Vous le saviez, je le savais, tout le monde le savait : Ivan Demidov avait juste besoin d’une vraie chance.
Et pourtant, Roman Rotenberg a traîné des pieds comme un ado qui refuse de sortir les poubelles.
Le scénario était écrit depuis des semaines, mais il a fallu que Demidov force la porte, l’arrache à coups de performances magistrales pour enfin accéder à ce qu’il mérite : une place sur la première ligne.
Pas sur la quatrième, pas dans les estrades, pas comme bouche-trou en supériorité numérique.
Non, là où il doit être. Et maintenant, le voilà en train de faire exactement ce que tout le monde savait qu’il ferait : dominer.
Quatre matchs de suite avec un but.
Contre Sochi, il a encore pris les choses en main : trois points, un but, deux passes.
Un impact direct, sans fioritures. Et pendant ce temps, Rotenberg, derrière le banc, fait semblant que tout était prévu.
Ah oui, bien sûr, il croyait en Demidov depuis le début, n’est-ce pas ?
Non, Roman. Tout le monde voit clair dans ton jeu. Le Kid est juste trop fort pour la ligue.
Mais ce n’est pas juste la performance de Demidov qui impressionne. C’est la manière. Le calme, la confiance, la facilité presque insolente avec laquelle il s’impose.
Sur la première ligne, il n’a pas seulement montré qu’il pouvait suivre le rythme. Il a dicté le jeu, distribué des rondelles comme un vétéran, trouvé le fond du filet au moment crucial, et a donné à cette équipe du SKA, qui naviguait dans la grisaille, une véritable lueur d’espoir.
Et soyons honnêtes : c’est une équipe qui en avait désespérément besoin.
Ce qui est encore plus croustillant, c’est que tout ça s’aligne avec la fameuse visite de Ken Hughes, Vincent Lecavalier et Nick Bobrov en Russie.
Vous vous souvenez de leur petite virée à Saint-Pétersbourg il y a quelques semaines juste avant les fêtes? Le timing était beaucoup trop beau pour être une coïncidence.
Ils débarquent, et depuis, regardez Demidov, il passe de la quatrième ligne aux projecteurs de la première.
Si Rotenberg voulait envoyer un message clair que le SKA contrôle encore le narratif, il l’a complètement raté.
Tout ce que cette situation crie, c’est que le Canadien regarde ce diamant brut avec un intérêt grandissant, et que Rotenberg n’a plus de marge pour se planter.
Vous savez ce qui doit être particulièrement bizarre pour Roman Rotenberg ?
Ce n’est pas juste de voir Ivan Demidov lui clouer le bec match après match avec des performances qui respirent le talent brut.
Ce n’est même pas de devoir expliquer à ses supérieurs pourquoi ce gamin était coincé sur la quatrième ligne il y a encore un mois.
Non, le plus étrange, c’est probablement de gérer un prodige en sachant que, quoi qu’il arrive, il va lui glisser entre les doigts.
Parce que Rotenberg peut bien jouer avec les alignements, les responsabilités et les opportunités, mais il sait une chose : Demidov est destiné à la meilleure ligue au monde. Pas à la KHL, mais à la LNH.
C’est là toute l’ironie de la situation. La KHL n’est pas une ligue de développement. Ce n’est pas la Ligue américaine, où l’objectif principal est de préparer les joueurs pour le prochain niveau.
Ici, les entraîneurs jouent pour gagner, point final. Mais quand tu as un talent comme Demidov dans ton équipe, tu n’as pas vraiment le choix.
Parce que son développement ne peut pas attendre. Ce gars-là devait toucher du temps de glace, et pas juste n’importe quel temps.
Il avait besoin de minutes significatives, du temps en avantage numérique, des opportunités pour affiner son jeu et devenir le joueur qu’il doit être dans son futur rôle en LNH.
Et c’est là que tout se complique pour Rotenberg. Il n’est pas juste en train de gérer un joueur pour le bien de son équipe actuelle.
Il est, malgré lui, en train de préparer Demidov pour une carrière qui se déroulera ailleurs, à des milliers de kilomètres, dans une autre ligue.
Tout ce qu’il fait maintenant, chaque chance qu’il donne à Demidov, chaque minute supplémentaire sur la glace, c’est en réalité un cadeau direct pour le Canadien de Montréal. C’est la vie, comme on dit. Mais ça doit être un peu dur à avaler quand tu diriges un club dans la KHL.
Et ce qui rend la situation encore plus fascinante, c’est ce fameux passage de la délégation du CH en Russie.
On ne sait pas exactement ce qui s’est dit, mais depuis cette visite, tout a changé. C’est presque comique, en fait.
Avant leur arrivée, Demidov était utilisé à minima, comme un simple joueur parmi d’autres. Après ? Il est sur la première ligne, il joue sur l’avantage numérique, il accumule les points.
Les résultats parlent d’eux-mêmes. Et même si personne ne veut le dire à voix haute, il est difficile de ne pas se demander si cette transformation soudaine est une pure coïncidence.
Roman Rotenberg peut essayer de protéger la KHL, de protéger son club, mais à ce stade, c’est trop tard. Ivan Demidov est déjà sur le chemin de la LNH, et tout le monde le sait.
Tout ce qu’il fallait, c’était lui donner les outils pour continuer à progresser. Maintenant qu’il les a, il brille, et il est évident que son avenir n’est plus dans cette ligue.
Mais pour l’instant, il fait exactement ce qu’il doit faire : se développer, s’entraîner à devenir un joueur de premier plan, et montrer à tout le monde qu’il est prêt pour les projecteurs les plus brillants du hockey.
Rotenberg, lui, n’a plus vraiment de contrôle. Ce n’est qu’une question de temps avant que Demidov s’envole pour de bon.
Et franchement, ça doit être un peu frustrant. Mais c’est la réalité, et il va devoir s’y faire.
Amen