Annonce de l'Antichambre: Ivan Demidov sur le premier trio

Annonce de l'Antichambre: Ivan Demidov sur le premier trio

Par David Garel le 2025-10-22

Ce n’est pas juste une victoire. C’est un tournant.

Mercredi soir au Scotiabank Saddledome, le Canadien de Montréal a battu les Flames 2-1, mais derrière le score se cache quelque chose de beaucoup plus profond : un changement de garde.

Le vestiaire, les journalistes, les partisans, tout le monde en parle : Jakub Dobeš est devenu le véritable gardien numéro 1 du Canadien. Et Ivan Demidov, en orchestrant la prolongation avec une passe lumineuse à Mike Matheson, vient d’arracher son passeport officiel pour le premier trio.

C’est une soirée qui fera date. Le genre de match où une hiérarchie bascule. Et où un entraîneur, même s’il ne l’admet pas publiquement, doit se rendre à l’évidence : son équipe appartient maintenant aux jeunes.

Avant le voyage dans l’Ouest, les débats sur les gardiens faisaient rage.

Les médias québécoid, de TVA Sports à RDS, répétait que sa place de numéro 1 n’était « pas en jeu », les chroniqueurs francophones se relayaient pour le défendre, et Martin St-Louis parlait encore de “rotations”. Mais après Calgary, il n’y a plus de débat : le filet appartient à Dobeš.

Face aux Flames, le jeune Tchèque a repoussé 36 lancers, avec un calme et une technique qui rappellent Carey Price dans ses meilleures années.

Pas de gestes inutiles, pas de nervosité, juste une autorité tranquille. Il a eu besoin d’un seul clignement d’œil pour faire oublier le pourcentage d'efficacité de .867 de Montembeault.

Dobes a le 2e meilleur pourcentage d'efficacité de la LNH au grand complet en ce moment (950), tout juste derrière Igor Shesterkin.

Sa moyenne de but alloués de 1,47 est tout simplement incroyable. Au point que la République Tchèque commence à penser à lui pour les Olympiques.

À chaque arrêt de Dobeš, le banc du Canadien vibrait. Ce n’était plus un gardien en audition : c’était une pierre angulaire.

Et dans le vestiaire, les joueurs ne s’en cachent plus.

« Jakub, c’est notre mur », a soufflé Mike Matheson après son but vainqueur.

« Il dégage une sérénité incroyable. Quand il est là, on sent que tout est sous contrôle. »

Même les vétérans, longtemps loyaux à Montembeault, le reconnaissent : le vent a tourné.

Dans les coulisses, un membre de l’organisation résumait : « On ne peut plus retourner en arrière. »

Mais la vraie étincelle du match est venue du joueur que tout le Québec voulait voir enfin libéré : Ivan Demidov.

Après une semaine de débats, d’analyses, de frustrations sur son faible temps de jeu et son retrait du premier trio, le prodige russe a livré la meilleure réponse possible : le jeu.

En prolongation, il a reçu la rondelle à la ligne bleue, a attiré deux défenseurs, a patienté… et a glissé une passe transversale parfaite à Matheson pour le but gagnant.

Un geste de vision, de contrôle et d’audace, exactement ce que Martin St-Louis disait vouloir “ralentir” chez lui.

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Parions que St-Louis regrette ses paroles avant le match:

« On complique les choses un peu trop, on s’éloigne de notre plan de match et on donne du momentum à l’autre équipe. Quand tu fais ça, tu joues avec le feu un peu. »

« Parfois, on se complique la vie en zone neutre en voulant jouer avec du skill. Ça en prend, du skill, mais le jeu ne te demande pas de jouer avec du skill tout le temps. »

« Les habiletés individuelles viennent de toutes les actions ordinaires qu’il faut faire. Celles-ci vont nous permettre de faire des choses extraordinaires. Je pense que la prochaine étape, pour notre groupe, c’est de ne pas arrêter de faire les actions ordinaires que tu dois faire pour permettre à ton équipe de jouer avec les habiletés qu’elle possède. »

Ce soir-là, Demidov a fait taire la prudence du coach.

Parce qu’à Calgary, l’extraordinaire n’a pas été un luxe : il a été nécessaire.

Et l’organisation semble l’avoir compris.

Selon plusieurs observateurs présents à l’entraînement du matin, Martin St-Louis aurait discuté longuement avec son jeune attaquant après la séance vidéo.

Le ton, d’après certains témoins, était “beaucoup plus constructif”. Quelques heures plus tard, Demidov s’est retrouvé sur plusieurs séquences avec Suzuki à l’entraînement, testant la chimie que tout le monde réclame depuis trois semaines.

Le peuple a choisi.

Dans les gradins de Calgary, on entendait même les fans du Canadien scander son nom après la passe sur le but gagnant.

Sur les réseaux sociaux, le Québec est unanime :

Demidov doit monter avec Suzuki et Caufield. Slafkovský, lui, doit redescendre.

Même Guy Carbonneau et Denis Gauthier dans l'Antichambre sur les ondes de RDS, pourtant souvent conciliants avec St-Louis, ont craqué en direct : 

« Demidov doit jouer sur le premier trio, point. St-Louis n’a plus d’excuse. »

Et pour une fois, tout le monde est d’accord : « C’est clair comme de l’eau de roche ».

Demidov ne joue pas pour les statistiques, il ne court pas après les flashs. Il veut juste produire du hockey gagnant. Et quand il combine son talent brut à celui du capitaine, l’attaque du Canadien devient méconnaissable : plus fluide, plus rapide, plus dangereuse.

Et puis il y a Zachary Bolduc.

Encore une fois, il a marqué. Encore une fois, sur le power play. Et encore une fois, avec ce tir sec et chirurgical qui fait de lui un des meilleurs snipers canadiens de sa génération.

Le Québécois a ouvert la marque en première période d’un tir sur réception parfait, gracieuseté d’une passe soulevée de Nick Suzuki.

Un but d’école. Un geste d’instinct pur. Et surtout, une preuve vivante que Bolduc n’a rien d’un joueur de quatrième trio.

Pendant que Martin St-Louis sermonnait ses joueurs le matin même sur l’importance de “prioriser l’ordinaire avant l’extraordinaire”, Bolduc a répondu avec une gifle symbolique.

Lui, il n’a pas besoin de jouer “ordinaire”.

Il a besoin de marquer. Et il le fait.

Ce n’est plus un “prospect”. Ce n’est plus une expérience.

C’est un buteur d’élite.

Trois buts sur ses quatre derniers matchs, tous marqués avec une précision clinique. Et à chaque fois, le même constat : plus on lui donne la rondelle, plus le CH est dangereux.

Cher Martin, ce sont justement les gestes extraordinaires qui ont fait gagner son équipe.

Bolduc qui marque. Demidov qui crée. Matheson qui termine. Dobeš qui ferme la porte.

Les “actions ordinaires” appartiennent à un autre hockey, celui de l’ancien temps, celui des travailleurs sans flair. Ce soir-là, Montréal a gagné parce que son talent a pris le dessus.

Et tout le monde l’a vu. Même St-Louis. À la fin du match, son regard vers Demidov après la passe décisive valait mille mots. Pas de reproche. Pas de distance. Juste un hochement de tête discret, comme un aveu silencieux : il avait raison.

Demidov, lui, a préféré sourire sans parler. Mais ses coéquipiers l’ont encerclé dans la chambre, Matheson lui a lancé une tape sur l’épaule, et Suzuki lui a murmuré quelque chose à l’oreille avant de partir vers les journalistes.

Et pendant que tout le monde parlait de la passe décisive, Jakub Dobeš, assis dans son coin, recevait les éloges des vétérans un à un.

C’était la soirée des confirmations : le filet appartient à Dobeš, l’avenir offensif appartient à Demidov, et l’arme fatale s’appelle Bolduc.

Martin St-Louis a compris ce soir que le talent, ça se libère, ça ne se contrôle pas.