Après une défaite amère contre les Penguins, où le Canadien a été inexistant en première période et s'est fait dévorer en troisième, tous les journalistes s’attendaient à voir Martin St-Louis sauter une coche en conférence de presse.
L’occasion parfaite, croyait-on, pour le coach de secouer ses joueurs et leur passer un message fort. Mais non. Martin St-Louis est resté doux comme un agneau, préférant protéger son vestiaire plutôt que d’allumer un feu public.
Pendant que ses joueurs étaient furieux, affichant leur frustration en entrevue, St-Louis, lui, est resté impassible.
Samuel Montembeault était en furie contre lui-même.
«Celui-là, c'est ma faute. Je ne peux pas me faire battre directement comme ça.»
Juraj Slafkovsky a été cinglant.
«Ça fait c... Tu perds le match en raison de tes propres erreurs.»
Kaiden Guhle, visiblement frustré :
«On ne peut pas attendre après une défaite comme celle encaissée à Boston pour être prêts pour le prochain match.»
Et pendant ce temps, Martin St-Louis se montrait indulgent et calme. Pas une seule critique conglante, rien de ce "hard coaching" qu’il avait promis aux partisans. À la place, il a offert une analyse douce et pleine de retenue :
«Un début difficile. Ça a été beaucoup un manque d'exécution. On manquait des passes, on mettait ça dans les patins... La 3e période, on avait de bonnes intentions, mais on a peut-être manqué d'exécution.»
St-Louis a voulu avant tout donner beaucoup d'amour à Brendan Gallagher et son trio.
«Il nous donne du bon hockey.»
St-Louis a aussi voulu donner du gros crédit à Kaiden Guhle.
«Il a une belle constance pour un jeune défenseur. Il se comporte toujours comme un joueur que ça fait longtemps qu'il joue dans la ligue.»
On comprend l'intention. Mais quand on écoute Guhle en furie après le match, on se dit que lui aussi veut que le coach montre de la colère. Il ne veut pas des fleurs. Il veut que son coach réagisse comme un entraîneur de la LNH.
Les joueurs perdent patience... et les journalistes aussi.
Dany Dubé a tout simplement été cinglant après le match :
«Ce soir, le Canadien n'était pas en unité de cinq. Ils ont été découpés.»
Les journalistes présents avaient l’air déconcertés. Ils espéraient que St-Louis réagisse, qu’il montre enfin un peu de cette fermeté attendue.
Le coach a-t-il peur d’être dur avec ses joueurs? On en vient à se demander si son approche douce ne cache pas un manque de confiance ou un malaise à endosser pleinement le rôle de leader intransigeant.
Même quand on lui a demandé ce qui clochait avec le trio de Kirby Dach, St-Louis a offert une réponse hésitante :
«(pause)... Je ne sais pas exactement. Je vais regarder ce match-là encore. On va continuer de voir si c'est un trio qui peut fonctionner.»
À quel moment Martin St-Louis se réveillera-t-il?
Les partisans et les experts s’impatientent. Il devient clair que l'équipe a besoin d'un électrochoc. Les mots doux ne suffiront plus.
Le "hard coaching" promis doit arriver, et vite.
Si St-Louis continue de caresser ses joueurs dans le sens du poil, c’est l’ensemble du vestiaire qui risque de se désolidariser.
Certes, il a des qualités indéniables de communicateur, mais un entraîneur doit aussi savoir frapper du poing sur la table quand l’équipe dérape.
Si les meilleures équipes de la LNH réussissent à exceller, c’est souvent parce qu’elles ont un coach qui n’hésite pas à exiger le meilleur de ses joueurs.
Martin St-Louis doit comprendre que la patience a des limites, et celles des joueurs comme des partisans semblent proches de l’épuisement.
Le match contre les Kings jeudi pourrait bien être un tournant. Il est temps de montrer qu’il est capable d’adopter un ton plus sévère.
Après tout, la douceur, ça va un temps. Mais le hockey, c'est une guerre. Avec un coach doux comme un agneau, on va frapper un mur.