JUMBO JOE...Va se TAPER une VRAIE DÉPRESSION...

JUMBO JOE...Va se TAPER une VRAIE DÉPRESSION...

Par Marc-André Dubois le 2019-03-07
sharks

- JUMBO JOE..

- Va se TAPER une VRAIE DÉPRESSION...

- Quand la RETRAITE SONNERA..

SAN JOSE | À l’aube de ses 40 ans, après 1550 matchs et un nombre incalculable de séances d’entraînement, Joe Thornton s’amuse toujours autant. Il fallait le voir, mercredi, à l’entraînement des Sharks, acclamer les bons coups de ses coéquipiers et se moquer des ratés de quelques autres pour comprendre la véritable définition de jouer au hockey.

«J’ai encore beaucoup de plaisir à jouer et je me considère chanceux de faire ça pour gagner ma vie. Il n’y a rien à détester lorsque tu joues au hockey ici», a lancé le vétéran de 21 saisons au représentant du Journal de Montréal.

«La clé, c’est d’aborder les journées une à la fois. Je ne veux pas regarder plus loin qu’aujourd’hui», a-t-il ajouté.

Quatrième plus âgé du circuit derrière Matt Cullen, Zdeno Chara et Roberto Luongo, Thornton est le joueur actif comptant le plus de points à sa fiche (1465). En termes de matchs disputés, il n’y a que son ancien coéquipier Patrick Marleau qui le devance avec ses 1641 joutes.

À l’instar de Marleau, Thornton a pratiquement toujours été en mesure d’éviter l’infirmerie. Il n’y a que l’an dernier qu’il a vu sa saison être écourtée, en raison d’une blessure au ligament collatéral médial du genou droit.

«On dit souvent que les blessés sont malchanceux. J’ai tendance à dire le contraire. Ce sont les gars qui ne sont jamais blessés qui ont de la chance», a soutenu Marc-Édouard Vlasic, son coéquipier depuis la saison 2006-2007.

Dans le moule de Jagr

Chanceux ou pas, il faut une volonté de fer pour maintenir un rythme aussi indécent à un âge si avancé. Après tout, plus le corps vieillit, plus il faut mettre d’effort pour le garder en forme.

«Il faut que tu sois dédié à la cause, a reconnu Thornton, père de deux enfants. Quelque part, tu dois également être égoïste. Tu passes tellement de temps à l’aréna que tu mets ta famille de côté un peu. En ajoutant les entraînements estivaux, c’est du 12 mois par année. Ça te prive de beaucoup de choses, mais après ma carrière, il me restera encore beaucoup d’années pour me reprendre.»

S’il y a un entraîneur capable de reconnaître un joueur dédié à la cause, c’est Peter DeBoer. Entraîneur-chef des Sharks depuis quatre ans, DeBoer a déjà eu Jaromir Jagr sous ses ordres avec les Panthers de la Floride. Un autre cheval de trait.

«Sa passion pour le hockey, voilà ce qui le sépare du peloton. Il adore venir à l’aréna. Hier [mardi], c’était une journée de congé. Pourtant, il était ici. Je n’ai jamais vu rien de tel à part chez Jaromir Jagr. Lui aussi aimait être autour du vestiaire, voyager, pratiquer et s’entraîner en gymnase», a-t-il raconté.

Les voyages forment la jeunesse

Il vient un moment au cours d’une carrière où un joueur souhaite mettre la pédale un peu plus douce. Ils ne sont pas rares les joueurs autonomes vieillissants à arrêter leur choix sur une équipe de l’Association de l’Est.

En faisant face à moins de déplacements et moins de variations de fuseau horaire, ils souhaitent ainsi rallonger leur carrière de quelques saisons.

Une idée qui n’a jamais traversé l’esprit de « Jumbo Joe ».

«J’adore voyager. J’adore passer du temps sur la route, souper dans une autre ville, me tenir avec les gars. Il y a tellement longtemps que j’ai joué dans l’Est que j’ai un peu oublié à quoi ça ressemble, a-t-il assuré. Mais les tournées de 10 ou 14 jours, ça ne me dérange plus. Même que maintenant, je les apprécie.»

Efficace malgré un rôle réduit

Thornton a beau assurer ne pas ressentir les effets de ses 21 ans de carrière sur sa vieille carcasse quand il se lève le matin, il a quand même vu son rôle être modifié quelque peu cette saison.

Pour la première fois en près de 20 ans, il a vu son temps de jeu moyen passer sous la barre des 18 minutes (15 min 27 s). Dans les faits, c’est en moyenne une minute de moins à forces égales et deux minutes de moins en supériorité numérique qu’il passe sur la surface de jeu à chaque rencontre.

«Ça ne l’empêche pas d’être très productif, compte tenu de son utilisation. Je pense qu’au cours des 15 derniers matchs, il a presque récolté un point par rencontre [depuis la pause du week-end des étoiles, il a accumulé 13 points en 14 matchs]», a fait remarquer DeBoer.

«Je n’ai même pas eu besoin de m’asseoir avec lui pour lui expliquer. Tout ce qu’il veut, c’est gagner. Si ça veut dire pour lui de jouer un peu moins, il est prêt à le faire», a-t-il ajouté.

À la fin de la saison, Thornton deviendra joueur autonome.

Tentera-t-il sa chance pour une autre campagne ?

«Un jour à la fois. N’oublie pas ce que je t’ai dit», a-t-il répondu, tout sourire derrière sa barbe grisonnante.

À quelques pas de lui, Vlasic : «En tout cas, si on gagne la coupe Stanley et si j’étais à sa place, ce serait bye bye. Il pourrait se retirer au sommet!»