Ivan Demidov puni par Martin St-Louis: le coach perd la tête

Ivan Demidov puni par Martin St-Louis: le coach perd la tête

Par David Garel le 2025-11-06

Le Canadien a beau être revenu de Newark avec un point, ce match contre les Devils du New Jersey a laissé un goût amer, et pas seulement à cause du but de Jesper Bratt en prolongation.

C’est le genre de défaite qui révèle un malaise bien plus profond que le simple revers au classement. Car si le Canadien a encore trouvé le moyen d’arracher un point à l’étranger, Martin St-Louis a, lui, trouvé le moyen d’humilier deux de ses meilleurs jeunes : Ivan Demidov et Zachary Bolduc.

Encore une fois, son entraîneur a préféré s’en remettre à la prudence, à la hiérarchie, et à la fausse idée qu’un jeune doit “gagner ses minutes”.

Demidov a joué 10 minutes 27 secondes. Bolduc, 9 minutes 11. Pendant ce temps, Josh Anderson a eu 16 minutes, Brendan Gallagher 11 minutes 30 secondes, et même Joe Veleno a franchi la barre des 12 minutes 44. Quelle honte.

Martin St-Louis n’a aucune justification valable pour réduire le temps de jeu d’Ivan Demidov. Le jeune prodige est actuellement dans le top des recrues de la LNH au chapitre des points, il figure parmi les meilleurs de la ligue au niveau des statistiques avancées liées aux buts contre lorsqu’il est sur la glace, et il apporte de l’énergie, de la créativité et de la magie à chaque présence.

Et pourtant, St-Louis l’a traité comme un figurant. Dix minutes et vingt-sept secondes pour un joueur capable de changer le cours d’un match. Dix minutes pour un gars qui fait lever la foule à chaque touche de rondelle. C’est non seulement incompréhensible, c’est insultant.

Et le plus inquiétant, c’est qu’on a compris pourquoi Martin St-Louis a puni Ivan Demidov : à cause d’une pénalité. Pendant un avantage numérique du Canadien, le jeune Russe a commis une faute inutile, et la réaction de l’entraîneur a été immédiate.

Sur le banc, on a vu St-Louis exploser, les bras dans les airs, le visage crispé, incapable de se contenir. Son complexe de Napoléon a refait surface : il n’a pas supporté qu’un joueur de 19 ans, plus talentueux que tous ceux qu’il a coachés, brise son autorité.

Plutôt que d’utiliser ce moment pour encadrer un génie en apprentissage, St-Louis a choisi la voie de l’égo, celle de la punition publique.

Demidov, le joueur le plus doué à Montréal depuis Guy Lafleur, a été cloué au banc comme un simple figurant. C’est non seulement disproportionné, c’est totalement inacceptable.

Même scénario pour Zachary Bolduc. Neuf petites minutes. L’un des meilleurs tireurs de l’organisation, un joueur qui a bâti sa réputation sur sa capacité à exécuter rapidement dans les zones dangereuses, encore "pogné" à un rôle de figurant. Pendant que les vétérans gaspillaient des présences, Bolduc rongeait son frein sur le banc.

Et le pire ? Ces deux jeunes auraient pu faire la différence.

Tout s’est joué en prolongation. À 3 contre 3, la glace s’ouvre, les cerveaux s’exposent. Et c’est souvent là qu’on distingue les vrais joueurs de hockey IQ des athlètes qui patinent vite mais réfléchissent lentement.

Alex Newhook avait la chance d’or de donner la rondelle à Demidov dans sa zone pour partir une attaque. Il avait la chance de faire une passe arrière, mais il n'a tout simplement pas eu l'intelligence de comprendre la situation. Et plutôt que de distribuer, il a voulu tout faire seul.

Tentative de pénétration en zone offensive, rondelle perdue, revirement fatal, et Jesper Bratt s’est échappé avant de battre Jakub Dobes. Fin du match.

Cette erreur est inacceptable. Elle symbolise tout ce qui ne va pas dans la gestion de Martin St-Louis. Newhook joue du bon hockey, oui. Mais il n’a pas le QI de jeu nécessaire pour jouer avec un génie comme Ivan Demidov. Et quand un entraîneur persiste à forcer des combinaisons qui ne fonctionnent pas, il finit par payer la note.

Ce but de Bratt, c’est un message du destin : tu veux que ton équipe gagne en prolongation ? Mets tes créateurs sur la glace. Pas tes travailleurs.

Depuis son arrivée, Martin St-Louis répète qu’il veut “faire mériter leurs minutes” à ses jeunes. C’est noble. En théorie. Mais à un certain point, cette approche devient contre-productive.

Quand un joueur prouve, soir après soir, qu’il est capable de générer des chances, de créer du danger, d’influencer le jeu, pourquoi continuer à le punir comme s’il devait encore “faire ses preuves” ?

Ce soir, Demidov n’a pas seulement été sous-utilisé. Il a été effacé du plan de match. Dix minutes, c’est le temps de jeu d’un 13e attaquant. Pas celui d’un des joueurs les plus dynamiques du club.

Et pourtant, même dans ce rôle minimal, il a trouvé le moyen d’être dangereux, d’obtenir des occasions, de provoquer. (il fait tout le travail sur le but de Kapanen même s'il ne récolte pas de passe).

Faire jouer Gallagher plus que Demidov ? C’est un non-sens absolu. Gallagher n’est plus le joueur qu’il était. Il se bat, il fonce, il donne tout, mais il ne crée plus. Son corps est fini à la corde.

Le hockey moderne se joue avec la tête et les mains. Et Demidov a les deux à un niveau d’élite.

Ce match doit être le point de non-retour. Il est temps de former le vrai trio offensif du Canadien : Kirby Dach, Zachary Bolduc et Ivan Demidov.

C’est une combinaison logique, complémentaire et explosive. Dach a le gabarit, la vision et la responsabilité défensive. Bolduc a le tir et la finition. Demidov a la créativité et la lecture du jeu. Ensemble, ils peuvent incarner la nouvelle génération du CH.

Mais pour ça, il faut que St-Louis abandonne son obsession pour Newhook. Oui, il a marqué un but en prolongation récemment. Oui, il travaille. Mais il n’a pas la fluidité nécessaire pour jouer avec un joueur aussi intuitif que Demidov. Il ralentit le jeu, il casse les séquences, il improvise là où Demidov lit le jeu deux coups à l’avance.

Si St-Louis veut vraiment bâtir une équipe moderne, il doit accepter de laisser ses jeunes courir. Pas les enfermer dans une logique de hiérarchie rigide.

Ce point récolté au New Jersey n’a aucune valeur si le Canadien continue à se priver de ses meilleurs éléments dans les moments clés. Montréal ne peut pas espérer progresser si ses deux jeunes vedettes offensives sont traitées comme des figurants.

Ce match est un avertissement. Martin St-Louis doit comprendre que le développement ne passe pas seulement par la patience, mais aussi par la confiance.

Faire jouer Ivan Demidov dix minutes, c’est comme acheter une Ferrari pour rouler en première. Et continuer à ignorer Bolduc dans les moments décisifs, c’est refuser d’utiliser une arme de précision quand on a besoin d’un tir parfait.

Ce n’est pas une question de jeunesse. C’est une question de mérite réel. Et ce soir, ceux qui méritaient de jouer n’ont pas joué.

Le visage du futur, pas du passé

Les partisans ne sont pas idiots. Ils voient bien ce qui se passe. Ils voient Demidov être un des joueurs les plus constants du club, ils voient Bolduc s’impliquer physiquement malgré son temps de jeu ridicule, et ils voient Newhook, Gallagher et Anderson obtenir toutes les chances du monde alors qu'ils n'ont aucun "swag" sur la glace.

Cette incohérence est en train de briser la confiance du vestiaire. Les jeunes veulent sentir qu’on croit en eux. Demidov ne dira rien publiquement, il est trop poli, trop respectueux. Mais dans son regard, on devine qu’il se demande ce qu’il doit faire de plus.

Ce soir, la réponse est simple : rien. C’est à Martin St-Louis d’évoluer.

Montréal repart du New Jersey avec un point. Mais ce point est empoisonné. Parce qu’il cache une défaite morale. Une défaite d’idées. Une défaite d’audace.

Le Canadien a besoin de changement, pas de conservatisme. Il a besoin de Demidov et Bolduc. Il a besoin de talent. Et il a besoin d’un coach qui ose les libérer.

Ce match aurait pu être une victoire éclatante. Il restera comme un rappel brutal : quand tu enfermes tes meilleurs, tu perds.