2025 a été l'année de la revanche pour Juraj Slafkovsky... et son amoureuse...
Parce que cette montée en puissance ne surgit pas dans le vide, elle arrive après des mois de soupçons, de rumeurs, de procès publics, de jugements paresseux et d’attaques personnelles déguisées en analyses sportives.
Surtout, sa revanche arrive après une volonté presque maladive de trouver ailleurs que sur la glace une explication à ce qui était, à la base, un processus de développement parfaitement normal pour un joueur de 20 ans plongé dans le marché le plus cruel de la Ligue nationale.
Pendant qu’il apprenait son métier sous un microscope, on a raconté qu’il sortait trop, qu’il se couchait trop tard, qu’il traînait dans le Vieux-Montréal, qu’il passait ses soirées au Flyjin, qu’il était distrait par sa relation, qu’il manquait de rigueur, qu’il était jaloux au point de surveiller sa copine jusqu'à 4 heures du matin, qu’il gérait mal sa carrière, qu’il avait perdu le contrôle, qu’il n’écoutait personne, qu’il avait changé depuis son contrat, qu’il se croyait arrivé avant de l’être réellement.
On a même fini par associer chacune de ses mauvaises présences à un élément de sa vie privée, comme si un revirement en zone neutre devait forcément trouver sa source dans une story Instagram ou dans un nom de bar devenu obsessionnel dans l’imaginaire collectif.
Au cœur de cette tempête, Angélie Bourgeois-Pelletier a été transformée en symbole malgré elle. Ancienne barmaid, mannequin, jeune femme visible, elle est devenue l’angle d’attaque idéal pour tous ceux qui cherchaient une distraction narrative ou une explication simple à un développement qui ne suivait pas la ligne droite fantasmée qu’on exige souvent d’un premier choix au total.
On a insinué qu’elle nuisait à sa récupération, qu’elle l’empêchait de dormir, qu’elle alimentait un mode de vie incompatible avec la haute performance, alors même que les faits contredisaient déjà ce récit, au point où Chantal Machabée a dû intervenir publiquement pour rétablir les faits.
Son, elle ne travaillait plus au Flyjin, non, elle n’était pas responsable du rendement d’un joueur de hockey, non, elle n’était pas sur la glace.
Mais le mal était fait, parce que dans ce marché-ci, une rumeur répétée finit toujours par prendre la forme d’une vérité parallèle.
Et pendant que le débat se déplaçait loin du hockey, Martin St-Louis faisait exactement l’inverse : il ramenait tout au jeu, au processus, à la lecture des situations, à la gestion de l’espace, à la maturation d’un joueur de puissance qui devait apprendre quand frapper, quand protéger la rondelle, quand jouer de finesse ou jouer physique.
Quand tout le monde voulait une réaction émotive, St-Louis offrait une protection méthodique. Quand on exigeait une condamnation publique, il parlait d’évolution. Quand on criait à la distraction, il répétait que les réponses étaient partout sur la glace.
Aujourd’hui, cette patience éclate au visage de ceux qui n’y ont jamais cru. Parce que le Slafkovský qu’on voit depuis plusieurs semaines n’est plus un jeune qui cherche sa place, mais un joueur qui dicte le tempo, qui ralentit le jeu autour de lui, qui utilise enfin son corps comme un train.
En ce moment, Slaf attire les couvertures, libère ses coéquipiers et frappe précisément quand le match a besoin que le train passe sur le corps de ses adversaires.
Avec Ivan Demidov et Oliver Kapanen, il forme le meilleur trio du CH au moment où l'on se parle.
Et c’est là que la revanche de son amoureuse frappe sans prévenir, parce qu’elle oblige à revisiter tout ce qui a été dit. Si Slafkovský était distrait, comment expliquer cette constance nouvelle ?
S’il manquait de discipline, comment justifier cette implication physique accrue, cette lecture plus rapide, cette efficacité dans les moments lourds ?
S’il était influencé négativement par son entourage, comment expliquer qu’il joue présentement le hockey le plus mature et le plus dominant de sa jeune carrière ?
La réponse dérangeante, celle que personne ne voulait entendre il y a quelques mois, c’est que le problème n’était ni sa copine, ni ses sorties, ni sa personnalité, mais l’impatience collective d’un marché incapable d’accepter qu’un joueur de puissance européen ne se développe pas selon un scénario hollywoodien.
Cette séquence est aussi une revanche éclatante pour Martin St-Louis, qui démontre que protéger un joueur ne signifie pas le dorloter ou le chouchouter,mais lui offrir le temps et l’espace nécessaires pour devenir ce qu’il peut être.
En refusant de sacrifier Slafkovský sur la place publique au nom du bruit médiatique, il a envoyé un message clair à son vestiaire : ici, on développe, on ne brûle pas. Et le résultat est là, visible, tangible, incontestable.
Il y aurait peut-être lieu, maintenant, de faire preuve d’un minimum d’humilité collective. De reconnaître que certaines lignes ont été franchies.
Que certaines insinuations n’avaient pas lieu d’être. Qu'Angélie Bourgeois-Pelletier n’a jamais mérité de devenir le paratonnerre des frustrations liées au rendement d’un joueur en apprentissage.
Que Juraj Slafkovský, loin d’être distrait ou perdu, était simplement en train de grandir sous pression.
Parce que la vérité, aujourd’hui, frappe sans détour : Slafkovský ne fuit plus le bruit de Montréal, il l’écrase par son jeu.
Et cette réponse-là, livrée sur la glace, sans conférence de presse, sans justification, sans mise en scène, est la plus cruelle de toutes pour ceux qui ont passé des mois à regarder ailleurs que là où il fallait regarder depuis le début.
Ouch.
