Larmes dans la chambre: le cri du coeur de Jonathan Drouin à Samuel Montembeault

Larmes dans la chambre: le cri du coeur de Jonathan Drouin à Samuel Montembeault

Par David Garel le 2025-11-19

Le cri du cœur de Jonathan Drouin résonne jusque chez Samuel Montembeault.

Wow. Des paroles reviennent frapper droit au coeur comme si elles avaient été prononcées hier, tellement elles collent à la réalité d’un autre joueur pris dans le tourbillon montréalais.

Aujourd’hui, alors que Samuel Montembeault traverse la période la plus instable, la plus cruel et la plus blessante de sa carrière, les mots de Jonathan Drouin, réapparaissent avec une puissance déconcertante.

Et ces mots, lorsqu’on les relit aujourd’hui, s’adressent directement à Montembeault, même si Drouin ne l’a jamais nommé. C’est comme si Drouin avait décrit exactement ce que vit Montembeault maintenant.

Drouin a tout mis sur la table. Il a dévoilé l’envers du décor d’un joueur trop souvent jugé, rarement compris.

« Ça n’a rien à voir avec la drogue ou l’alcool. Tout au long de l’année, j’ai eu des problèmes d’anxiété et des problèmes d’insomnie. D’ailleurs, ça fait plusieurs années que je deale avec ça. »

Cette phrase-là  aurait pu être prononcée par Montembeault. Les nuits blanches après les huées du Centre Bell. Les mains qui tremblent après un but douteux. L’incapacité de fermer son cerveau dans un marché qui ne pardonne rien.

Drouin poursuit :

« Être confiné dans sa chambre d’hôtel, passer quatre ou cinq jours sans pouvoir sortir, c’est certain que ça n’a pas aidé. Ça a peut-être accéléré le processus. »

Aujourd’hui, pour Montembeault, ce n’est pas un confinement. C’est l’étouffement public. C’est la pression médiatique. C’est l’effet cumulatif de l’instabilité dans le filet, des comparaisons, des insultes sur les réseaux sociaux.

C’est ce moment où il a dit avoir supprimé son Instagram, alors que l’application était toujours active, créant encore plus de bruit autour de lui. C’est ce besoin de respirer dans un environnement qui ne lui laisse plus l’espace mental.

Quand Drouin raconte :

« Quand je suis sorti du warm-up, je n’avais aucune force, tant physique que mentale. C’est là que j’ai pris la décision de me retirer du hockey, de prendre soin de moi et de demander de l’aide pour l’anxiété et l’insomnie. », on ne peut pas s’empêcher de voir Montembeault, fendu en deux par la pression, les épaules voûtées après un autre match où il devient la cible facile.

Ce même Montembeault qui répète qu’il « essaie de ne pas être trop dans sa tête », un avertissement clair que le mental commence à s’effondrer

Drouin a raconté son annonce à Bergevin et Ducharme, cette scène presque intime :

« Il y a eu des larmes… Je venais de frapper un mur. C’était le temps de prendre un pas de recul et de savourer la vie. »

Cette phrase, on dirait qu’elle plane aujourd’hui au-dessus de Montembeault chaque fois qu’il quitte la glace sous les sarcasmes et les moqueries du Centre Bell. Ce mur, il le voit. Il le sent. Il s’en approche.

Et pourtant, comme Drouin, Montembeault tente d’avancer. D’essayer. De prouver qu’il peut encore supporter le poids du chandail.

Mais Montréal peut devenir un broyeur, un amplificateur de douleurs invisibles. Drouin l’avait dit mieux que personne :

« Le soutien de Marc dès la première journée, ça a été A1. C’est la meilleure réponse que je pouvais recevoir. »

Montembeault, lui, n’a pas cette certitude. Kent Hughes n'a pas l'émotion de Marc Bergevin et n'est pas proche de ses joueurs.

Et Martin St-Louis parle peu à ses gardiens. Montembeault n’a pas l’impression d’avoir un rempart autour de lui. Il a l’impression d’être seul, vulnérable... et perdu face à la tempête.

Et surtout, il sait ce que Drouin savait aussi : dans ce marché, la compassion dure moins longtemps que les statistiques.

Lorsque Drouin explique :

« Il y a des matins où je voulais retourner jouer au hockey, mais j’avais pris une décision. Je me suis rapidement senti bien. Mais je savais qu’il y avait plusieurs étapes à franchir… », on pourrait presque y entendre une mise en garde.

Une réalité que Montembeault va devoir accepter : son mental sera mis à rude épreuve. Et même lorsqu’il croira reprendre le contrôle, la saison, les médias, les rumeurs, les réseaux sociaux viendront tester chaque fibre de son coeur.

Plus tard, devenu un homme transformé au Colorado, puis vivant le rêve ultime à New York, Drouin ajoute une série de phrases qui, aujourd’hui, résonnent comme un mode d’emploi pour survivre à Montréal.

« Je suis quelqu’un qui pense tellement au hockey… C’était un de mes problèmes, avec l’anxiété : je n’étais jamais capable d’éteindre mon cerveau. »

Voilà exactement où se trouve Montembeault. Un gardien incapable d’éteindre le bruit. Incapable de séparer son identité du jugement instantané du public.

Drouin a aussi dit :

« Il y a des jours où tu vis avec ça, tu ne peux pas t’en débarrasser à 100 %. Mais maintenant, j’ai plein d’outils pour m’aider moi-même. »

C’est un cri du cœur que Montembeault devrait entendre. Parce qu’en ce moment, il n’a pas ces outils. Il est encore dans la spirale. Encore dans le cycle. Encore dans cette pression qui écrase et qui altère la confiance.

Et quand Drouin parle de la différence entre Denver et Montréal, on aurait dit une analyse de la situation actuelle du gardien du CH :

« Il y a une grosse différence avec ce que c’était à Montréal. »

Une phrase simple, mais qui dit tout. Une phrase qui confirme que ce marché ne fonctionne pas comme les autres. Une phrase qui confirme qu’ici, les émotions sont amplifiées, les critiques sont multipliées, et les blessures invisibles sont souvent ignorées.

Aujourd’hui, en relisant tous ces passages, on voit clair : Jonathan Drouin a laissé derrière lui un manuel complet de ce que vit un joueur fragilisé à Montréal.

Et ce manuel, il correspond exactement à ce que traverse Samuel Montembeault. L’anxiété. L’insomnie. Le poids du public. Les huées. Les erreurs grossies par le marché. Les réseaux sociaux qui explosent. La perception de faiblesse. Le sentiment d’être constamment jugé. La peur d’être remplacé. Le besoin d’air.

Drouin avait conclu avec un message d’amour malgré tout :

« Il y a du fun à jouer à Montréal. Les partisans seront toujours là pour te donner de l’amour et te pousser. »

Ce message-là, pour Montembeault, n’est pas encore prêt à être entendu, parce qu’en ce moment, ce n’est pas de l’amour qu’il ressent. C’est la pression, la colère, la déception. Mais si quelqu’un peut tendre une main empathique vers lui aujourd’hui, c’est Jonathan Drouin. Parce qu’il a vécu l’enfer. Parce qu’il a survécu. Parce qu’il a compris.

Et parce qu’il sait mieux que quiconque que dans ce marché, on peut briser quelqu’un très vite... mais on peut aussi le reconstruire, si on lui donne enfin de l’air.