C’est fait. Ivan Demidov portera le numéro 93 avec le Canadien de Montréal. Et s’il y avait encore un doute sur l’ampleur de sa détermination à marquer l’histoire du Tricolore – et à affirmer son statut de roi du hockey russe – ce doute vient d’être balayé d’un revers aussi symbolique que brutal.
Le jeune prodige n’a pas simplement choisi un numéro. Il a lancé un message. Un avertissement. Une déclaration de guerre symbolique à son grand rival, Matvei Michkov.
Parce que oui, le 93, c’est l’inverse exact du 39 que porte Michkov. Et dans le monde du hockey russe, où chaque geste est minutieusement scruté, ce genre de détail ne relève jamais du hasard.
C’est une manière subtile – mais impitoyable – de dire : je suis ton miroir, ton contraire, ton supérieur. Le message est sans pitié : Demidov ne veut pas être comparé à Michkov. Il veut le dépasser. Le dominer. Le faire oublier.
Le choix est encore plus percutant quand on réalise les autres options qu’il avait. Le 91? Déjà porté par Oliver Kapanen.
Demidov aurait pu tenter de l’acheter, en offrant une Rolex ou un cadeau coûteux, comme le veut la tradition dans la LNH. Il ne l’a pas fait. Pourquoi?
Parce que Demidov ne veut pas s’agenouiller devant personne. Il ne veut pas négocier pour exister. Il veut imposer. Il a donc tourné son regard vers un numéro inutilisé et hautement symbolique : le 93, celui que personne n’a osé reprendre depuis Doug Gilmour...et surtout, qui évoque la dernière conquête de la coupe Stanley du Canadien.
Oui, dans un geste d’intelligence pure et de stratégie médiatique, il a choisi le 93 comme miroir inversé du 39 de Michkov.
Et ce n’est pas anodin. Car depuis le repêchage de 2023, toute les partisans du CH se déchaîne sur les réseaux sociaux pour critiquer Kent Hughes d’avoir ignoré Matvei Michkov pour sélectionner David Reinbacher. Certains crient au scandale. D’autres ne s’en sont jamais remis.
Mais voilà que Demidov, en choisissant ce numéro, vient indirectement protéger son DG. Il envoie un message clair : vous n’avez pas raté Michkov, vous avez gagné Demidov. Et moi, je vais vous le prouver.
Il ne s’agit plus seulement d’un affrontement d’opinions. Il s’agit d’un combat générationnel entre deux prodiges russes, et Demidov vient de marquer le premier but, sans même avoir encore disputé un match dans la LNH.
Demidov n’est pas Michkov. Et il le sait. Il est peut-être moins explosif, mais il est plus complet, plus responsable défensivement, et surtout, il est politiquement plus “safe”.
Il ne traîne pas la réputation égoïste de Michkov. Il n’a pas d’étiquette toxique. Il ne fait pas de vagues dans les coulisses.
Et c’est pour ça que Demidov représente l’avenir idéal de la LNH, alors que Michkov est encore vu comme une énigme...comme une bombe à retardement...
Le 93, c’est aussi une promesse. La promesse d’un nouveau cycle à Montréal. Celle d’un duo spectaculaire avec avec Patrik Laine, qui portera le 92.
Ensemble, le 92 et le 93 vont former la ligne la plus intrigante de la LNH. Une ligne née de deux rédemptions : celle d’un Finlandais qui veut renaître, et celle d’un Russe qui veut conquérir.
Ce choix de numéro, aussi mineur puisse-t-il sembler pour certains, est en réalité une véritable déclaration d’identité. Demidov vient à Montréal avec une mission.
Et il n’est pas ici pour marcher dans les pas de Michkov. Il est ici pour les effacer. Pour imposer sa propre trajectoire. Pour réécrire l’histoire du hockey russe en Amérique du Nord. Et ça commence maintenant.
Matvei Michkov? Un nom qu’on entendait à chaque coin de rue depuis deux ans à Montréal. Mais dans quelques semaines, dans quelques mois, ce nom pourrait devenir secondaire. Parce que le roi russe, c’est Demidov. Et son trône, c’est le Centre Bell.
Et c’est là qu’on réalise toute la richesse d’Ivan Demidov. Ce n’est pas seulement un prodige doté d’un talent générationnel.
C’est aussi un jeune homme d’un immense respect. Un joueur qui comprend l’histoire, qui saisit le poids du chandail qu’il s’apprête à enfiler.
Il aurait pu, comme tant d’autres jeunes étoiles, arriver en Amérique du Nord avec l’arrogance d’un sauveur. Il aurait pu exiger le 91 de Kapanen avec un simple chèque ou une montre de luxe.
Il aurait pu réclamer le 11, son chiffre fétiche, que porte Brendan Gallagher depuis plus d’une décennie. Mais il ne l’a pas fait. Pourquoi? Par respect.
Parce qu’Ivan Demidov sait que Gallagher, c’est l’âme du vestiaire. Il sait que s’imposer dans une nouvelle équipe, ce n’est pas écraser les figures établies, mais plutôt s’intégrer, gagner la confiance, se bâtir une place.
Il aurait pu choisir le 27, comme Kovalev. Ça aurait été un clin d’œil évident à un autre Russe spectaculaire qui a fait vibrer le Centre Bell.
Mais non. Il a préféré ne pas marcher sur les traces de Kovalev. Parce que Kovalev, c’est Kovalev. Parce que certaines légendes, on les honore en ne les imitant pas. Et parce qu’il n’est pas ici pour jouer un rôle. Il est ici pour écrire sa propre histoire.
Tout dans ce choix du 93 démontre une maturité énorme. Une intelligence émotionnelle rare chez un joueur de 19 ans.
Demidov aurait pu chercher la facilité, l’opportunisme, le geste marketing. Il a choisi la subtilité, la symbolique, le message fort mais digne.
Un numéro vide de tout passé récent, mais chargé de promesses. Et surtout, un numéro qui renvoie à un souvenir collectif : 1993. La dernière Coupe à Montréal. Et si c’était un signe?
C’est ce qui fait d’Ivan Demidov un joueur unique. Un mélange d’insolence contrôlée et de classe naturelle. Un feu derrière le calme.
Et c’est pour ça que Montréal est déjà tombée amoureuse. Parce que ce gamin venu de Russie, qui aurait pu choisir n’importe quel chemin, a choisi le plus noble. Il a choisi de respecter. De bâtir. Et de dominer.
Amen.