C’est maintenant officiel. Jonathan Toews revient dans la LNH… et il le fait chez lui, à Winnipeg.
Le capitaine légendaire des Blackhawks a choisi sa destination, et ce ne sera pas Montréal comme on vous avait prévenu depuis des semaines.
Ce sera le Manitoba. Sa terre natale. Le berceau de son enfance. Un retour aux sources pour un homme qui a tout gagné, tout perdu, et qui aujourd’hui veut simplement retrouver le plaisir de jouer au hockey.
C’est un contrat d’un an. Un engagement sécuritaire, modeste, mais lourd de symboles. Toews aurait pu choisir Montréal. Il parle français. Sa mère est originaire de Sainte-Marie en Beauce.
Il aurait pu reconnecter avec ses racines québécoises, évoluer sous Martin St-Louis, devenir le grand frère d’Ivan Demidov. Mais il a dit non. Trop de pression. Trop de micros. Trop d’intensité. Il a préféré la voie de la tranquillité. Celle de son père, natif du Manitoba. Il rentre chez lui.
À Winnipeg, le marché médiatique est plus calme. Moins intrusif. Moins hystérique. Et c’est ce que Jonathan Toews recherchait plus que tout. Un environnement paisible, respectueux, où il pourra rejouer au hockey pour lui-même. Pour le plaisir. Pour fermer la boucle.
Il faut se rappeler tout ce qu’il a traversé. Une descente aux enfers physique et mentale. Un diagnostic de syndrome de réponse inflammatoire chronique. Des symptômes de COVID longue qui l’ont tenu à l’écart pendant plus d’un an. Une fatigue chronique qui l’empêchait de monter les escaliers. Un homme brisé de l’intérieur. Il avait mis sa carrière sur pause après un dernier match symbolique avec les Blackhawks en avril 2023.
Et puis, il a fui. Loin. Au Costa Rica, pour surfer et guérir son corps. En Inde, pour se reconnecter à lui-même. Il a médité. Il a respiré. Il s’est éloigné de tout ce qui faisait mal. Il a effacé le bruit.
« Je voulais retrouver le plaisir. Retrouver ce que le hockey représentait pour moi quand j’étais enfant », avait-il confié.
C’est dans ce contexte qu’il a repris l’entraînement à Scottsdale, en Arizona, avec le réputé entraîneur Boris Dorozhenko.
Et selon les mots de Dorozhenko, Toews est redevenu ce qu’il a toujours été : un professionnel d’exception.
« Il patine comme un gars qui n’a jamais arrêté. Il a le coup de patin d’un champion. C’est impressionnant », a-t-il déclaré à TVA Sports.
Et pourtant, même dans cet état, même prêt, même motivé… Toews a choisi Winnipeg. Pas le Canadien. Et ce refus, aussi poli soit-il, est un coup dur pour Montréal. Car le fit était parfait. L’histoire était belle. Le rôle était tout trouvé. Mais il a choisi la paix. La discrétion. Il a choisi de fermer la boucle là où tout a commencé.
Jonathan Toews pense exactement comme Jonathan Marchessault. Trop de pression à Montréal. Trop de yeux braqués sur lui. Trop de questions. Trop de médias qui analysent chaque soupir.
Et dans le cas de Toews, ce n’était même pas une question de famille, comme Marchessault. C’était une question de survie mentale. Lui, il n’a pas d’enfants. Ce qu’il fuyait, c’était le bruit. Le feu. La tempête constante qui avale tout à Montréal.
Il en a eu assez à Chicago. Et même guéri, même réénergisé, il a dit non. Il a choisi Winnipeg. Pas parce que c’était plus prestigieux. Pas parce que c’était plus payant. Parce que c’était plus humain. Parce que c’était moins cruel. Parce que c’était vivable.
C’est exactement le cauchemar que Marchessault redoutait. Être piégé à Montréal. Être vu comme un rejet de Nashville, traité comme un salary dump, puis planté en pleine tempête chez les Canadiens, là où la moindre mauvaise passe devient un scandale.
Rappelons que Marchessault n’a jamais caché que Montréal a toujours occupé une place très spéciale dans son cœur, mais il a aussi été transparent face à la réalité :
« L’équipe qui m’intéressait le plus, à part Nashville, c’était Montréal… J’y ai vraiment pensé longtemps… », a-t-il confié avec franchise.
Il ne s’agissait pas d’un rejet, mais d’un dilemme sincère : une ville inspirante, un personnel et une organisation prometteurs… et pourtant, un prix humain et familial qu’il n’était pas prêt à payer.
La pression médiatique et l’environnement intense de Montréal ont pesé lourd dans ses choix, comme il l’a expliqué :
« Je venais une fois par année et je me disais que c’est correct… Il y a tellement de médias et de pression… un joueur offensif… se retrouve rapidement dans des rumeurs d’échange ».
Et plus brutal encore : « Soit tu es un roi, soit tu es un zéro », une réalité sans demi-mesure qui a pesé lourd, tant pour lui que pour sa famille.
Mais ce qui le frappe le plus, c’est sa décision réfléchie en tant que père :
« Ils sont assez vieux pour comprendre tout ça. À l’école, est-ce qu’ils se font écœurer? J'ai pris ma décision pas juste comme joueur de hockey, mais aussi en tant que père ».
Cette phrase résume tout : Marchessault voulait protéger ses enfants de l’agressivité médiatique, du jugement public et de l’attention démesurée.
« À Nashville… mes enfants peuvent mener une vie normale » et à ce moment précis, son choix était clair.
Toews, lui, a eu le luxe de dire non. Parce que personne ne veut jouer à contre-cœur à Montréal. Pas après avoir tout donné ailleurs.
À Winnipeg, il ne sera pas le sauveur. Il ne portera pas l’espoir d’une province entière sur ses épaules. Il jouera pour lui. Pour son père. Pour les amis d’enfance. Pour l’amour du jeu.
Jonathan Toews rentre à la maison. Et tout le Manitoba retient son souffle.