Inquiétude à TVA: les millions de Guy Jodoin créent la commotion

Inquiétude à TVA: les millions de Guy Jodoin créent la commotion

Par David Garel le 2025-08-19

Après quinze années passées à la barre de l’émission Le Tricheur, Guy Jodoin tire sa révérence. Une décision qui, en surface, semble n’être qu’un simple virage professionnel, mais qui, en réalité, en dit long sur l’état actuel de TVA et du groupe Québecor.

Car si Jodoin part la tête haute, riche de ses succès et d’une fortune personnelle qu’il a lui-même admis avoir accumulée grâce à l’animation quotidienne de ce jeu télévisé, le contraste avec la situation de TVA est saisissant.

Il a « cash in » pendant quinze ans, engrangé des millions, puis quitte le navire… au moment même où celui-ci tangue dangereusement. En clair : il a quitté le Titanic avant que celui-ci ne sombre définitivement.

Depuis son lancement, Le Tricheur est devenu un rendez-vous incontournable pour des centaines de milliers de Québécois chaque soir.

L’émission a permis de remettre plus de 5 millions de dollars à des organismes caritatifs, accueilli plus de 750 personnalités et trôné au sommet de sa case horaire.

Mais au-delà du prestige et de la popularité, c’est surtout le modèle économique qui a transformé la vie de Guy Jodoin. Comme il l’a expliqué dans le balado Prends un break, c’est l’animation qui lui a permis de franchir le cap du million

: « Ce qui m’a permis d’atteindre ce million, c’est l’animation. C’est ça qui rapporte le plus, parce qu’on filme cinq émissions par jour, vingt par semaine. »

Avec 2 540 épisodes à son actif à la fin de la prochaine saison, Jodoin a incarné une véritable machine à cash pour Québecor… et pour lui-même. Pendant que les cotes d’écoute assuraient des revenus publicitaires confortables, il accumulait lui aussi les dividendes de son travail.

Ce départ survient cependant dans un contexte dramatique pour TVA. Le groupe traverse une crise sans précédent :

Coupes massives : des centaines d’employés mis à pied, des salles de nouvelles décimées, une saignée qui a choqué le milieu médiatique québécois.

Pertes sans fin : TVA Sports, fleuron supposé concurrencer RDS, a englouti près de 300 millions depuis sa création en 2011, sans perspective de rentabilité.

Dirigeants dorés : malgré la tourmente, les cinq principaux dirigeants de Québecor ont empoché 13,8 millions $ en 2023, soit une hausse de 115 % en un an, justifiée par l’acquisition de Freedom Mobile.

Et que dire de Pierre-Karl Péladeau: La rémunération annuelle totale du PDG de Québecor, incluant salaire, primes, actions et options, s’élèverait à 20,44 millions de dollars canadiens pour l’exercice financier terminé au 31 décembre 2024.

Dans ce décor, l’annonce du départ de Guy Jodoin résonne comme un symbole : les vedettes, les patrons et les animateurs millionnaires continuent de s’enrichir… pendant que les employés ordinaires, eux, payent le prix fort.

À la différence de certains animateurs surpayés comme Jean-Charles Lajoie et son salaire avoisinant les 400 000 $ avant que TVA Sports ne coupe son revenu du jour au lendemain,

Le message à Lajoie était clair. Tu veux rester? On coupe ta paye de manière exponentielle.

Guy Jodoin, lui, a été rentable. Il remplissait les cases horaires, attirait l’audience et garantissait la publicité. En somme, il justifiait son salaire.

Mais cela n’efface pas le paradoxe : dans un groupe qui licencie à tour de bras et perd des fortunes avec TVA et TVA Sports, voir un animateur devenir millionnaire grâce à des productions internes souligne l’énorme disparité entre l’élite télévisuelle et les travailleurs dans l’ombre.

Les monteurs, journalistes, techniciens et recherchistes licenciés n’ont pas la même chance. Leur réalité, c’est une indemnité de départ maigre et l’incertitude d’un avenir professionnel précaire.

Difficile de ne pas voir le départ de Guy Jodoin comme un mouvement stratégique : après avoir récolté pendant quinze ans, il part maintenant que la situation de TVA s’enlise.

La métaphore est cruelle mais elle devient réalité : Jodoin a quitté le Titanic avant l’iceberg final. Pendant que Péladeau s’entête à maintenir TVA Sports à flot, malgré des pertes chroniques et des dettes sans fin, Jodoin, lui, s’offre une sortie en beauté, riche et libre de ses choix.

Ce contraste résume la crise de Québecor : une poignée de figures charismatiques qui s’assurent un avenir en or, pendant que la structure globale s’effondre

Guy Jodoin ne part pas ruiné, ni amer. Il part au sommet de sa gloire télévisuelle, multimillionnaire assumé, avec des projets encore mystérieux. Mais pour ceux qui restent à TVA, c’est une autre histoire.

Le fossé se creuse entre la réussite individuelle et l’échec collectif. Les stars télé et les dirigeants prospèrent, mais l’institution, elle, vacille.

Et au bout du compte, ce sont les téléspectateurs et les employés qui risquent d’être les véritables perdants.

Dans son annonce, Guy Jodoin a été sans pitié... envers lui-même...

« Il faut que tu saches quand accrocher tes patins. »

La décision de Guy Jodoin de quitter Le Tricheur après quinze saisons est plus qu’un geste personnel : c’est une leçon universelle.

Il rappelle que tout artiste, tout animateur, tout sportif, toute personnalité publique, doit savoir reconnaître le moment où la flamme ne brûle plus avec la même intensité.

« Accrocher ses patins », ce n’est pas une défaite, c’est au contraire une victoire sur l’ego, une façon de préserver la dignité et l’héritage.

Guy Jodoin, en choisissant de partir au sommet de sa popularité, laisse derrière lui une œuvre respectée, sans jamais avoir donné l’impression de s’accrocher trop longtemps pour de mauvaises raisons. C’est un choix de maturité, qui force l’admiration.

Et pourtant, combien d’autres dans le paysage médiatique québécois refusent cette sagesse ? C’est ici que le parallèle devient incontournable : Jean-Charles Lajoie, figure polarisante du commentaire sportif, s’entête depuis trop longtemps à occuper un espace où la lassitude s’est installée.

Là où Guy Jodoin se retire avec élégance, Jean-Charles persiste à forcer la note, quitte à dilapider son capital de sympathie.

Dans ses interventions, l’énergie semble artificielle, les propos souvent recyclés, et l’on sent plus un besoin urgenet de rester sous les projecteurs qu’une véritable passion à partager.

Le contraste est frappant. Jodoin, excessif dans sa préparation, perfectionniste dans le moindre détail, a su tracer une ligne nette entre son implication professionnelle et sa vie personnelle

. Il part pour respirer, pour se renouveler. Jean-Charles, lui, s’accroche comme un vétéran qui craint le silence du vestiaire vide.

Mais comme dans le sport, il y a un moment où les statistiques, la vitesse et l’impact ne suivent plus. Et ce moment, Jean-Charles Lajoie semble incapable de l’admettre.

Dans un monde médiatique qui se transforme à vitesse grand V, il n’y a pas de honte à céder sa place : au contraire, il y a une grandeur. Guy Jodoin l’a compris.

À Jean-Charles Lajoie maintenant d’entendre le même appel du vestiaire...