Surprise à Montréal: le CH nomme un nouveau président

Surprise à Montréal: le CH nomme un nouveau président

Par David Garel le 2025-10-14

En pleine effervescence du match d’ouverture local des Canadiens de Montréal contre le Kraken de Seattle, l’organisation a largué une bombe qui change radicalement sa structure de pouvoir.

À quelques heures du lever de rideau au Centre Bell, le CH a annoncé la prolongation de contrat de cinq ans pour Kent Hughes et Jeff Gorton.

Mais c’est le détail glissé dans le communiqué qui a électrisé les cercles du hockey montréalais : Jeff Gorton n’est plus simplement vice-président des opérations hockey. Il est désormais officiellement PRÉSIDENT du Canadien de Montréal.

La nuance peut sembler administrative. Elle est en réalité gigantesque. Car ce titre, « président du Canadien », appartenait jusqu’à maintenant à Geoff Molson lui-même.

Le propriétaire de l’équipe vient de poser un geste rarissime dans le monde du sport professionnel : il abandonne officiellement son poste exécutif le plus important, en déléguant la présidence de l’équipe à l’homme de confiance qu’il a recruté en 2021, après le congédiement de Marc Bergevin.

Ce changement de garde s'inscrit dans une dynamique à la fois organisationnelle et profondément politique. Depuis plus de deux ans, Molson s’était effacé peu à peu des opérations courantes, laissant Gorton diriger la relance du club en tandem avec Kent Hughes.

Mais jamais il n’avait officiellement cédé son titre. En annonçant ce changement de manière subtile, par une simple ligne dans un communiqué, Molson a renoncé à une part de son autorité symbolique, ce qui n’a pas échappé aux observateurs les plus attentifs. Et personne à Montréal ne s’attendait à une telle annonce en ce 14 octobre 2025.

Ce qui rend ce changement encore plus savoureux, c’est qu’il survient dans un contexte de guerre froide ouverte entre Geoff Molson et Michael Andlauer, le nouveau propriétaire des Sénateurs d’Ottawa… et ex-associé du CH.

Depuis qu’il a mis la main sur les Sénateurs, Andlauer n’a cessé de s’attaquer publiquement à son ancien partenaire.

Il l’a qualifié de « mauvais gestionnaire », a critiqué ses choix de dirigeants, a moqué sa gestion du dossier Québec, et a même insinué qu’il avait tenté, sans succès, de réformer le CH de l’intérieur quand il y était actionnaire minoritaire.

Le point de rupture a probablement été atteint récemment, lorsqu’Andlauer a tourné en ridicule la décision du CH de prolonger son séjour à Québec après un match préparatoire contre Ottawa, insinuant que les Montréalais avaient « enfin compris que Québec était un bon marché ».

Michael Andlauer a toujours été cinglant lorsqu’il s’agissait de critiquer la structure de pouvoir au sein du Canadien de Montréal.

Depuis des années, il jugeait ridicule que Geoff Molson cumule à la fois les rôles de propriétaire et de président de l’équipe.

Selon lui, un tel modèle était voué à l’inefficacité : trop de pouvoir concentré entre les mains d’un homme qui, malgré sa bonne volonté, n’avait ni l’expertise hockey ni le recul nécessaire pour agir en stratège.

Lorsqu’il était encore actionnaire minoritaire du CH, Andlauer ne se gênait pas pour le dire : Molson devait déléguer. Il l’avait répété à plusieurs reprises dans ses cercles d’affaires et, plus récemment, devant les caméras, en expliquant que le Canadien aurait dû, dès 2012, confier la présidence des opérations à un vrai gestionnaire de hockey.

À l’époque, Molson s’était autoproclamé président lorsque Marc Bergevin avait été nommé directeur général, tout en promettant de ne pas interférer. Mais cette dualité, selon Andlauer, avait créé une confusion chronique dans la chaîne de commandement.

Aujourd’hui, plus de dix ans plus tard, le geste posé par Molson ressemble étrangement à la vision qu’Andlauer défendait depuis toujours.

Et plusieurs dans l’entourage du CH murmurent que c’est justement la pression publique constante du propriétaire des Sénateurs d’Ottawa, ses critiques acerbes et ses sorties calculées dans les médias, qui auraient fini par convaincre Molson de passer à l’action.

En d’autres mots, c’est Andlauer, l’ancien partenaire devenu adversaire, qui a provoqué la bombe la plus importante dans la structure du Canadien depuis l’ère Bergevin.

Cette guerre d’ego, menée sur la place publique, a vraisemblablement accéléré la réflexion de Molson. Car dans son entourage, on confirmait depuis plusieurs mois que le propriétaire était lassé du feu médiatique et prêt à se recentrer sur la gestion stratégique à long terme, plutôt que sur le quotidien des opérations hockey.

La nomination officielle de Jeff Gorton comme président du Canadien marque donc un repli discret mais significatif de Molson, qui choisit désormais de gouverner à distance plutôt que de diriger activement.

Il faut rappeler que depuis son arrivée en novembre 2021, Jeff Gorton n’a jamais été un exécutif « cosmétique ». Dès le départ, il a choisi son DG (Kent Hughes), son entraîneur (Martin St-Louis), et a mis en place une vision claire de reconstruction progressive.

Mais le fait de porter désormais le titre officiel de président, c’est plus que de la reconnaissance : c’est du pouvoir consolidé.

Gorton est maintenant le patron exécutif numéro un et sera vu comme la figure centrale du CH au niveau de la LNH.

Kent Hughes, lui... est vu comme le meilleur DG de la LNH.

Voilà ce qui a scellé la confiance de Molson, c’est l’approche humaine et méthodique du tandem, qui a ramené un climat sain dans le vestiaire et auprès des partisans, après le fiasco Marc Bergevin.

Il est d’ailleurs révélateur que cette annonce survienne le jour même du match d’ouverture au Centre Bell, comme pour marquer un nouveau chapitre dans l’histoire du club. Le CH ne célèbre pas seulement le retour de la saison : il célèbre une nouvelle structure de gouvernance.

Ironiquement, c’est dans le silence que cette révolution interne a été annoncée. Pas de conférence de presse. Pas de vidéo hommage. Juste une ligne dans un communiqué. Mais dans les cercles du pouvoir, cette ligne vaut des millions.

Car au-delà de la prolongation des deux dirigeants, c’est la gouvernance entière du Canadien de Montréal qui est redéfinie. Jeff Gorton, président. Kent Hughes, directeur général. Martin St-Louis, entraîneur-chef. Et Geoff Molson, désormais relégué au rôle de propriétaire silencieux, comme la plupart de ses homologues américains.

Dans un marché comme Montréal, où les critiques fusent de toutes parts, surtout du propriétaire d'Ottawa, ce retrait peut être vu comme un aveu d’échec ou un coup de génie. 

Peu importe. Pour ce mardi 14 octobre 2025, une chose est sûre : le Canadien a un nouveau président.

Et son nom est Jeff Gorton...