José Théodore a lancé une bombe sur les ondes des Amateurs de sports.
« S’il y a un match numéro 7 demain matin, moi, je mets Jacob Fowler devant le filet. »
Fini la diplomatie.
Fini les nuances.
Fini les pincettes pour protéger les égos... et le petit mental fragile de Sam le déchu.
C’est une phrase qui redessine la hiérarchie des gardiens du Canadien en un seul souffle. Le pauvre Monty va passer une nuit blanche en écoutant Théo jacasser dans son dos.
C’est une phrase qui tue le débat technique, qui met fin au ménage à trois, qui place Fowler là où personne n’osait le placer publiquement : devant tout le monde.
Et elle vient d’où ?
D’un homme qui n’a jamais eu peur d’assumer ce qu’il voyait.
D’un ancien gagnant du Vézina.
D’un gardien qui sait reconnaître le moment où un jeune dépasse les autres.
Pendant que La Presse écrivait qu’il serait « normal » de retourner Fowler à Laval pendant le voyage des fêtes en Floride.
Pendant que certains prétendaient que son rappel était temporaire…
Pendant que d’autres encore se demandaient s’il n’était pas trop tôt…
Théodore, lui, a tranché : Fowler est déjà le meilleur.
Pas dans un an.
Pas dans six mois.
Pas « quand il sera prêt ».
Maintenant.
Le plus spectaculaire dans cette histoire, ce n’est pas que Théodore choisisse Fowler.
C’est que ce même Théodore, depuis un an, enterrre littéralement Jakub Dobeš, et qu’il a récemment ajouté Samuel Montembeault à sa liste de victimes argumentatives.
Rappelons-nous :
Il a traité Dobeš comme un enfant qui pleure trop.
Il a ri de lui parce qu’il avait laissé couler quelques larmes en novembre.
Il a mimé des mouchoirs en direct, avec un sourire narquois.
Il a répété encore hier qu’il préfère « mille fois un gardien fâché (Fowler) qu’un gardien qui pleure ».
Il fut aussi l’un des premiers à dire publiquement que Montembeault n’avait pas livré la marchandise, qu’il avait « perdu son net », qu’il n’était plus celui qu’il devait être après sa signature à 3,15M$.
Et là, soudainement, le même homme met Fowler au-dessus des deux.
Très au-dessus.
Ce n’est plus un commentaire. C’est un verdict sans pitié.
Pendant ce temps, dans les pages de La Presse, Guillaume Lefrançois avançait tranquillement qu’envoyer Fowler à Laval pendant le voyage en Floride « ne serait pas la fin du monde ».
Une phrase qui, sous un autre climat, passerait inaperçue.
Mais dans le Montréal d’aujourd’hui, où Fowler vient de livrer un blanchissage, où il a été acclamé comme un prince au Centre Bell, où 21 000 personnes ont crié son nom sans micro…
Cette phrase est devenue ridicule.
Déconnectée.
Aveugle.
Incapable de sentir le moment.
Désynchronisée avec l’émotion du public.
Insultante, même, pour une partie des partisans qui vivent cette histoire avec passion.
Car à Montréal, quand tu entends José Théodore dire :
« Match no 7 demain ? Fowler. », et que tu lis ensuite un journaliste suggérer de l’envoyer faire un tour d’autobus dans la LAH…
Tu comprends que deux univers ne regardent pas le même hockey.
Ce n’est pas seulement son talent.
Ce n’est pas seulement sa technique impeccable.
Ce n’est pas seulement sa maturité.
C’est la vitesse à laquelle il a pris le contrôle du marché le plus exigeant de la LNH.
En quatre matchs :
Il bat Sidney Crosby à son premier départ.
Il signe un blanchissage historique au Centre Bell... encore contre Crosby.
Il absorbe la pression comme un vétéran.
Il transforme un building entier en fan-club personnel.
Il parle comme un pro de 28 ans.
Il ne cherche aucune excuse.
Il a déjà Martin St-Louis dans sa poche, qui dit ouvertement qu’il semble « prêt depuis longtemps ».
Et surtout :
Il a changé la perception interne.
Grâce à lui, Dobeš n’est plus un projet. Montembeault n’est plus un plan. Le ménage à trois n’est plus une option.
Si ce n’était qu’une opinion de plus, personne ne réagirait.
Mais quand le seul ancien gardien moderne du CH qui a vraiment survécu à la pression dit :
« Le duo Fowler–Dobeš est le meilleur depuis le début de la saison. »
« Fowler est mon choix pour un match numéro 7. »
Ça dépasse l’opinion.
Ça devient une déclaration politique.
Et ça enterre définitivement l’idée stupide d’un retour rapide à Laval.
La Presse s’accroche encore à une vieille logique de gestion d’actifs :
Tu renvoies le jeune.
Tu laisses le vétéran reprendre sa place.
Tu fais « comme d’habitude ».
Tu respectes la hiérarchie.
Le problème ?
Fowler n’est plus un jeune.
Il est un phénomène.
Dobeš n’est plus un 2B.
Il est un 2A.
Montembeault n’est plus un no 1. Il est un indésirable.
Et ce n’est pas une chronique de La Presse qui changera la perception populaire, ni la réalité du vestiaire, ni la conviction croissante de Martin St-Louis.
Théodore ne faisait pas que complimenter Fowler. Il signait la fin d’une ère.vUne ère où Montembeault était protégé politiquement, où Dobeš était considéré comme « l’avenir », où Fowler devait « patienter ».
Cette ère est morte hier. Elle a été enterrée par un homme qui connaît mieux que quiconque la psychologie d’un gardien du CH.
Et le message est clair : Jacob Fowler est le gardien qui va soulever la Coupe Stanley à Montréal.
