Jonathan Marchessault à Montréal: il ne pardonnera jamais à Jean-Charles Lajoie

Jonathan Marchessault à Montréal: il ne pardonnera jamais à Jean-Charles Lajoie

Par Marc-André Dubois le 2025-06-09

Il y a des analyses qui font mal. Il y a des « hot takes » trop chauds pour être pris au sérieux. Et il y a Jean-Charles Lajoie qui, en direct à TVA Sports, a osé ce que personne n’avait osé : traiter Jonathan Marchessault comme un vulgaire fardeau salarial.

Vous avez bien lu.

Dans une envolée typiquement chaotique, entre deux éternuements et trois pirouettes théoriques, Jean-Charles Lajoie a proposé que le Canadien de Montréal expédie les choix #16 et #17 ainsi que le contrat de Marchessault aux Predators de Nashville… pour obtenir le cinquième choix total du prochain repêchage.

Pourquoi? Pour aller chercher Caleb Desnoyers. Rien de moins.

Et comme si ce n’était pas assez insultant, il a carrément justifié l’intérêt de Nashville en disant que le CH allait « avaler » le contrat de Marchessault pour les soulager.

Comme si Jonathan Marchessault, gagnant du Conn Smythe, champion de la Coupe Stanley et leader incontesté, était devenu du jour au lendemain un boulet à larguer à tout prix.

Voir que Barry Trotz, le DG respecté des Predators, accepterait une transaction pareille. Voir que Trotz se laisserait berner par une manigance aussi ridicule. Les réseaux sociaux ne se sont pas fait prier :

« LOL, Marchessault est traité comme du vieux stock à liquider au Costco »,

« Jean-Charles Lajoie, c’est rendu du wishful thinking en boucle »,

« Le gars pense que Marchessault vient avec un coupon rabais pour repêcher Desnoyers ».

Les moqueries ont fusé, les mèmes se sont multipliés. Et au cœur de ce vacarme numérique, un malaise : celui de voir un Québécois manquer autant de respect à l’un des joueurs les plus inspirants de la province.

Jonathan Marchessault, faut-il le rappeler, a porté Vegas sur ses épaules jusqu’à la Coupe. Il a remporté le trophée du joueur le plus utile en séries. Il est devenu un modèle de persévérance. Il n’a jamais été repêché. Il a dû tout gagner par lui-même. Et au lieu de célébrer son parcours, Jean-Charles Lajoie l’a réduit à un obstacle contractuel.

« Marchessault, c’est pas un salary dump, c’est un salary champ », écrivait un partisan. Et c’est exactement ça.

Ce n’est pas qu’un joueur. C’est un symbole. Et Jean-Charles Lajoie a piétiné ce symbole pour essayer de nous vendre un scénario grotesque, sans même prendre le temps d’expliquer pourquoi Nashville ferait ce geste suicidaire.

Il n’a rien dit sur la valeur du cinquième choix. Il n’a pas expliqué pourquoi Trotz échangerait un billet de loterie aussi précieux. Il n’a pas parlé du fait que Nashville est en mode rajeunissement et n’a aucun intérêt pour des choix à la fin du top 20.

Non. Il a préféré se concentrer sur Marchessault, le réduire à un contrat de 5,5M$ par année et faire comme si ce joueur-là ne méritait ni respect ni valeur.

Un manque de mémoire et de dignité

Et ça, c’est sans parler du passé. Car Marchessault, faut-il le rappeler, a déjà refusé Montréal l’été dernier. Il l’a fait parce qu’il voulait protéger ses enfants de la pression des médias, du climat d’intolérance et de la surveillance constante. Il avait dit :

« Je veux que mes enfants grandissent en paix, je veux qu’ils soient heureux. J’ai besoin d’un marché tranquille, loin du chaos. »

Un an plus tard, on comprend que Marchessault est peut-être prêt à pardonner. Qu’il considère peut-être venir finir sa carrière à Montréal. Qu’il ouvre peut-être la porte à un retour. Mais avec ce genre de traitement médiatique, comment peut-il se sentir le bienvenu?

Comment peut-il envisager de revenir, alors que des voix aussi fortes que Lajoie le dépeignent comme un rebut à échanger contre un billet de loterie?

C’est d’autant plus cruel que Marchessault a toujours assumé son amour pour le Québec. Il a dit :

« Je suis né ici. J’ai appris à jouer ici. J’ai grandi ici. Ce n’est pas une décision facile de ne pas signer à Montréal. »

Il n’a jamais craché sur la province. Il n’a jamais fermé la porte. Il a simplement protégé sa famille. Et aujourd’hui, il voit qu’on l’utilise comme une pièce d’échec à sacrifier pour un nouveau jouet, Caleb Desnoyers.

Marchessault mérite des excuses.

Qu’on aime ou non Marchessault, qu’on rêve ou non de Caleb Desnoyers, il y a une ligne qu’on ne franchit pas. Celle du respect.

Et Jean-Charles Lajoie l’a franchie à répétition.

D’abord en laissant entendre que Nashville voulait s’en débarrasser. Ensuite en affirmant que le Canadien pouvait le « prendre » pour « débloquer » une transaction. Et enfin, en insinuant que Marchessault ne valait rien comparé à un espoir de 18 ans qui n’a jamais disputé une seule minute en LNH.

Ce mépris ne passe pas.

Marchessault ne dira rien. Il est trop professionnel pour répondre. Mais tout le monde sait qu’il a vu passer ces clips. Tout le monde sait que son agent l’a vu aussi. Et tout le monde sait que ça pourrait refroidir, voire briser à jamais, une possible idylle entre lui et Montréal.

« Jean-Charles Lajoie vient de fermer la porte à Marchessault pour toujours », écrivait un fan sur X.

« Ce gars-là vient de torpiller la seule chance du CH de faire la paix avec un Québécois vedette. »

Et le pire? C’est que Lajoie continue. Encore ce matin, sur les ondes de TVA Sports, il remettait ça. Encore Desnoyers à Montréal. Encore Marchessault dans le rôle du contrat encombrant. Encore le même refrain :

« Moi, j’ai rien contre Marchessault… mais. »

Mais quoi, exactement?

Mais il n’est pas assez grand?

Mais il est trop cher?

Mais il a dit non l’an passé?

Alors quoi? Il faut le punir?

Il faut le punir d’avoir protégé ses enfants? De ne pas avoir sauté dans la jungle montréalaise quand il en avait l’occasion? Il faut le réduire au silence, l’utiliser comme levier pour une transaction qu’aucun DG sérieux n’accepterait?

Ça suffit.

Lajoie, dans ce cirque, a perdu toute crédibilité. Marchessault n’a pas besoin d’être défendu du bout des lèvres. Il a besoin d’être reconnu pour ce qu’il est : un leader, un vainqueur, un modèle.

Et Desnoyers, aussi bon soit-il, ne mérite pas d’être la pièce centrale d’une transaction aussi irréaliste.

Le Canadien veut Desnoyers? Qu’il paye le vrai prix. Et qu’il laisse Marchessault en dehors de tout ça. Qu’il respecte l’homme, la carrière et les choix de vie derrière le joueur.

Car si Jean-Charles Lajoie a franchi une ligne, c’est à la direction du Canadien de Montréal, maintenant, de ne pas la suivre.