Ivan Demidov dans les gradins: la bombe médiatique du 98,5 Sports

Ivan Demidov dans les gradins: la bombe médiatique du 98,5 Sports

Par Marc-André Dubois le 2025-04-23

C’est un segment radio qui a glacé le sang de plusieurs partisans du Canadien de Montréal, et qui en a fait sursauter plus d’un dans leur voiture.

Mardi matin, sur les ondes du 98,5 FM, José Théodore a lancé une bombe en direct : selon lui, Ivan Demidov devrait être laissé de côté en séries éliminatoires. 

Pas pour une période. Pas pour lui envoyer un message. Non. Pour le sortir complètement de l’alignement. Un joueur vedette, bourré de talent, enlevé du tableau à ce moment crucial de l’année.

Et il ne s’est pas arrêté là. Avec une froideur chirurgicale, Théodore a justifié cette éventualité comme une décision parfaitement normale.

Selon lui, Demidov est “le genre de joueur qu’on peut facilement rayer de l’alignement”.

Aucune chimie avec les coéquipiers. Un joueur fraîchement débarqué. Un pari trop risqué pour un entraîneur qui cherche la stabilité. Cinglant. Glacial. Brutal. Et peut-être même dangereux.

Parce qu’à Montréal, de telles déclarations ne sont jamais sans conséquences.

On parle d'une attaque sans pitié… et injuste...

Soyons clairs : le premier match en séries de Demidov n’a pas été parfait. Il a terminé la rencontre avec un différentiel de -2, a été effacé par la robustesse des Capitals, et n’a pas su faire la différence comme à son match inaugural.

Mais faut-il rappeler qu’il jouait aux côtés de Patrik Laine et Alex Newhook, deux joueurs qui, soyons honnêtes, plombent sa production depuis son arrivée?

Laine est lent, peu inspiré à cinq contre cinq, et traîne littéralement les pieds sur la glace. Newhook, pour sa part, a une fâcheuse tendance à "choker" dès que la pression monte.

Et c’est Demidov, à 19 ans, fraîchement débarqué de Russie, qui devrait payer pour ce manque d’intensité? C’est une logique insensée. On punit celui qui est mal entouré au lieu de s’attaquer aux vrais problèmes.

Ce qui rend la sortie de Théodore d’autant plus troublante, c’est qu’il sait exactement ce que ça fait d’être traqué, critiqué, humilié. 

Il a vécu l’enfer médiatique montréalais dans sa chair, dans son âme. Il a été ciblé par des caméras cachées, traqué chez lui par Michel Villeneuve, harcelé jusque dans sa vie privée.

On a fouillé dans ses comptes bancaires. On a questionné les fréquentations de sa famille. On l’a humilié, sali, broyé.

Et voilà qu’il retourne la même arme contre un jeune homme de 19 ans, arrivé à Montréal il y a deux semaines, avec un sourire timide, un talent immense et aucun repère. 

C’est exactement ce genre de traitement qui pousse les jeunes talents à s’écrouler sous la pression.

Demidov ne sera pas brisé par un revirement ou un mauvais match. Ce qui pourrait le briser, en revanche, c’est la combinaison du jugement populaire, du banc de punition et des légendes du club qui le pointent du doigt à la radio.

Et comme si ce n’était pas assez, Théodore est allé plus loin. Il a carrément proposé de remplacer Ivan Demidov par Arber Xhekaj.

Car pendant que certains parlent de rayer Demidov de l’alignement, une question obsède les partisans : où est Arber Xhekaj? 

L’homme fort du club, celui que tout le Québec réclame pour défendre les siens. Dans un match aussi émotif contre les Capitals, avec Tom Wilson qui rôde comme un vautour, comment justifier que Xhekaj soit encore dans les gradins?

Reste que le fait que Théo songe à sortir Demidov pour un 7e défenseur comme Xhekaj, c’est une gifle le concept...du talent...

C’est une insulte à l’intelligence hockey de n’importe quel partisan. Et pourtant, c’est exactement ce que Théodore a défendu à la radio. Froidement. Sûrement. Sans nuance.

Ce qui est fascinant, c’est que pendant ce temps-là, Martin St-Louis continue d’envoyer des signaux positifs sur Demidov. 

Il l’utilise à l’entraînement dans les trios réguliers. Il parle d’un processus. Il insiste sur le fait que “le kid est spécial”, qu’il apprend vite, qu’il veut rester patient.

Et puis, BOOM. José Théodore arrive à l’antenne et le défonce publiquement. Pas un mot sur la patience. Pas un mot sur la progression. Pas un mot sur la gestion d’un talent à long terme. Seulement une sentence brutale : « Qu’on le raye. »

C’est une pression immense qui vient de s’abattre sur St-Louis. Parce que maintenant, s’il garde Demidov dans la formation et que le CH perd, on dira qu’il a ignoré “la voix de la raison”.

Et s’il le retire, il validera l’idée que ce joyau russe n’a pas ce qu’il faut pour jouer à Montréal, après… trois matchs.

Demidov est une cible trop facile

Pourquoi? Pourquoi s’acharner sur le Russe ? Parce qu’il est jeune? Parce qu’il ne parle pas encore bien français ou anglais? Parce qu’il n’a pas de clan dans le vestiaire? Parce qu’il n’a pas d’alliés dans les médias? C’est toujours les mêmes profils qu’on vise à Montréal.

Une cible facile. Trop brillante, trop différente, trop prometteuse pour être laissée en paix.

José Théodore aurait pu prendre un autre angle. Il aurait pu dire :

« Demidov est mal utilisé. Il joue avec deux boulets. Il faut l’entourer de vrais joueurs. Il faut lui donner une chance. »

Il aurait pu parler de patience. Il aurait pu rappeler qu’un jeune talent, ça se protège, ça se façonne.

Il aurait pu dire qu’un joueur comme Demidov, on ne le met pas dans les gradins. On le développe. On l’encourage. On le garde dans le feu de l’action.

Mais non. Il a choisi l’attaque frontale. Il a choisi de l’envoyer sous l’autobus. Et ce faisant, il a ajouté un poids de plus sur les épaules d’un jeune qui en porte déjà trop.

Ivan Demidov n’est pas parfait. Il est humain. Il découvre la LNH. Il fait des erreurs. Mais il représente l’espoir. L’excitation. L’avenir. Le voir cloué au banc ou rayé de l’alignement serait une erreur historique. Et que cette proposition vienne de José Théodore, qui a lui-même survécu à l’enfer montréalais, c’est tout simplement ahurissant.

Montréal a déjà brûlé bien des talents en voulant aller trop vite. En refusant d’attendre. En refusant de protéger ses joyaux.

À ce rythme, ce ne sera pas seulement Demidov qu’on va perdre. Ce sera toute une génération de jeunes vedettes qui, en regardant la radio, la presse et la foule, comprendront une chose simple :

À Montréal, on te donne de l’amour… jusqu’à ce que tu rates une passe.