C’est une claque.
Une claque que Lane Hutson a ressentie en plein visage. Une claque sèche, brutale, assumée. Et c’est Kent Hughes lui-même qui l’a donnée.
Le DG du Canadien de Montréal vient de tracer une ligne rouge, non pas en silence, mais en persistant et signant, selon Renaud Lavoie sur les ondes de BPM Sports.
Peu importe le contrat monstre de Kirill Kaprizov au Minnesota. Peu importe les pressions du marché. Peu importe la colère du clan Hutson. Kent Hughes ne veut pas dépasser la barre des 9 millions par saison. Il s’en fout. Il ne bronche pas. Il tient le cap.
Et c’est ce refus obstiné de s’aligner sur la nouvelle réalité économique de la LNH qui polarise le Québec hockey.
La signature de Kirill Kaprizov pour 8 ans et 136 millions de dollars a tout changé. Ce contrat, validé avec une structure blindée en bonis de performance, de signature et d’assurances, fait de lui le joueur le mieux payé de l’histoire de la LNH, à égalité avec Connor McDavid… mais sans l’historique de McDavid.
Et c’est là où ça fait mal : si Kaprizov, joueur fantastique mais pas prodigieux comme McDavid, peut aller chercher ce sommet, alors tout le reste du marché est revalorisé.
Et Lane Hutson, qui a explosé les compteurs à sa première saison complète dans la LNH, peut raisonnablement revendiquer un contrat à 10,5 M$, voire 11 M$/an sur 8 ans, selon plusieurs agents.
Mais Kent Hughes refuse de s’écraser. Il refuse même de négocier sur cette base.
« Pour lui, c’est simple. Il n’y aura personne au-dessus de Nick Suzuki. Et ça, il ne l’a pas dit qu’à des journalistes. Il l’a dit aux agents, dans les négos. Il ne veut pas créer une hiérarchie salariale déséquilibrée, même pour un gars comme Hutson. » a affirmé un agent de joueur, sous le couvert d’anonymat.
Cela veut dire que Kent Hughes ne veut pas que Lane Hutson bouffe une plus grosse partie du plafond salarial que Nick Suzuki lorsque le capitaine a signé son contrat.
Bref, Hutson peut être mieux payé que Suzuki... mais pas au niveau du pourcentage de la masse par rapport au moment où Suzuki a signé.
Le CH veut garder le “gros bout du bâton”
Le Canadien est en position de force. Du moins pour l’instant. Lane Hutson est sous contrat pour une saison encore, et il ne sera RFA qu’à l’été 2026. Sans arbitrage. Sans levier. Et Kent Hughes compte profiter de chaque mois de cette situation pour garder le contrôle narratif et financier de son équipe.
Ce matin sur les ondes de BPM Sports, Renaud Lavoie ne s’est pas défilé :
« Je ne pense pas que le CH va aller au-delà de 9 millions. Moi je pense que c’est entre 8,5 et 9, point final. »
Et dans l’entourage de l’équipe, ce chiffre circule depuis longtemps. Non pas comme une estimation. Mais comme un plafond rigide, imposé par Kent Hughes et Jeff Gorton depuis le début de leur ère commune.
Mais en refusant d’être influencé par la vague Kaprizov, Kent Hughes joue un jeu dangereux. Le même genre de jeu que Marc Bergevin avait osé avec P.K. Subban en 2013. On connaît la suite : Subban explose, gagne le Norris, puis décroche un contrat de 9 M$… et est échangé. Le malaise n’a jamais été résorbé.
Avec Hutson, le scénario pourrait être encore plus explosif.
« Si Hutson décide de ne rien signer, il pourrait finir l’an prochain avec 75 points, un top-3 pour le Norris, et devenir le défenseur le plus en demande de la LNH en 2026. Ce n’est pas une menace. C’est une possibilité réelle. »
Et cette menace, le camp Hutson la connaît très bien. C’est pourquoi, selon plusieurs sources, les négos sont présentement gelées. Rien n’avance. Aucun camp ne veut flancher.
Lane Hutson a le profil parfait du héros incompris. Petit, créatif, inspirant, il a transformé le jeu de transition du CH à lui seul. Sa première saison complète a été historique : 66 points, des séquences magiques en avantage numérique, une alchimie unique avec Cole Caufield et Nick Suzuki. Il est littéralement le moteur offensif de cette équipe.
Mais on lui envoie le message suivant : tu es important… mais pas au point de casser notre échelle salariale.
Et ça ne passe pas.
« Il a tout donné à Montréal. Il est devenu la coqueluche du Centre Bell. Et là, on lui dit qu’il vaut moins que ce que le marché commande ? C’est dur à avaler. »
Le joueur se sent méprisé. Et le pire, c’est qu’il voit ses comparables directs toucher le pactole ailleurs.
Luke Hughes : 9 M$/an pendant 7 ans
Rasmus Dahlin : 11 M$/an pendant 8 ans
Quinn Hughes : 7,85 M$/an… mais signé trop tôt
Owen Power : 8,35 M$/an… avec moins de production
Et maintenant, Kaprizov, à 17 M$.
Un marché transformé… que Montréal refuse d’accepter..
La LNH n’est plus la même. Le plafond va passer à 92 millions en 2026. Des joueurs comme Kaprizov, McDavid, Eichel vont tous signer des extensions qui vont flirter avec les 14-17 M$.
Et les jeunes vedettes comme Lane Hutson, Matvei Michkov, Logan Cooley, Leo Carlsson vont devenir des pierres angulaires d’organisations ambitieuses, prêtes à payer pour retenir leur cœur offensif.
Mais Kent Hughes, lui, résiste à cette nouvelle logique. Et selon Renaud Lavoie, il va continuer à résister.
« Il n’y aura pas de contrat à 11 ou 12 millions à Montréal. Pas avec Hughes. C’est un modèle collectif qu’ils veulent implanter. Ils ont une stratégie, et ils vont la tenir. »
Et si ça explosait ?
La question n’est plus : “quand le contrat sera-t-il signé?” La vraie question est : “Est-ce que cette situation va dégénérer?”
Car en interne, les tensions montent. Le camp Hutson est frustré. Le vestiaire commence à se poser des questions. Caufield a signé tôt, mais semble déjà sous-payé. Suzuki, en capitaine exemplaire, tente de calmer les choses. Mais plusieurs jeunes dans l’entourage de Hutson commencent à réévaluer leur propre valeur.
Et si Hutson décidait de prendre un pont salarial d’un an et de viser 95-100 points l’année suivante ? Il pourrait alors forcer la main au CH… ou l’obliger à l’échanger.
Dans les faits, rien ne presse. Le CH peut jouer la montre. Mais le risque augmente à chaque mois qui passe.
Plus Hutson produit, plus il gagne du levier. Plus le marché grimpe, plus Kent Hughes aura l’air ridicule de refuser 10,5 M$ à un joueur qui en vaudra 13 dans un an.
Et plus le message envoyé à l’interne sera : “Si vous devenez trop bons, vous deviendrez un problème.”
C’est exactement ce qui s’est passé avec Subban, avec Radulov, avec Sergachev… et même avec Caufield, dont le clan avait voulu tester le marché jusqu’à la dernière minute.
Renaud Lavoie : “Le CH va tenir son bout”.
Malgré tout, le journaliste persiste dans son analyse.
« Ce n’est pas une question de talent. C’est une question de structure salariale. Et dans cette structure, Hutson peut aller chercher entre 8,5 et 9 M$, pas plus. »
Un point de vue qui divise. Mais qui résume parfaitement la position du CH. Pas question de céder à la panique Kaprizov. Pas question de détruire la colonne vertébrale salariale de l’équipe. Et pas question de signer un contrat qu’on regrettera dans trois ans.
Mais dans cette stratégie rigide, le risque humain est immense. Lane Hutson n’est pas qu’un chiffre. Il est une icône montante, un joueur qui attire les foules, crée de l’émotion, et donne de l’identité au CH.
Le traiter comme une ligne budgétaire pourrait coûter bien plus cher que 1 ou 2 millions de plus par année.