Crise sportive pour Ivan Demidov: Martin St-Louis abandonne son prodige

Crise sportive pour Ivan Demidov: Martin St-Louis abandonne son prodige

Par David Garel le 2025-12-14

Ivan Demidov traverse en ce moment ce que vivent tous les prodiges quand le jeu va plus vite que leur tête, quand la LNH cesse soudainement d’être un terrain d’expression de son talent pour devenir un test de survie.

Et ce qui inquiète, ce n’est pas tant ses erreurs visibles que le silence autour de lui, On a l'impression persistante qu’il nage la tête sous l’eau sans bouée, sans main tendue, sans ce regard rassurant de l’entraîneur qui dit simplement : je t’ai vu, je suis là, on va traverser ça ensemble.

Depuis quelques matchs, on voit un Demidov hésitant, un joueur qui passe lorsqu’il devrait tirer, qui force une passe quand le filet est grand ouvert, qui semble toujours arriver une fraction de seconde trop tard dans ses lectures (défensives mais aussi offensives).

Défensivement, il se fait exposer par des trios établis comme celui de Mika Zibanejad, non pas parce qu’il manque de talent, mais parce qu’il manque de repères, de confiance, de structure mentale pour respirer dans le chaos de la LNH, et ça, ce n’est pas un crime de jeunesse, c’est un appel à l’encadrement.

Ce qui frappe surtout, c’est la différence brutale avec ce qu’on observe ailleurs sur le banc : Martin St-Louis prend du temps avec Nick Suzuki, discute longuement avec Cole Caufield, échange constamment avec Mike Matheson, accompagne Zachary Bolduc dans ses moments difficiles.

Même avec les plombiers comme Joe Veleno, Josh Anderson ou Jake Evans, il ajuste, explique, encadre, ses joueurs qu'ils considère comme des fils.

Demidov, lui, semble livré à lui-même, comme si son statut de prodige supposait une capacité automatique à se sortir seul du sable mouvant, comme si le talent brut devait suffire à combler le vide de l’apprentissage.

Or, un prodige abandonné reste un jeune joueur en difficulté, pas un sauveur silencieux, et les images parlent d’elles-mêmes : lors des derniers matchs, on n’a pratiquement pas vu St-Louis s’adresser à Demidov au banc, pas de discussion prolongée, pas de gestes pédagogiques visibles, pas de tentative claire pour ralentir le jeu pour lui, alors que le hockey moderne exige justement ce type d’accompagnement individualisé, surtout quand le joueur montre des signes évidents de panique mentale.

Il ne s’agit même pas d’un débat sur le temps de glace, car qu’il joue 10,, 12, 15 (comme hier, 16 ou 18 minutes devient secondaire si ces minutes sont vécues dans la confusion, sans filet émotionnel, sans message clair sur ce qu’on attend de lui à chaque présence.

Et c’est là que le malaise s’installe : Demidov n’est pas simplement en baisse de régime, il semble chercher une validation de son coach, et le banc du Canadien, en ce moment, ne lui offre pas ce point d’appui.

Le plus troublant, c’est que Demidov ne triche pas : il travaille, il revient, il se place, il essaie de faire la bonne chose, mais son jeu est figé par la peur de mal faire, et quand un jeune joueur talentueux commence à jouer pour éviter l’erreur plutôt que pour créer, c’est le signe le plus clair qu’il a besoin d’un dialogue constant avec son entraîneur, pas d’un silence interprété comme une punition.

Demidov est privé de la première unité d'avantage numérique, joue avec les plombiers Kapanen et Texier, est toujours dans la niche du coach... qui ne lui parle tout simplement pas.

Martin St-Louis a raison sur une chose : la LNH est exigeante, mentalement impitoyable, et chaque détail compte, mais précisément pour cette raison, on ne peut pas laisser un joyau comme Demidov affronter seul cette tempête.

Surtout quand on voit à quel point il réagit mal aux difficultés en ce moment. On peut voir à quel point il absorbe la pression, à quel point il semble vouloir lever la main sans jamais recevoir de réponse claire.

Demidov n’a pas besoin d’être protégé dans la ouate, mais il a besoin d’être guidé.

Et s’il y a une responsabilité qui incombe à un entraîneur dans une phase comme celle-ci, ce n’est pas seulement de répartir les minutes ou d’imposer un système, c’est d’accompagner humainement un joueur en train d’apprendre la ligue la plus cruelle du monde.

À Long Island, Patrick Roy passe toujours du temps en solo avec Matthew Schaefer. Même chose à Anaheim avec Joel Quenneville et BEnneck Sennecke. Parce qu’un prodige qu’on encadre devient une star, mais un prodige qu’on laisse seul peut rapidement devenir un doute ambulant.

Et en ce moment, Ivan Demidov doute, non pas de son talent, mais de sa place, et ça, c’est un signal que le Canadien ne peut pas se permettre d’ignorer.

Réveille Marty.