Jacob Fowler place Pascal Vincent dans l’eau bouillante

Jacob Fowler place Pascal Vincent dans l’eau bouillante

Par André Soueidan le 2025-05-04

Il y a des matins où Pascal Vincent doit s’habiller à l’eau froide tellement le Rocket de Laval l’a plongé dans une bouilloire de décisions impossibles.

Son problème ne s’appelle pas “blessures”, ni “manque de talent”, ni même “efforts défensifs”. Non. Son problème a un nom de jeune prodige de 20 ans : Jacob Fowler.

Depuis deux matchs, le kid garde les buts comme s’il jouait pour un contrat à 8 chiffres. Il ne panique jamais. Il gèle les rondelles comme un vétéran.

Il n’a pas volé deux matchs, il a écrasé Cleveland. Le genre de performance qui rend ton vestiaire muet. Le genre de performance que les partisans adorent.

Pis c’est là que ça devient compliqué pour Vincent. Parce que samedi, Cayden Primeau a redescendu de Montréal. Pis avec lui, un CV de loyauté et de respect.

Primeau, c’est pas n’importe qui. C’est un gars d’organisation. C’est lui qui t’a amené là. C’est lui qui a mangé les coups durs en saison longue.

Mais les séries, ce n’est pas pour respecter le passé. C’est pour vivre le présent. Et le présent crie Fowler à tue-tête sur toutes les plateformes sociales.

Sur Twitter, sur RDS.ca, sur les forums Facebook : tout le monde demande une chose, une seule chose — qu’on garde le kid dans le filet.

« On ne change pas une formule gagnante » qu’ils disent, mais en québécois, c’est plus clair : change pas un gardien qui vient de t’en coller deux sans broncher.

Si tu veux faire plaisir aux partisans qui remplissent la Place Bell, tu donnes le match #3 à Jacob Fowler. C’est lui qu’ils sont venus voir.

S’il flanche, tu fais entrer Primeau. C’est aussi simple que ça. Mais si tu fais l’inverse, tu risques de perdre ton momentum et ton public.

Parce qu’en ce moment, Jacob Fowler est plus qu’un gardien : il est un symbole. Le symbole que le Rocket est prêt à miser sur l’avenir.

Le symbole que le CH ne va plus enterrer ses jeunes derrière les vétérans juste par principe. Le symbole que le mérite passe devant le pedigree.

Mais Vincent, lui, est coach. Pas influenceur. Pas vendeur de billets. Lui, il doit gérer des ego, des statuts, des attentes internes qu’on ne connaît pas.

Il sait que Primeau a trimé dur. Il sait que Primeau s’attend à reprendre sa place. Et il sait que le vestiaire le respecte comme un vrai.

Mais le respect ne gagne pas des séries. Ce qui gagne des séries, c’est la hot hand. C’est le momentum. C’est le gardien qui gèle des rondelles à Cleveland.

Pis ça, c’est Jacob Fowler. Pas besoin de faire un sondage : le public l’a déjà élu. Le CH l’a repêché pour ces moments-là. Le Rocket l’a préparé pour ça.

Alors Pascal Vincent est là, au centre du brasier. Il a le choix entre écouter la foule, ou flatter la hiérarchie. Entre préparer l’avenir, ou respecter le passé.

Il y a des décisions qui font mal à l’orgueil. Celle-là peut faire mal à une saison. Et le pire dans tout ça? C’est qu’il ne peut pas gagner des deux bords.

Et si jamais Pascal Vincent décide d’aller avec Primeau, il faudra qu’il vive avec le bruit. Parce que ce ne sera pas un choix neutre.

Ce sera un message. Un message à son vestiaire, à son directeur général, à son monde. Un message que la loyauté prime encore sur la performance.

Mais s’il choisit Fowler, il accepte aussi de brasser la hiérarchie, de faire face aux émotions, pis de miser sur ce que les partisans veulent vraiment.

Et entre nous, dans un amphithéâtre plein à craquer, avec une foule blanche qui vibre à chaque arrêt du kid… c’est peut-être le moment de choisir le bruit.

À suivre