Jonathan Huberdeau en larmes: le champagne de Kent Hughes

Jonathan Huberdeau en larmes: le champagne de Kent Hughes

Par David Garel le 2025-04-16

C’est un scénario qu’aucun dirigeant ne veut vivre. Un scénario cruel, impitoyable, qui fait mal au cœur, aux jambes et surtout à la fierté. Les Flames de Calgary ont tout donné, tout tenté, tout sacrifié… pour finalement mourir à la porte des séries éliminatoires.

Et pendant que les vestiaires du Saddledome sont noyés dans les larmes, que Jonathan Huberdeau peine à retenir son émotion devant les caméras, à 3600 kilomètres de là, dans les bureaux du Centre Bell, Kent Hughes débouche une bouteille de champagne.

Car pendant que les Flames vivent un véritable cauchemar sportif et organisationnel, le directeur général du Canadien de Montréal vient de remporter la loterie morale de la saison 2024-2025.

Un effort héroïque… pour rien...

Les Flames de Calgary ont été à deux petits points d’une place en séries, avec 15 matchs à disputer. À ce moment-là, tous les scénarios étaient sur la table.

Le vestiaire y croyait. Le coach y croyait. Dustin Wolf se dressait comme un mur. Jonathan Huberdeau livrait enfin le hockey pour lequel il a été payé. La défensive jouait du hockey serré.

Et l’attaque, bien que toujours anémique (30e de la LNH), réussissait à marquer juste assez.

Résultat? Une séquence admirable de 10 victoires, 3 défaites et 2 matchs en prolongation pour clore la saison.

Mais rien n’y a fait.

Car les Blues de St. Louis, eux, ont terminé la saison sur une séquence encore plus spectaculaire de 11-2-3. Un sprint de fin d’année hallucinant qui a relégué Calgary à l’extérieur des séries… par des miettes.

Une poussée héroïque, une saison de 40 victoires, et une élimination apprise dans l’entracte du dernier match, entre la 2e et la 3e période.

Le moment où tout s’est effondré, où les espoirs calgariens ont réellement volé en éclats, est survenu juste vaant l'entracte, dans une séquence absolument crève-cœur.

Les Flames avaient encore une chance de rattraper le Wild du Minnesota au classement. Or, ce dernier tirait de l’arrière 2-1 contre les misérables Ducks d’Anaheim… mais n’avait besoin que d’un seul point pour éliminer Calgary.

Dès que le Wild a égalé le match à 22 secondes de la fin du temps réglementaire, c’était terminé : les Flames étaient condamnés.

Et pour sceller le tout avec émotion, l’entraîneur John Hynes a eu le geste le plus symbolique de la saison, en envoyant Marc-André Fleury devant le filet en prolongation, lui permettant de vivre ses derniers moments dans la LNH dans une victoire.

Fleury a tenu le fort, et ses coéquipiers ont marqué le but gagnant à 18 secondes de la fin de la prolongation. Une victoire poignante, pleine de sens pour le Wild… mais une véritable exécution à distance pour les Flames, qui ont vu leur saison perdre tous ses espoirs sur ce final hollywoodien.

Ajoutons à cela que les Blues venaient d’exploser Utah 6-1, rendant toute remontée complètement illusoire. Pourtant, dans un dernier sursaut d’orgueil, Calgary est revenu de l’arrière contre Vegas et a arraché une victoire en tirs de barrage. Trop peu, trop tard.

Huberdeau a tout laissé sur la glace. Dustin Wolf a volé des matchs. Kadri, Weegar... ont répondu présent. Mais les mathématiques, elle, n’a pas de cœur. Les Flames ne seront pas des séries. Et le pire, c’est que leur choix de première ronde non plus.

Car dans cette saison de douleur et de frustration, il y a un élément qui enfonce le couteau dans la plaie : le choix de première ronde des Flames, qui sera dans le TOP 16, ne leur appartient pas.

Il est maintenant propriété du Canadien de Montréal, grâce à la fameuse transaction de Sean Monahan en 2022.

Rappelons les faits.

À l’été 2022, les Flames tentent de gérer un cap salarial surchargé après avoir acquis Jonathan Huberdeau et MacKenzie Weegar en retour de Matthew Tkachuk.

Pour faire de la place, ils doivent se départir du contrat encombrant de Sean Monahan. Kent Hughes saute sur l’occasion. Il accepte de prendre Monahan, mais exige en retour un choix de première ronde.

Un choix conditionnel, bien sûr. S’il se retrouvait dans le top 10 en 2025, Calgary le conservait. Dans le cas contraire, il allait à Montréal. Et si le choix était protégé, Montréal recevrait à la place celui des Panthers.

Mais voilà. Calgary termine 17e de la LNH. Résultat : le Canadien hérite du 16e choix au total, gratuitement. Sans rien donner. Sans rien perdre. Une victoire sans appel.

Et pour bien appuyer sur la plaie : les Flames n’ont ni fait les séries, ni conservé leur choix. Un cas d’école. Une saison perdue. Une année gaspillée.

Montréal sourit. Calgary s’effondre.

Pendant que les médias albertains hurlent leur rage, que les partisans appellent à une purge complète du haut de la hiérarchie, Kent Hughes regarde les astres s’aligner. Il a réussi à obtenir :

Un Sean Monahan motivé qui a performé au-delà des attentes.

Un second choix de première ronde, celui des Jets, en l’échangeant.

Et maintenant, le 16e choix au total des Flames, gracieuseté d’un échec calgarien monumental.

C’est plus qu’un bon échange. C’est un hold-up en plein jour.

Et ce n’est peut-être pas fini.

La cerise sur le sundae : le CH en séries?

Alors que Calgary vit le désespoir, le Canadien est encore dans la course aux séries. Si le CH réussit à se qualifier – ce qui demeure possible selon les scénarios les plus optimistes –, Kent Hughes aura non seulement gagné un pari sur l’avenir, mais aussi remporté celui du présent.

Un choix dans le top 20 pour un joueur qu’il a payé zéro dollar en actifs? C’est tout simplement une masterclass. Une leçon de gestion de capital.

Une démonstration de ce qu’un directeur général visionnaire peut accomplir quand il prend des risques intelligents.

Et maintenant?

À Calgary, Jonathan Huberdeau avait les larmes aux yeux. Il savait. Il l’a dit. Il a tout donné. Mais il reste prisonnier d’un contrat jusqu’en 2031 à 10,5 millions par saison.

L’avenir est bouché. Kadri vieillit. Weegar ne pourra pas tout porter. Et avec aucun choix de première ronde pour relancer la machine, l’organisation est paralysée.

À Montréal, l’avenir est radieux. Un jeune noyau solide. Un entraîneur respecté. Un directeur général qui joue chaque coup avec une précision chirurgicale. Et maintenant, deux choix de première ronde en 2025.

La différence est sans pitié. Calgary s’écroule. Montréal se relève. Et ce sont les décisions d’un homme qui font toute la différence.

Kent Hughes n’a pas juste débouché une bouteille de champagne. Il l’a sabrée, à grands coups de sabre. Parce qu’au fond, cette saison 2024-2025 pourrait entrer dans l’histoire comme l’année où Montréal a tourné le coin… pendant que Calgary fonçait droit dans le mur.

Un cauchemar en Alberta. Un rêve éveillé au Québec.