Le premier trio démantelé: Martin St-Louis doit s’expliquer

Le premier trio démantelé: Martin St-Louis doit s’expliquer

Par David Garel le 2025-11-11

Le Centre Bell a vécu, mardi soir, un moment que tous les partisans du Canadien de Montréal attendaient depuis des semaines.

Pendant quelques minutes à peine, à la fin d’une défaite pourtant sans saveur contre les Kings de Los Angeles (5-1), Ivan Demidov a été réuni avec Cole Caufield et Nick Suzuki.

 Une scène presque irréelle, qui a redonné un souffle à une soirée bien triste. Mais au lieu de célébrer ce trio que tout le monde attendait, Martin St-Louis a choisi d’en minimiser l’importance, au point de créer un malaise dans la salle de presse.

L’échange a été bref, mais glacial. Le journaliste Stu Cowen, de la Gazette, a posé la seule question que tout le monde se posait :

 « Pourquoi avoir mis Demidov avec Suzuki et Caufield à la fin du match? Est-ce que tu voulais simplement essayer quelque chose? » 

Et la réponse de St-Louis a figé tout le monde : « Non, écoute. Ce n’est pas la première fois que je fais ça. »

Un silence s’est installé. Parce que oui, c’était bel et bien la première fois que St-Louis osait réunir le prodige russe avec les deux joueurs les plus explosifs de l’équipe.

Et le ton hésitant du coach n’a trompé personne : il cherchait visiblement à éviter le piège, celui d’admettre que cette combinaison avait été réclamée par tout le Québec depuis un mois.

Quand Demidov a sauté sur la glace avec Suzuki et Caufield à mi-chemin de la troisième période, alors que le score était déjà hors de portée, la foule a soudainement changé de ton.

Les huées se sont tues, même si le match était hors de portée, Les téléphones se sont levés.

C’était le trio que tout le monde voulait voir.

Même dans une défaite de 5 à 1, même dans un match où le Canadien n’a jamais été dans le coup, il suffisait de quelques séquences pour que le Centre Bell retrouve vie.

À chacune de ses présences, Demidov a attiré les regards, contrôlé la rondelle avec la fluidité d’un vétéran et forcé deux défenseurs des Kings à reculer dans la même séquence.

Et pourtant, malgré cette évidence, malgré le fait que toute la province attendait cette combinaison depuis des semaines, Martin St-Louis a agi comme si ce n’était rien.

Ce malaise en dit long sur la relation complexe entre Martin St-Louis et Ivan Demidov.

Le coach ne veut pas donner l’impression qu’il cède à la pression populaire. Il ne veut pas qu’on dise que les médias ont influencé ses choix. Mais cette obsession de contrôle l’amène à refuser d’assumer des décisions pourtant logiques.

Ce soir, tout le monde a vu qu’il n’avait pas de plan. Il voulait éviter le scandale de Slafkovsky, cloué au banc, sans oser dire que Demidov méritait enfin sa place sur la première ligne.

Car c’est bien de ça qu’il s’agit : la peur de briser un équilibre politique dans le vestiaire. Slafkovsky, premier choix au total, demeure un projet fragile. Lui retirer son poste au profit d’un autre jeune prodige, aurait pu enflammer le débat sur la hiérarchie au sein de l’équipe.

St-Louis offert au public une friandise pour calmer la grogne, tout en se défendant ensuite d’avoir fait un véritable changement.

Cette scène résume parfaitement l’ère St-Louis. Un entraîneur qui prêche la créativité, mais qui se justifie dès qu’il ose une décision audacieuse.

L’homme qui répète à ses joueurs de « jouer libre », mais qui n'a pas le guts de prendre des décisions controversées.

Ce qui choque dans cette conférence de presse, ce n’est pas tant la défaite, les reconstructions sont faites de soirées difficiles, mais l’incapacité du coach à reconnaître l’évidence : Ivan Demidov est prêt.

St-Louis a beau parler de constance, de travail sans la rondelle, de détails défensifs, les faits sont là : Demidov est l’un des joueurs les plus productifs du club par minute jouée.

Et au moment où Suzuki et Caufield manquent de support offensif, la logique voudrait qu’on les réunisse.

Quand Demidov a embarqué avec les deux vedettes, le Centre Bell a réagi fort.

Et pourtant, au lieu de célébrer cette étincelle, St-Louis a semblé sur la défensive.

Le coach du CH ne sait pas encore comment gérer le phénomène Demidov. Il le respecte, il reconnaît son talent, mais il ne le comprend pas entièrement. Ce joueur-là fonctionne à l’instinct, dans un registre que St-Louis ne peut pas contrôler.

Et c’est précisément ce qui le dérange.

Demidov ne suit pas les règles du vestiaire. Il n’a pas peur d’improviser, de déborder du plan. Il n’est pas formaté. Et pour un coach obsédé par les systèmes, c’est déstabilisant.

Ce qui est fascinant, c’est que le message du public a été plus clair que celui du coach.

Même dans une défaite de 5 à 1, les partisans se sont levés pour applaudir la seule décision culottée e de la soirée.

Ils savent que le futur du Canadien passe par ce trio : Suzuki, Caufield, Demidov.

Ils l’ont vu. Ils l’ont ressenti. Et ils ne l’oublieront pas.

La reconstruction, St-Louis le dit lui-même, n’est pas terminée.

Mais si l’objectif est de former un club compétitif, il faut arrêter de gérer par peur.

Laisser Demidov jouer avec Suzuki et Caufield, ce n’est pas céder à la foule, c’est écouter le hockey.