Colère d'Ivan Demidov: Martin St-Louis répond à ses détracteurs

Colère d'Ivan Demidov: Martin St-Louis répond à ses détracteurs

Par David Garel le 2025-12-14

Martin St-Louis a choisi la méthode la plus efficace pour répondre aux détracteurs : il n’a pas parlé, il a agi, et dans la LNH, surtout à Montréal, il n’existe pas de réplique plus bruyante que celle-là.

Depuis des semaines, l’entraîneur du Canadien était attaqué de toutes parts pour sa gestion d’Ivan Demidov, pour ce sentiment persistant de yo-yo permanent, de confiance accordée puis retirée, de minutes données puis reprises, et surtout pour cette décision qui irritait tout le monde : sortir le prodige russe de la première unité d’avantage numérique comme s’il s’agissait d’un joueur interchangeable, alors que ses mains, sa vision et son tir sont précisément ce que le powerplay du CH cherche depuis trop longtemps.

La pression était devenue telle que chaque match semblait se transformer en procès public de la relation St-Louis–Demidov, avec analyses image par image, comparaisons avec les autres recrues de la ligue et accusations à peine voilées d’allergie au talent pur.

Et voilà que, presque calmement, presque ironiquement, Martin St-Louis remet Demidov là où tout le monde réclamait qu’il soit : sur la première vague de l’avantage numérique, au cœur de l’action, au centre du danger, avec la rondelle sur la palette et la responsabilité assumée de faire basculer un match.

Pas de conférence de presse théâtrale, pas de justification inutile, pas de mea culpa, juste un choix d’alignement lourd de sens.

Et comme si le scénario avait été écrit pour alimenter la chronique, Demidov répond exactement comme le coach le savait probablement : avec un tir foudroyant, précis, assumé, un tir de marqueur, le genre de lancer qui fait taire une salle et qui rappelle pourquoi ce joueur-là n’est pas un projet, mais un phénomène.

On disait qu’il ne tirait pas assez ? Il a tiré. On disait qu’il hésitait ? Il n’a pas hésité. On disait qu’il devait prouver qu’il méritait ces minutes ? Il l’a fait en quelques secondes. 

Demidov était en colère... et on l'a senti dans son "shot des ligues majeures".

C’est là que Martin St-Louis devient fascinant, et parfois exaspérant, parce qu’il est impossible de ne pas sentir qu’il s’amuse un peu avec tout ça, qu’il comprend parfaitement le théâtre médiatique montréalais et qu’il sait exactement quand appuyer sur le bouton rouge.

Remettre Demidov sur la première unité au moment précis où la grogne atteignait son sommet, puis le voir marquer de cette manière, ce n’est pas seulement une décision hockey, c’est un message, presque un clin d’œil, comme si le coach disait : vous voulez une réponse ?

La voilà. St-Louis ne nie pas la pression, il la canalise, et surtout, il la retourne contre ceux qui la formulent, en utilisant la seule langue qu’il respecte vraiment : celle de la glace.

Il y a quelque chose de presque ironique à voir le public et les médias passer en quelques shifts de l’indignation à l’euphorie, comme si ce but venait soudainement valider tout ce que plusieurs disaient depuis le début, mais aussi tout ce que St-Louis savait déjà.

Parce que la vérité, inconfortable pour certains, c’est que Martin St-Louis n’a jamais douté du talent de Demidov ; il a douté du moment, du contexte, de l’équilibre global de son équipe, et il a volontairement accepté d’encaisser les critiques en attendant l’instant qu’il jugeait opportun.

Ce jeu de va-et-vient, ce fameux yo-yo qui rendait tout le monde fou, ressemble de plus en plus à une stratégie consciente plutôt qu’à de l’improvisation, une manière de tester la résilience du joueur autant que celle du marché.

Et oui, on peut presque imaginer St-Louis, derrière le banc, légèrement crampé intérieurement, voyant la rondelle entrer et sachant très bien ce que ce but allait provoquer : les mêmes voix qui criaient à l’injustice parleraient maintenant de génie, les mêmes analyses qui dénonçaient l’entêtement souligneraient soudainement la patience du coach.

C’est cruel, mais c’est Montréal, et St-Louis le sait mieux que personne. Il a vécu ce marché comme joueur, il le vit maintenant comme entraîneur, et il comprend que parfois, la meilleure façon de répondre au bruit, ce n’est pas de l’éteindre, mais de le laisser culminer avant d’y opposer un geste clair, simple et impossible à contester.

Ce but d’Ivan Demidov sur la première unité d’avantage numérique n’efface pas toutes les questions, il ne règle pas tous les malaises, mais il réaffirme une chose essentielle : Martin St-Louis n’est pas sourd aux critiques, il choisit simplement quand et comment y répondre, et lorsqu’il le fait, il préfère que ce soit par la bouche de ses canons, par le tir d’un prodige qu’il sait capable de changer la narration en un instant.

Et à Montréal, quand la rondelle entre comme ça, tout le reste devient soudainement beaucoup plus silencieux.