C’est une onde de choc qui a secoué le Québec hockey vendredi soir.
En direct sur les ondes de TVA Sports, Antoine Roussel a lancé ce qui pourrait devenir la rumeur la plus explosive de l’été : pour mettre la main sur un véritable monstre au centre, un géant comme Tage Thompson, le Canadien de Montréal devra sacrifier Juraj Slafkovsky.
Et tout à coup, son été est devenu plus sombre. L’ombre de Buffalo, elle, s’est étalée sur l’avenir du jeune attaquant.
« Il y a quelque chose qui me ramenait toujours vers Buffalo. Quelque chose que j’aime beaucoup, qui fait à peu près 6 et 6, puis il y a un beau 230 livres… Ça ferait mon affaire », a lancé Roussel, sourire en coin, mais très sérieux dans l’intention.
Le message est clair : Tage Thompson est la cible rêvée pour le CH. Un colosse de 6 pieds 6 pouces, capable de marquer 40 buts, de dominer physiquement, de jouer au centre ou à l’aile, et surtout, de compléter à merveille un duo explosif avec Ivan Demidov.
Le genre de pièce que Kent Hughes veut absolument ajouter à son puzzle.
Mais à quel prix?
« Il faudrait que tu te départisses d’un jeune… et écoute… ce serait probablement Slafkovsky. »
BOUM.
Slafkovsky contre Thompson. Monstre pour monstre.
Une phrase qui frappe fort. Une transaction qui semble impensable à première vue, mais qui prend tout son sens quand on regarde l’ensemble du portrait.
Slafkovsky a certes connu une progression cette saison. Il a connu une bonne fin de calendrier régulier. Mais il n’a toujours pas trouvé son identité.
C’est le constat brutal de Roussel :
« Il essaie, il aimerait ça, mais c’est une chose de le faire pendant un ou deux matchs… C’en est une autre de le faire pendant 82 matchs. »
Ce flou identitaire autour de Slaf est inquiétant. À son âge, Tage Thompson était encore perdu à Saint-Louis. Mais depuis son explosion à Buffalo, il est devenu une valeur sûre. Une terre solide. Un vrai centre numéro 1 qui vient de marquer 44 buts et amassé 72 points en 76 matchs après en avoir amassé 29, 47 et 38 buts lors des trois saisons précédentes.
Peut-on en dire autant de Slafkovsky, même après deux ans?
« Je promène encore la patience, mais toutes les options sont sur la table », a laissé tomber Roussel.
Et là réside la vraie bombe.
Parce que cette déclaration, elle vient de Chicoutimi, mais elle résonne jusqu’à Buffalo. Elle envoie un signal clair à la Ligue : le Canadien est prêt à tout pour avancer. Même à échanger celui qu’on surnommait encore il y a un an « notre Tkachuk à nous ».
Sauf que Slafkovsky, ce n’est pas Tkachuk. Et ce n’est pas Thompson non plus.
En fait, c’est peut-être un peu de tout ça… ou de rien de tout ça. Et c’est bien là le problème. Il est encore en construction, tandis que Tage Thompson, lui, est déjà une tour de béton armé.
Un joueur qui, malgré une saison un peu en dents de scie, garde une production constante, un tir foudroyant, un QI hockey supérieur.
Et surtout, un contrat déjà signé à long terme à 7,14 millions $ par année jusqu’en 2030. Pour un joueur de ce calibre, c’est une aubaine.
Moins cher... que Juraj Slafovsky et son 7,6 M$...
Mais les Sabres, eux, n’ont plus de temps à perdre. Ils veulent gagner maintenant. Et ils veulent un monstre en retour. Slafkovsky coche toutes les cases. Jeune, premier choix au total, immense potentiel… et une aura internationale.
Mais le veut-il, ce potentiel? A-t-il le feu sacré?
Parce que dans une transaction aussi grosse, aussi risquée, c’est la motivation qui fait pencher la balance. Et à Buffalo, on est trop habitué de se faire voler. Voilà pourquoi on veut Slafkovsky au minimum dans une transaction pour Thompson.
Buffalo, c’est le cimetière des espoirs qui rebondissent ailleurs. C’est la ville où les grands talents se perdent. Où les rêves deviennent monotones. Où les sourires se fanent dans les hivers sans fin. Slafkovsky ferait des cauchemars à Buffalo.
Et pourtant, ce serait peut-être là le prix à payer pour gagner.
Tage Thompson à Montréal, c’est tout un symbole. C’est l’anti-Slafkovsky. Moins souriant, plus méchant. Moins arrogant, plus tranchant. Un joueur qui, à lui seul, pourrait transformer le top 6 du CH en cauchemar pour les défenses adverses.
« Tu veux aller de l’avant? Il faut engager des joueurs qui sont bons tout de suite », a tranché Roussel.
Et il n’a pas tort.
Le CH n’a plus de temps à perdre. Avec Suzuki, Demidov, Hutson, Guhle, Caufield, Reinbacher si son genou tient, la fenêtre commence à s’ouvrir.
Tage Thompson peut être ce joueur.
Mais la question, elle est cruelle, brutale, et elle ne fait pas l’unanimité : Slafkovsky vaut-il la peine d’attendre? Ou vaut-il mieux frapper maintenant?
Antoine Roussel a ouvert la boîte de Pandore. À Kent Hughes de trancher.
Et à Juraj Slafkovsky de dormir là-dessus… s’il y arrive. Parce que les nuits à Buffalo sont longues, froides, et parfois très, très silencieuses.