Jordan Harris se tenait là, face à Anthony Martineau de TVA Sports, le cœur lourd de préoccupations qui pesaient sur lui comme des montagnes.

Les rumeurs tournent dans les couloirs : il pourrait être envoyé à Calgary ou ailleurs. Mais pour Harris, Montréal est bien plus qu'une simple ville où jouer au hockey. C'était devenu son chez-lui, son refuge, sa communauté.

On pouvait sentir Harris, un peu désespéré. Il veut que l'on comprenne à quel point Montréal est important pour lui. Il a loué un appartement ici, il a investi du temps et de l'énergie pour s'intégrer à cette communauté. Quitter tout ça, ce serait comme abandonner une partie de lui-même.

«On vient de se louer un appartement!» (crédit: TVA Sports)

«Ça change beaucoup de choses d’avoir un chez-soi. Tu te sens vraiment plus confortable à l’extérieur de l’aréna et ç’a évidemment des impacts positifs partout.»

Le journaliste de TVA Sports prenait conscience de l'ampleur de ce que Harris exprimait. Mais au fond de lui, il sait que les réalités du hockey professionnel sont souvent impitoyables.

Avec la profusion de défenseurs gauchers dans l'alignement et la congestion à la ligne bleue, les chances de Harris de rester à Montréal semblent minces, pour ne pas dire inexistantes.

Harris sait au fond de lui que son échange est inévitable, que ce soit avant vendredi ou lors du repêchage. Peu importe ce qu'il veut, la réalité implacable du hockey professionnel va s'imposer à lui.

Une chose est sûre: cela va lui briser le coeur de quitter Montréal.

«J’adore vivre dans cet univers francophone qu’est Montréal. Je trouve ça fascinant, pour être honnête. Je sais que certains autres joueurs américains diraient probablement des trucs comme: "ah, tout se passe en français à Montréal, c’est difficile. Je n’aime pas ça."

«Moi, je trouve au contraire que ça te force à apprendre, à t’intéresser à autre chose.»

Son cri du coeur a pour but qu'il se rende aux oreilles de Kent Hughes et Jeff Gorton. Harris veut rester au Québec, même si cela veut dire qu'il devienne un défenseur de second ordre avec tout le talent de l'équipe à la ligne bleue.

«J’apprends encore à maîtriser tout ça, mais j’ai appris à essayer de ne réfléchir qu’aux choses sur lesquels j'ai du pouvoir. Je ne peux contrôler ce que Kent et Jeff veulent faire de moi, mais j’ai assurément tout le pouvoir sur la façon dont je gère ma vie d’athlète: mes performances lors des matchs, le temps supplémentaire après les entrainements, mon attitude."

Je pense qu’une fois cette mentalité intégrée en toi, tu vas beaucoup mieux mentalement et tu abordes tes journées avec plus d’aplomb.»

«Depuis mon arrivée ici, j’ai tellement appris sur la culture montréalaise et sur celle des Canadiens de Montréal. C’est maintenant chez moi, ici. Je veux gagner à Montréal.»

Pendant ce temps, les rumeurs enflent à Calgary.  Mais une chose est claire : si les Flames veulent arracher Harris à Montréal, ils devront mettre sur la table une offre bien plus alléchante que celle initialement proposée.

L'offre des Flames, un choix de deuxième ronde tardif, n'a pas séduit Kent Hughes qui n'est pas du genre à céder facilement dans des négociations de transaction, surtout lorsqu'il s'agit de l'avenir de l'un de ses jeunes joueurs.

Les rumeurs affirment que Hughes vise plus haut, cherchant à arracher à Calgary un espoir de qualité en plus d'un choix au repêchage.

Certains murmurent même que Hughes a un œil sur Jakob Pelletier, l'attaquant québécois des Flames. Autrefois considéré comme un espoir de haut niveau, Pelletier a vu sa cote chuter ces derniers temps, relégué au rang d'espoir de bas-étage.

Pourtant, Hughes semble croire en son potentiel, voyant en lui un atout qui pourrait renforcer la profondeur de l'équipe des Canadiens.

Les Flames savent qu'ils devront faire des concessions importantes s'ils veulent s'assurer les services de Harris. Pendant ce temps, à Montréal, tandis que Harris tentae de garder la tête froide au milieu de toute cette agitation.

Au fond, Harris savait que le hockey est une business, un monde où les joueurs étaient souvent traités comme de simples pions sur un échiquier.

Mais malgré tout, il ne peut s'empêcher de ressentir une pointe d'anxiété à l'idée de quitter Montréal, cette ville qui est devenue sa deuxième maison. Les liens qu'il a tissés avec la communauté, avec ses coéquipiers, sont profonds.

Dans les jours à venir, les négociations vont se poursuivre, les rumeurs vont continuer de circuler. Mais une chose reste certaine : quel que soit le dénouement de cette saga, Montréal va se rappeler de Jordan Harris comme d'un homme avec les valeurs à la bonne place, cultivé, attachant et sensible.

Mais en affaires, pas de place pour les émotions...

Votre Voix