace pourra changer le narratif. Et à ce chapitre, Slafkovský devra convaincre rapidement. La patience a des limites, même pour un premier choix.

Ce qui frappe dans ses excuses récentes, c’est leur sincérité apparente. Il ne s’agissait pas de platitudes servies à la presse. Slafkovský semblait ébranlé.

"Je pense que j’ai déçu des gens. J’en suis conscient. J’ai grandi, je pense. Je veux montrer une meilleure version de moi-même. Je ne veux pas qu’on me voie comme un problème."

Un problème, non. Mais un mystère, oui. Depuis son repêchage, on cherche encore à comprendre ce que Slafkovský deviendra.

Est-il un futur top-6 dominant? Un ailier robuste de troisième trio? Les opinions sont polarisées. Et lui-même semble parfois ne pas savoir ce qu’il est censé être. Martin St-Louis l’a dit :

"On ne veut pas en faire un robot. Mais il faut qu’il comprenne ce qu’il peut apporter, tous les soirs."

Il faut aussi dire que l’arrivée de joueurs comme Ivan Demidov a changé la donne. Slaf n’est plus seul dans la hiérarchie des jeunes. Et il ne peut plus se contenter de flashes ou de bonnes intentions. Il doit performer. Point. Car autour de lui, un prodige cogne à la porte pour jouer sur le 1er trio. Et à Montréal, on n’attend pas éternellement.

L’avenir dira si ses excuses marquent un vrai tournant. Mais déjà, l’effort est notable. Pour la première fois depuis longtemps, Slafkovský donne l’impression de vouloir réparer quelque chose.

De reconnaître qu’il a fauté. Et dans un marché où les émotions sont à fleur de peau, ce geste d’humilité pourrait bien être la première étape d’une rédemption attendue.

À lui maintenant de prouver, match après match, qu’il mérite encore la confiance qu’on a placée en lui.

Le public montréalais est exigeant, mais il est aussi prêt à pardonner. Si tant est que Slafkovský livre enfin ce qu’on attend de lui : du cœur, de l’intensité, et du hockey vrai.

À 21 ans, Juraj Slafkovsky n’est plus un enfant. Il a maintenant disputé 200 matchs dans la LNH. Et comme il l’admet lui-même, « à 200 matchs, tu dois avoir pris un pas. À 300 ou 400, tu deviens le produit fini. »

Il en est à la croisée des chemins. Chaque match où il joue en périphérie est un match de trop. Chaque entrevue où il parle plus qu’il agit creuse le fossé.

Chaque performance tiède alimente le feu. Il le sait. Il ne veut plus parler. Il veut jouer. Mais à Montréal, jouer ne suffit pas.

Il faut briller. Il faut souffrir. Il faut livrer. Sans excuse. Sans détour. Slafkovsky vient d’annoncer qu’il allait le faire.

À lui maintenant de prouver que ce n’est pas juste un autre été où il s’est « senti mieux que l’an passé ».