Au Centre Bell, là où les étoiles brillent ou s’éteignent sous la pression des projecteurs montréalais, Jonathan Marchessault a vécu une soirée cauchemardesque.
Sur une séquence qui restera gravée dans les mémoires, c’est son erreur qui a coûté le but gagnant du Canadien de Montréal.
Mais ce n’est pas seulement sur la glace que Marchessault a trébuché.
Dans le vestiaire des Predators de Nashville, après la défaite, il a livré une entrevue incohérente, trahissant un malaise palpable.
Ce moment, à la fois poignant et tragique, est le dernier chapitre d’une saga où l’attaquant québécois semble être devenu le personnage principal d’un récit de chute dramatique.
Recruté par Barry Trotz pour relancer une équipe en quête de succès, Marchessault était censé être l’une des pierres angulaires des Predators.
Son contrat de cinq ans, valant 27,5 millions de dollars, semblait être une récompense logique pour un joueur qui avait mené les Golden Knights de Vegas à leur première Coupe Stanley en 2023.
Mais depuis son arrivée à Nashville, rien ne se passe comme prévu.
Les Predators stagnent dans les bas-fonds du classement, et les tensions internes s’accumulent. Les critiques de Steven Stamkos, insinuant un manque d’éthique de travail parmi les joueurs offensifs, ont particulièrement touché Marchessault :
« Si tu ne marques pas, que fais-tu d’autre pour aider ton équipe? Que peux-tu faire de plus pour aider ton équipe à gagner? »
Ces mots résonnent comme une sentence pour un joueur qui, depuis le début de la saison, peine à justifier son statut de marqueur élite.
Le match contre le Canadien représentait une occasion pour Marchessault de se racheter, mais il n’en fut rien.
Les partisans montréalais, nourris par ses déclarations désobligeantes à l’endroit des fans et de la pression locale, l’ont accueilli avec des huées nourries à chaque fois qu’il touchait la rondelle.
En fin de troisième période, alors que le match était à égalité, Marchessault a commis une bévue inexplicable en zone offensive, offrant sur un plateau d’argent le but gagnant à Jake Evans.
Cette erreur a brisé le sort des Predators, qui subissaient leur sixième défaite consécutive.
Après le match, Jonathan Marchessault s’est présenté devant les journalistes. Habituellement volubile, il s’est cette fois embourbé dans une série de réponses décousues.
Essayant tant bien que mal de partager ses frustrations, il a finalement laissé entrevoir une perte de repères profonde :
« J'avais une ligne pour commencer la game, dans la warm-up, puis là, tu arrives, puis je commence avec une autre personne. Je prends un période, deux ans, puis tu sais, j'ai changé de ligne à peu près trois fois ce soir. »
Ces phrases, à la fois confuses et répétitives, trahissent un joueur perdu, en quête de réponses qu’il ne semble pas trouver.
Alors qu’il cherchait à critiquer les décisions de l’entraîneur Andrew Brunette, Marchessault s’est rapidement ravisé :
« C'est sûr, tu sais, mais en réalité, tu sais, il faut que je me regarde dans le miroir, puis il faut que je donne mon 100 %. Tu sais, c'est ça l’affaire. »
Ce moment d’introspection forcée, bien qu’hésitant, révèle à quel point les critiques externes et internes l’ont affecté.
Steven Stamkos, sans jamais le nommer directement, semble avoir frappé une corde sensible chez Marchessault, qui n’a pas réussi à répliquer sur la glace.
Le malaise de Marchessault dans le vestiaire est l’aboutissement d’une saison où il a souvent été plus prêt à parler qu’à agir.
À force de trop se vanter de son passé glorieux ou de chercher des excuses, il a fini par perdre la confiance de ses coéquipiers et de ses dirigeants.
Ses déclarations passées sur Montréal et le Québec, notamment lorsqu’il avait qualifié la pression médiatique de « peste », résonnent désormais comme un écho vide, un rappel cruel de l’écart entre ses mots et ses actions.
Le match contre Montréal pourrait marquer un tournant non seulement pour les Predators, mais aussi pour Marchessault.
Alors que les rumeurs entourant le futur d’Andrew Brunette se multiplient, l’attaquant québécois semble de plus en plus isolé, à la fois dans son vestiaire et dans sa carrière.
À 33 ans, Jonathan Marchessault est à un moment charnière. S’il continue sur cette voie, il risque de devenir un joueur dont on se souvient davantage pour ses erreurs et ses controverses que pour ses exploits.
Mais s’il parvient à tirer des leçons de cette période difficile, il pourrait encore trouver un moyen de redresser la barre.
Pour l’instant, une chose est sûre : au Centre Bell, sous les huées des partisans montréalais et les regards lourds de jugement de ses coéquipiers, Jonathan Marchessault semble plus seul que jamais.
Et dans ce silence pesant, il ne peut que se demander où tout cela a mal tourné.