C'est une tendance qui revient sans cesse comme un mauvais refrain : le Canadien de Montréal fuit les "bad boys" comme la peste.
Et en 2025, cette politique de peur, cette obsession maniaque pour une culture de vestiaire immaculée est en train de coûter à Kent Hughes et Jeff Gorton des talents exceptionnels. Le plus récent exemple? Trevor Zegras.
Les Flyers de Philadelphie viennent d’obtenir Zegras en donnant... Ryan Poehling, le 45e choix total et un choix de 4e ronde.
Pas de top prospect, pas de choix de premier tour, pas de gros salaires à absorber. Ryan Poehling, un centre marginal, un choix de deuxième ronde, et un autre choix de bas-étage.
Et pendant ce temps-là, à Montréal? Rien. Nada. Le CH aurait pu égaler (voire bonifier) cette offre en envoyant à Anaheim Jake Evans, le 41e ou 49e choix total, et un choix de 4e ronde.
Mais Kent Hughes a préféré rester dans son cocon de conformisme, incapable de composer avec le profil de Zegras. Un joueur trop flamboyant, trop insolent, trop... talentueux?
Mais ce n'est pas une première. En 2023, Hughes a refusé de repêcher Matvei Michkov. L'excuse? Il était russe. Il avait un caractère difficile. Il y avait des doutes sur son engagement.
Tout cela, alors que le Canadien disposait des services de Nick Bobrov, l'homme le mieux connecté sur la scène russe. Bobrov savait que Michkov allait débarquer en Amérique du Nord rapidement. Il l’avait dit. Mais Hughes, lui, a reculé.
Pas parce que Michkov était russe. Non. Parce qu’il était perçu comme un "bad boy". Un caractériel. Un jeune qui ne coche pas toutes les cases de la petite feuille parfaite du bon soldat. Résultat? On a laissé passer un joueur au potentiel de supervedette.
Ironiquement, un an plus tard, Hughes repêche Ivan Demidov, un autre Russe. Mais pourquoi Demidov, et pas Michkov?
Cette obsession pour le vestiaire propre nuit à la relance du CH. Il suffit de regarder Evander Kane. Ce talent brut vient d'être donné par les Oilers aux Canucks de Vancouver.
Encore un "bad boy", encore un gars avec du chien, qui aurait pu aider n’importe quel top 6 dans la LNH. Mais à Montréal? On n’y a jamais pensé. Parce que Kent Hughes ne veut pas de vagues. Pas de drame. Pas de personnalités fortes.
Mais est-ce que Martin St-Louis, lui, n’est pas le coach idéal pour gérer ce type de joueurs? N’est-ce pas justement dans ses cordes, de prendre des jeunes rebelles et de les transformer en guerriers disciplinés?
Si un gars comme St-Louis n’est pas capable de canaliser l’énergie d’un Michkov ou d’un Zegras, qui le pourra?
Au final, la facture est salée. Si on fait le calcul, le CH aurait pu avoir Michkov et Zegras en échange de : Jake Evans, Ryan Poehling, un choix de 2e ronde, un choix de 4e ronde. C’est presque criminel.
On se prive de deux talents de premier plan pour protéger quoi? Une illusion de stabilité? Une philosophie qui produit des saisons de 75 points et des repêchages de la désillusion?
Le Canadien de Montréal rate des occasions en or. Et pendant que d'autres équipes saisissent des joyaux un peu brûlants, Hughes regarde ailleurs, trop terrifié à l'idée de salir l'uniforme.
La LNH, ce n’est pas une salle de classe. C’est un champ de bataille. Et il faut parfois des chiens de ruelle pour gagner des guerres.
Mais visiblement, à Montréal, on préfère les toutous bien peignés aux renards sauvages.
Et pourtant, les exemples pullulent sous les yeux de Kent Hughes et Jeff Gorton.
Regardez les Panthers de la Floride : une équipe bâtie avec des gars de caractère, des joueurs au passé parfois tumultueux, des personnalités qui n’entrent pas toujours dans le moule.
Matthew Tkachuk, Sam Bennett...des noms qui dérangent sur la glace, mais qui gagnent.
Des gars qui, au lieu d’être rejetés pour leur fougue, sont célébrés pour leur mordant.
C’est ça la recette d’une équipe qui gagne. Pas une armée de robots aseptisés qui cochent des cases sur un PowerPoint de « culture organisationnelle ».
Pendant ce temps, à Montréal, on fait des conférences de presse pour parler de « valeurs » et de « structure », pendant que les vrais bâtisseurs de clubs gagnants font des transactions audacieuses.
Daniel Brière n’a pas eu peur d’ajouter Zegras.
Jim Nill à Dallas, Bill Zito en Floride… ce sont des DG qui n’ont pas peur de se salir les mains pour bâtir un club qui a du mordant.
À Montréal? On préfère s’inquiéter de l’effet que pourrait avoir un Zegras dans le vestiaire, comme si ce vestiaire n’était pas déjà celui d’une équipe qui finit dans le ventre mou du classement.
Et ce qui est le plus inquiétant, c’est que cette mentalité risque de coûter encore cher dans les années à venir.
Le CH a besoin de chiens de ruelle pour espérer sortir de sa reconstruction éternelle.
Il faut des joueurs qui dérangent, des joueurs qui brassent, des joueurs qui allument les partisans et qui donnent du fil à retordre aux adversaires.
Tant que Hughes et Gorton continueront à construire un club de « gentils garçons », Montréal va continuer à regarder passer les séries comme un enfant regarde les vitrines d’un magasin de jouets… les yeux pleins d’envie, mais les mains vides.
Triste.